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Tous en scène !

Tous en scène !

6-8 ans - 62 pages, 11131 mots | 1 heure 22 minutes de lecture | © Fanny Joly Numérik, 2015, pour la 1ère édition - tous droits réservés


Tous en scène !

6-8 ans - 1 heure 22 minutes

Tous en scène !

Veste à paillettes, palmes et casquette ? Nœud papillon ? Monocle ou couronne ? Que l'on soit présentateur télé, maîtresse d’école, fantôme ou princesse… Il faut choisir un rôle ! Attention, silence en coulisses… On frappe les trois coups, le rideau se lève.

"Tous en scène !" vous est proposé à la lecture version illustrée, ou à écouter en version audio racontée par des conteurs et conteuses. En bonus, grâce à notre module de lecture, nous vous proposons pour cette histoire comme pour l’ensemble des contes et histoires une aide à la lecture ainsi que des outils pour une version adaptée aux enfants dyslexiques.
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Extrait du livre Tous en scène !

Tous en scène ! 12 sketches pour apprentis comédiens de Fanny Joly et Louise Cosson chez Fanny Joly Numérik


Tous en scène ! 12 sketches pour apprentis comédiens
Le château de l'oubli
LES PERSONNAGES Agathe : Très belle et pas bête, elle est habillée de guenilles et de chiffons. Elle a les pieds nus.[Saut de retour à la ligne] Brutus : Cruel et coléreux, il porte une couronne, une barbe et des bottes. À sa ceinture sont pendues toutes les clés du château. (Il fera aussi la voix de l’oiseau, en coulisse.) Quand la scène commence, la princesse Agathe, coiffée à la diable et vêtue de haillons, est assise en train d’éplucher des pommes de terre avec un mauvais couteau, sur une table où s’amoncellent des chaussures à cirer, de la vaisselle sale, du linge à repasser ... Agathe : Aïe ! Je me suis encore coupée ! Le roi fait exprès de me donner le couteau le plus émoussé [Saut de retour à la ligne]du château ... Elle se lève en suçant son doigt blessé et marche jusqu’au soupirail où elle se hisse sur la pointe des pieds pour apercevoir un bout de ciel.
Mon Dieu, le soleil est déjà haut ! Brutus ne va pas tarder à venir voir si j’ai fini... Elle jette un coup d’œil au travail qui l’attend sur la table et se rassoit pour continuer son épluchage. Et toutes ces chaussures, quelle horreur ! Chaque jour, il y en a davantage! Ce n’est pas le roi qui salit tout ça : il n’a que deux pieds, comme tout le monde ! Il me fait décrotter les souliers de tous ses soldats, et même de tout le village ! Accablée, la princesse ne peut se retenir de pleurer. Elle sort de sa poche un mouchoir et se tamponne les yeux. J’étais si heureuse chez mes gentils parents ! Où sont-ils maintenant ? Ils doivent me chercher partout. Ils ne peuvent pas se douter que cette vieille brute de roi Brutus m’a enlevée et me tient enfermée ici. Je ne sais même plus combien de jours sont passés depuis que je suis dans ce maudit cachot où je ne vois jamais le soleil... Malheur : voilà Brutus qui arrive ! On entend des pas lourds et des bruits de métal. La porte s’ouvre. C’est le roi Brutus. Barbu, moustachu, chevelu, sa couronne sur la tête et traînant les pieds dans ses grandes bottes, vêtu d’une longue robe de chambre et ceint d’une corde chargée de trousseaux de clefs, il s’approche de la princesse, sourcils froncés. Brutus (l'air menançant) : Alors, petite bonne-à-rien, as-tu fini ton ouvrage du matin ? Agathe : Comment pourrais-je avoir fini en deux heures toute la besogne dont vous m’accablez, Messire ? Dix servantes en pleine santé n’en viendraient pas à bout en une journée ! Brutus : Tais-toi, tête de bois ! Ton malheur ne dépend que de toi ! Il suffit que tu dises un mot, un seul, et tu auras toutes les servantes du château à tes pieds pour faire tes trente-six volontés… Le
mot, c’est oui. Et tu vas me le dire, là, tout de suite: veux-tu m’épouser ? Dis oui ! Agathe : Mais non, voyons ! Je ne vous aimais déjà pas le jour où vous m’avez enlevée, comment pourrais-je changer d’avis maintenant que je connais votre méchanceté ? Brutus : Rrraaahhh ! Maudite gamine, entêtée comme trente-six mulets ! Mais pourquoi, pourquoi, pourquoi est-ce que tu ne veux pas m’épouser ? Agathe : Je vous l’ai déjà dit trente-six fois : j’ai promis mon cœur au prince Jean, si doux, si gentil, si élégant, avec son regard d’ange… Brutus (furieux) : …et son beau cheval blanc ! Je connais ton couplet par cœur. N’ajoute pas un mot ou je t’ajoute le dégraissage de mes friteuses, le nettoyage de mes armures, le rafistolage de mes caleçons et la dératisation à fond ! Agathe : Ça m’est bien égal, je préfère mourir que de renoncer à mon amour pour le prince Jean ! Brutus : Mais, ne me trouves-tu pas beau ? Regarde, j’ai mis ma couronne d’apparat et ma robe de chambre en cachemire pour toi. Agathe : Vous pouvez mettre tous vos bijoux, vous serez toujours plus laid qu’un caillou, qu’un hibou, qu’un chou, qu’un genou, et même qu’un pou! Brutus : Méfie-toi, tu me rends furibard et mes nerfs ne sont pas en bois ! Pour ta peine, tu vas me finir tout ton ouvrage dans le quart d’heure, sinon, gare à toi ! Le roi furieux, s’en va en claquant la porte. À cet instant, on entend un sifflement en provenance du soupirail. Puis une petite voix qui appelle. La voix (off) : Dddrrr, princesse Agathe ! Agathe : Holà ! Qui est là ? Qui m’appelle ?
Agathe se lève et va au soupirail. La voix (off): C’est moi, je suis l’oiseau-coursier. J’ai volé par-dessus les murs pour t’apporter une bonne nouvelle ! Le prince Jean a demandé aux meilleures fées du royaume de préparer un plan pour te sortir d’ici ! J’ai au bout de mon bec un sac. Dans ce sac, tu trouveras un bonbon, un bonnet et une formule magique. Si tu parviens à faire manger à Brutus le bonbon, à lui faire coiffer le bonnet et à lui faire prononcer la formule, il s’endormira pour trois jours et perdra la mémoire pour trois ans ! Tu es prête ? J’ouvre mon bec ! Bonne chance, princesse, et à bientôt ! Le sac atterrit par terre. Agathe le ramasse, l’ouvre. Agathe : Je ne rêve pas. Voilà le bonbon, le bonnet et la formule magique : Aripatara… Elle reste pensive un instant. Mais déjà les lourds pas du roi approchent. Dès qu’il entre, elle s’avance vers lui tout sourire, et lui fait la révérence. Agathe : Coucou, Messire, je vous attendais... Brutus (rogue) : Tu m’attendais, tu as donc fini ? Agathe : Non, pas tout à fait. Mais j’ai beaucoup réfléchi : tout à l’heure, j’ai été méchante… J’aimerais tant me faire pardonner ! Brutus : Te faire pardonner, tu as donc changé d’avis ? Agathe : Non, pas tout à fait. Mais dans ma poche, j’ai retrouvé un petit bonbon de mon pays. On appelle ça un «bonbon de paix». Je voudrais vous l’offrir pour que vous deveniez mon ami… Brutus (s’asseyant, ahuri) : Ton ami, tu veux dire ton mari… Agathe s’assied sur les genoux du roi enjôleuse.
Agathe : Oui, c’est presque tout à fait ça. Ouvrez la bouche et fermez les yeux ! Là… Ça va être merveilleux… Le roi est tellement étonné qu’il se laisse mettre le bonbon dans la bouche. Elle le regarde, ravie. Agathe : C’est vrai que vous êtes rudement beau avec votre couronne du dimanche ! Mais dites, qu’est-ce que je vois ? Elle n’est pas bien astiquée ! Je vais lui donner un coup de chiffon. Brutus : C’est vrai ? Tu me trouves… euh… beau ? Elle lui prend sa couronne et lui enfile aussitôt le bonnet de laine magique. Agathe : Je vous trouve beau comme un dieu ! Et surtout, gardez bien ce bonnet. Je ne veux pas que vous vous enrhumiez, ça abîmerait votre magnifique nez ! Brutus (bâillant) : Magnifique nez ! Quel compliment ! Tu me fais tourner la tête… Agathe : C’est bien simple, il est même plus beau qu’un aripatara, votre nez ! Brutus (bâillant) : Plus beau qu’un quoi ? Agathe : Vous ne savez pas ce que c’est qu’un aripatara, mon roi ? Je n’en reviens pas ! Un aripatara, c’est un gros rat en or qui dort ! Allez ! Répétez après moi… Brutus (bâillant) : Un aripatara, c’est quoi déjà ? C’est… Rrrrrrrr… Et il tombe net, endormi. Aussitôt, Agathe fouille parmi ses clefs, ouvre la porte et s’enfuit. Voix off du conteur : C’est ainsi que le cruel Brutus s’endormit pour trois jours, perdit la mémoire pour trois ans et sa méchanceté pour toujours. Au point qu’il se proposa comme parrain du premier des nombreux enfants de la
princesse Agathe et du prince Jean qui s’étaient mariés entre-temps. Et ils furent très heureux, bien sûr. Quelques conseils Dans cette mini-pièce, les acteurs doivent réussir à faire pleurer les spectateurs au début, puis à les émerveiller et à les faire sourire à la fin. Nous avons confiance dans leur talent ! La voix de l’oiseau sera imitée par Brutus ou par un autre complice caché en coulisse, qui jettera aussi le sac magique. Pour plus de commodité) on ne verra jamais l’oiseau / À la fin, pendant que le conteur parlera en coulisse) Agathe peut se changer en vitesse) mettre une belle robe et passer avec une poussette ou un landau. Elle peut même faire plusieurs passages, en portant un, puis deux, puis trois bébés-poupées. Et s’il y a un autre acteur disponible, il peut se déguiser en prince Jean et accompagner Agathe et les enfants...