Extrait du livre Mona aux doigts de miel
Mona aux doigts de miel de Marie Zimmer et Madeleine Pereira aux éditions du Pourquoi pas
Mona aux doigts de miel
Depuis ma rencontre avec Méline, Je ne touche plus terre. Pour un peu, tout comme elle, je pourrais presque battre des ailes Et m’envoler… Ce matin, avec madame Billot notre institutrice, on est en visite chez un drôle de cosmonaute. Combinaison spéciale, gants épais, chapeau avec voile de sécurité qui protège le visage, c’est monsieur Marceau l’apiculteur, qui nous accueille d’un signe de la main. Comme on le connaît tous très bien et qu’il est un peu vieux, on l’appelle Papiculteur. Alors qu’il est sur le point de nous raconter comment il récolte le miel, une toute petite voix murmure à mon oreille : — Le miel, bientôt tu n’en verras plus la couleur ! Tu n’en goûteras plus la saveur. Les hommes nous tuent à petit feu.
Mais… qui vient de parler ? Papiculteur continue d’expliquer : — Saviez-vous que dans la ruche, les abeilles exercent différents métiers ? Moi, ce sont surtout les butineuses qui me plaisent, celles qui papillonnent de fleur en fleur. Et vous les enfants ? Si la magie mettait son grain de sel ou plutôt son grain de pollen dans l’histoire et vous transformait en abeilles, que feriez-vous ? Nettoyeuses, architectes, nourrices, intendantes, gardiennes ou ventileuses ? En fait, rien de tout cela ! Moi, celle que je rêverais d’être, c’est la Reine. Soudain, quelqu’un pousse un cri strident. Tous les regards sont tournés vers moi. — Mona ! Mona ! Fais gaffe ! Y’a une grosse abeille tout près de ton oreille ! Je regarde derrière moi et je la vois ! Énorme ! Monstrueuse ! Une abeille aussi grande que moi ! Je voudrais m’enfuir dare-dare avant qu’elle ne me plante son dard. J’ai beau agiter mes bras de toutes mes forces, je n’arrive pas à voler, je fais du sur place. La grosse abeille se précipite alors et me prend sous son aile : — Ne crains rien Mona, je ne te veux aucun mal. Grimpe sur mon dos. Je n’ai même pas le temps de réaliser ce qu’il se passe. J’ai la tête qui tourne et les oreilles qui bourdonnent. Tête-hélice et oreilles-moteur… l’avion Mona décolle et prend de la hauteur. Tout en bas, les élèves et madame Billot sont aussi petits que des crottes de mouches. — Ne résiste pas Mona ! Laisse-toi porter…