Extrait du livre Qui sont les féministes ?
Qui sont les féministes ? de Julie Guiol et Élodie Perrotin aux éditions du Ricochet
Qui sont les féministes ?
Sommaire Introduction 11 Femmes de tous les pays 17 Combats et engagements féministes 45 Les pionnières militantes 71 Le mouvement de libération des femmes 91 Et maintenant ? 103 Tous féministes 112 Lexique 118 Pour aller plus loin 122
« Le féminisme est une aventure collective, pour les femmes, pour les hommes […]. Une révolution bien en marche. Une vision du monde, un choix. » Virginie Despentes « J’ai décidé d’être désormais une Féministe Africaine Heureuse qui ne déteste pas les hommes, qui aime mettre du brillant à lèvres et des talons hauts pour son plaisir, non pour séduire les hommes. » Chimamanda Ngozi Adichie
Introduction PENSONS un instant à l’humanité comme si nous lui étions étrangers… Comme si l'extraterrestre de la galaxie voisine venait nous observer. Que verrait-il alors ? Des êtres en tous points identiques, bien que… Ce « bien que », ce « presque rien mais quand même » scinde notre humanité en deux et ce depuis toujours. Cet extraterrestre aurait bien du mal à comprendre… Mais pourquoi donc les êtres humains se rangent d’eux-mêmes dans des catégories distinctes qui leur imposent quels vêtements ils doivent porter, avec quels jouets ils doivent s’amuser, et quels métiers ils devront exercer ? Il nous trouverait sûrement légèrement sous-évolués en constatant certains de nos usages : les filles sont censées aimer les paillettes, les papillons, les déguisements de princesses. Elles doivent être douces et calmes, appliquées, ne pas monter aux arbres et faire de la danse, être jolies et plus tard désirables. Les garçons eux se costument en Spider-Man, jouent au foot et aux Lego, ne doivent pas pleurer comme des « femmelettes », et aiment se bagarrer, c’est bien connu.
STÉRÉOTYPES ET LIBERTÉ « Eh bien, oui ! C’est la nature ! » diront certains, argumentant à propos d’un état qu’ils considèrent de fait et qu’ils ne sont sûrement pas prêts à remettre en cause. D’autres prendront le temps d’exposer, qu’enfin bien sûr que non ! Nous n’assignons plus les garçons et les filles à des rôles préétablis dès la naissance, et qu’aujourd’hui Charlotte peut devenir une vaillante pompier et Maxime un merveilleux sage-femme. L’extraterrestre a donc vu juste ! Et cette différence des sexes est un sacré problème. Il faut savoir que cette histoire de filles s’habillant en rose et jouant à la Barbie et de garçons vêtus de bleu qui s’amusent avec des petites voitures, c’est ce qu’on appelle des clichés. Un peu comme les martiens verts finalement, alors qu’en fait, tout le monde sait qu’il y en a aussi des bleu foncé. On a même choisi un terme plus scientifique pour définir ces fameux clichés, il s’agit de stéréotypes, et en l’occurrence de stéréotypes de genre. Au point actuel de notre histoire, ils sont sérieusement remis en question, c’est vrai, mais ce après des millénaires de domination masculine. Le mot n’est pas trop fort parce que les femmes sur cette planète n’ont pas toujours eu la vie facile. On pourrait dire qu’elles étaient des sous-humains dont le but principal était de faire la cuisine et le ménage, de s’occuper des enfants et accessoirement de satisfaire les hommes. Droit de vote, droit de détenir un compte en banque, droit de conduire... une ribambelle de droits ne leur étaient pas accessibles. Et ce n’est que depuis… 150 ans à la louche, que les femmes ont commencé à faire entendre leur droit à l’équité. Certaines d’entre elles, en grande majorité des féministes, ont entrepris de ne plus se laisser faire et de réclamer le même statut que les hommes. Elles ont exigé le droit de s’exprimer en tant que citoyennes, le droit de disposer de leur corps pour en faire autre chose que des enfants, le droit de travailler en dehors du foyer, le droit de faire condamner les violences qui leur sont faites. Le droit non pas d’être des hommes comme les autres, mais bien des humaines comme les autres. Le combat de ces féministes ne fait que commencer, car sur cette terre il y a encore des injustices extrêmes et des inégalités criantes.
Késaco LES STÉRÉOTYPES, C’EST QUOI ? Les stéréotypes renvoient aux croyances concernant des personnes qu’un individu estime appartenir à un groupe autre que le sien. Pour le dire plus simplement il s’agit des « clichés », les idées toutes faites que l’on transmet sans y penser, comme par exemple quand on affirme que les gens du Sud sont toujours en retard, que les citadins sont hautains, ou que toutes les vieilles dames adorent les caniches. Les stéréotypes expriment une forme simpliste de la pensée. Ils représentent en quelque sorte le degré zéro de l’observation. Les stéréotypes sont dangereux, car non seulement ils ont la vie dure, mais ils nous catégorisent dans des rôles et des fonctions, nous enferment dans des représentations. Alors aujourd’hui ? Qui sont ces femmes et ces hommes qui se battent pour réclamer des droits fondamentaux ? Quelles formes prennent leurs combats dans le monde ?
Femmes de tous les pays
LA CONDITION des femmes dans le monde n’est pas la même partout, mais elles sont encore en majorité victimes d’inégalités et leurs droits humains sont bien souvent bafoués. Peu de femmes sont à la tête d’entreprises ou exercent des postes de pouvoir. Elles sont peu représentées en politique et subissent des violences dans tous les pays. La lutte féministe est présente dans toutes les cultures et toutes les nations, comme tous les combats qui visent à la liberté et à l’égalité humaine. A l’école IL NOUS est à tous arrivé au moins une fois de nous réfugier sous notre couette quand le réveil sonne et qu’il est l’heure d’aller à l’école. Une seule envie : celle de rester tranquille et d’envoyer balader les leçons et les devoirs. Pourtant nous savons tous que l’école est une grande chance car elle nous permet de devenir un jour des citoyens éclairés. Cette opportunité n’est pas donnée à tous les enfants sur la planète, et en particulier pour les filles. De nombreuses institutions comme l’UNICEF mènent depuis des années ce combat que représente l’accès à l’éducation des filles. Il est loin d’être gagné puisque 130 millions d’entre elles à travers le monde ne sont pas scolarisées. Et si certaines peuvent suivre des cours jusqu’en primaire, la poursuite de leurs études est bien souvent interrompue pour aider aux travaux agricoles ou pour mariage forcé. Des voix s’élèvent un peu partout pour combattre cette injustice, celle vibrante de Malala Yousafzai n’est pas restée sans écho.