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William Adams Le Samouraï des mers

William Adams Le Samouraï des mers

9-12 ans - 23 pages, 3770 mots | 29 minutes de lecture | © Éditions du Jasmin, 2013, pour la 1ère édition - tous droits réservés


William Adams Le Samouraï des mers

9-12 ans - 29 minutes

William Adams Le Samouraï des mers

Japon, XVIIe siècle, époque où les samouraïs dirigent l'Empire d'une main de fer, respectant les sept vertus du Bushido : droiture, courage, bienveillance, politesse, honnêteté, honneur et loyauté.

L'Anglais William Adams est engagé par une compagnie hollandaise. Il navigue vers le continent asiatique et débarque sur les terres d'Extrême-Orient au printemps 1600.

Afin de se faire accepter par les puissants guerriers et intégrer leurs rangs, le fier marin doit se plier à leurs traditions. Un rude combat commence pour lui, car il doit faire reconnaître sa valeur…

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Extrait du livre William Adams Le Samouraï des mers

Cyril FLAUTAT William Adams LE SAMOURAÏ DES MERS Editions du Jasmin


William Adams LE SAMOURAÏ DES MERS
Japon, printemps 1605, dans la province de Sagami. - Anjin-sama ! Anjin-sama ! - Voilàdes heures qu'Ujio chevauche en vain. Le jeune cavalier a beau appeler d'une voix forte, seul le vent lui répond. Les habitants du dernier village traversé hier au soir lui ont pourtant juré que l'homme qu'il cherchait se trouvait encore dans les environs. Parti dès l'aube, le jeune homme n'a croisé depuis qu'un cerf Sika* à la robe fauve tachetée de blanc. L'animal, dérangé par cette apparition soudaine, s'est enfui en quelques bonds dans un bois de pins noirs aux troncs tortueux. C'est la première mission importante que l'on confie à Ujio, il ne doit pas décevoir le shogun*. Son père non plus. C'est une question d'honneur. * Sika : cervidé asiatique qui ressemble au daim, mais légèrement plus petit. * Shogun : au Japon, général en chef titulaire d'une dignité héréditaire qui faisait de lui le détenteur effectif du pouvoir à la place de l'empereur.
Un mouvement au loin. Enfin, il a trouvé celui pour qui il est venu. Marchant tranquillement le long de la grève et contemplant d'un air mélancolique l'océan qui s'étend à perte de vue, l'homme est vêtu à la japonaise : un kimono aux couleurs sobres et des sandales de paille tissée, les zori. Il est grand et solidement bâti. Sa barbe, ses cheveux châtain, ses yeux gris et un teint de peau clair révèlent d'autres origines que celle des habitants du Grand Empire du Japon. Celui que l'on nomme ici Anjin est anglais. Le garçon laisse son cheval aux deux samouraïs qui l'escortent et descend le rejoindre sur la plage en courant. - Anjin-sama ! --Ujio ? Que fais-tu donc ici, jeune samouraï ? Tu vas effrayer tous les pêcheurs du coin à crier ainsi mon nom à tue-tête. Il part d'un grand éclat de rire en voyant la tête déconfite de l'autre. - Tu ne devrais pas te moquer comme ça de moi, Anjin-sama. Le seigneur Tokugawa Ieyasu* vient d'arriver à Edo* et a demandé à te voir aujourd'hui même ! Mon père m'a envoyé à ta recherche sur son ordre. Je suis parti hier après-midi de la capitale et depuis, je chevauche à bride abattue. Nous ne savions pas que tu venais de quitter ton chantier naval et j'ai dû interroger tous les habitants de la région pour retrouver ta trace. L'homme, redevenu plus sérieux, lui répond : "Alors ne faisons plus attendre Sa Seigneurie, mon ami. Partons immédiatement." * Tokugawa Ieyasu : shogun du Grand Empire du Japon de 1603 à1616. * Edo : capitale du Japon au XVIIe siècle.
Engagé auprès de la Rotterdamse Compagnie en tant que maître-pilote*, William Adams de son vrai nom, a quitté la Hollande pendant l'été 1598. Le voyage doit les mener, lui et les autres marins, vers les terres d'Extrême-Orient. A bord du Liefde, ils ont d'abord longé la côte africaine, traversé le détroit de Magellan qui sépare l'océan Atlantique de l'océan Pacifique, pour enfin atteindre les terres du Japon au printemps 1600. Des cinq navires partis ensemble de Rotterdam, seul le Liefde a réussi l'exploit d'arriver intact sur ces rivages lointains. Le prix à payer en fut élevé, peu d'hommes survécurent au voyage. "Quel chemin parcouru depuis ce temps ! "pense Adams en gravissant les marches de bois. Le marin récupère son cheval qui broute des herbes desséchées par le vent chaud et retrouve le jeune homme en compagnie des deux samouraïs. Ils saluent avec respect le nouvel arrivant qui leur répond avec la même politesse. Ils sont au service de Ikeda Terumasa, un grand daimyô* dont Ujio est le fils aîné. D'un bond, le garçon saute sur son cheval avec une aisance remarquable et fait fièrement caracoler sa monture. Il a reçu la dure éducation du samouraï et l'équitation fait partie des nombreux arts martiaux qu'il a appris à maîtriser à la perfection. A l'âge de treize ans, comme tous les autres fils de samouraï, on lui a remis, lors de la cérémonie du Genpuku*, son wakizashi* et le droit de porter le katana*, maintenu fermé par une cordelette. L'arme est redoutable pour des garçons si jeunes et les accidents ne sont pas rares. Aujourd'hui, Ujio est âgé de dix-sept ans, il est fier de pouvoir arborer son grand sabre librement détaché et chevaucher ainsi aux côtés d'Anjin-sama, l'ami et le conseiller du shogun. * Maître-pilote : navigateur. * Daimyô : grand seigneur d'un domaine. * Genpuku : cérémonie auc cours de laquelle le fils d'un samouraï, âgé de treize ans, devient lui-même samouraï. * Wakizashi : sabre court porté avec le katana ; les marchands étaient autorisés à le porter. * Katana : grand sabre que seuls les samouraïs avaient le droit de porter. Il est l'âme du guerrier.
Les cavaliers ont pris la route et traversent des paysages parsemés de rizières, de forêts de pins blancs et de bambouseraies. Il leur faudra plusieurs heures avant d'arriver à Edo. Le navigateur, qui vient de terminer la construction d'un second navire de type occidental pour le shogun, pense que celui-ci souhaite s'entretenir avec lui à ce sujet. Le chantier a été difficile, mais le résultat est à la hauteur de ses espérances : un navire de 120 tonneaux est prêt à naviguer. Le seigneur Tokugawa sera content. Pourtant, les choses commencèrent plutôt mal lorsqu'ils débarquèrent au Japon, lui et ses compagnons, épuisés et affamés par des mois de privations. Ils n'étaient pas les bienvenus pour tout le monde, se souvient Adams...
- Des pirates, ce sont tous des pirates ! Par Dieu, il faut les crucifier ! - vocifère le premier prêtre jésuite portugais qu'il croise sur la plage. Depuis longtemps déjà , les couronnes d'Espagne et du Portugal avaient lié des relations commerciales et religieuses avec le pouvoir japonais. Jaloux de ce privilège, ils ne souhaitaient pas l'arrivée d'autres Occidentaux. En guerre contre l'Angleterre et la Hollande, ils essayent de faire passer le navigateur et ses marins pour des pirates. Adams, qui a pu rencontrer Tokugawa Ieyasu, alors daimyô de Mikawa*, réussit à le convaincre de leurs intentions pacifiques et à les sauver d'une mort certaine. Après un éprouvant séjour passé dans les sombres geôles du château d'Osaka, ils retrouvent leur liberté, mais avec interdiction formelle de quitter le pays. Quant à leur navire, le Liefde, il est confisqué ainsi que toute sa cargaison. * Mikawa : ville située au nord de l'île de Honshu, la plus grande du Japon.