Extrait du livre Robots
Robots de Suzanne Bogeat et Floriane Ricard aux éditions Kilowatt
Robots
Ranger sa chambre… c’est une corvée qui revient encore et toujours. Si seulement l’aspirateur pouvait aussi ranger… Il lui faudrait une caméra pour voir ce qu’il fait, des instructions pour trier et ne pas mélanger figurines et briquettes, un moteur pour bouger, des pinces pour ramasser les objets, et des roues pour aller les déposer au bon endroit. Ce serait un robot aspi-rangeur ! D’ailleurs le mot « robot » vient du tchèque robota, qui signifie « corvée ». En 1921, dans une pièce de théâtre de Karel Čapek, robota désignait un esclave artificiel.
Depuis des siècles, on fabrique des automates qui exploitent les forces de la nature pour se mouvoir et nous aider : par exemple, en Turquie au XIIe siècle, Al-Jazari utilise la force de l’eau, et en Europe, Léonard de Vinci songe à un chevalier mécanique vers 1495. Le premier qui tente de fabriquer cet esclave artificiel qui nous débarrasserait des tâches pénibles, c'est Jacques Vaucanson, aux alentours de 1740. Il invente d'abord des automates musiciens. Mais comment les mettre en mouvement et leur donner de l'énergie alors que ni la pile électrique ni le moteur n'ont été inventés ? Il y travaille avec des médecins et construit un canard mécanique qui picore et semble digérer.
Un autre précurseur, Joseph-Marie Jacquard, met au point vers 1800 un nouveau métier à tisser, qui peut être manœuvré par un seul ouvrier, et non plusieurs. Grâce à des cartons perforés, on donne à la machine une série d’instructions : c’est ce qu’on appelle aujourd’hui un « programme ». En croisant des fils de couleurs différentes, la machine exécute ce programme et peut former des motifs décoratifs ; il suffit de changer de carton pour changer de motif. Grâce à ces machines, Joseph-Marie Jacquard souhaite limiter le travail des enfants. Mais les ouvriers, eux, craignent de perdre leur travail et se révoltent à plusieurs reprises au cours du XIXe siècle.