Extrait du livre Capricieuse
Capricieuse de Béatrice Fontanel et Lucile Placin Editions L'étagère du bas
Capricieuse
Au cœur d’une forêt roucoulait une rivière avec, çà et là, quelques étangs miroitants. Mais un beau matin, ce calme bucolique fut brisé tout net : « Aïe ! Ouille ! Ouille ! Crotte ! » dit une voix qui venait de dessous une fougère. C’était une petite fille minuscule, pas plus grande qu’une libellule. Elle était tombée d’un caillou et tenait son pied, en faisant des tas de grimaces.
« Elle est toute dérangée, cette forêt ! Des ronces, des orties, des rochers… pas moyen de circuler ! » Puis elle se mit à pleurnicher… Nul ne savait comment elle était arrivée là, mais on n’entendait qu’elle, même les oiseaux se tenaient cois. Puis Capricieuse (c’était son nom) essaya de se relever pour avancer à cloche-pied. Elle poussa aussitôt des cris, aussi assourdissants que ceux des pies, tant et si bien qu’une tortue, alarmée par ce vacarme, pointa le bout de son nez.
« Viens par là, toi ! » ordonna aussitôt Capricieuse. La tortue s’approcha gentiment, puis la petite fille, sans même demander la permission, l’escalada pour s’installer au sommet de sa carapace. « Pas très confortable… » dit Capricieuse. « Tant pis, allons dans cette direction » ajouta-t-elle en pointant son doigt La tortue s’approcha gentiment, vers la rivière qui scintillait entre les bouleaux.
L’équipage se mit en route. « Ah, la, la ! Mais, tu ne peux pas aller plus vite que ça ?! protesta la petite. Bon alors, je vais faire la sieste, ça passera plus vite », et elle s’endormit. Au bout d’un moment, Capricieuse s’éveilla. Elle s’étira, se retourna et s’écria, furieuse : « On n’a pas fait plus de chemin que ça ?! » La tortue hochait la tête, continuant sa route, impavide. Capricieuse se mit à bouder.
« Mais qu’est-ce que je m’ennuie ! Et puis j’ai vraiment mal aux fesses, attends un peu », dit la petite fille. Elle se laissa glisser au sol et s’en alla ramasser un peu de mousse, pour confectionner un coussin. Le doux reptile hochait toujours la tête et continuait d’avancer du même pas. « Ah, c’est beaucoup mieux ! Mais tu es sûre que tu ne peux pas aller un tout petit peu plus vite ? » susurra-t-elle à la tortue d’une voix enjôleuse.