Extrait du livre Gudule part en vacances
Gudule part en vacances de Fanny Joly et Roser Capdevila aux éditions Fanny Joly Numérik
Gudule part en vacances
Je m’appelle Gudule. Je suis assez connue dans le quartier. À la fête de mon école, samedi dernier, c’est moi qui faisais la Reine des Prés. J’avais des pompons sur le haut de la tête, là où j’ai d’habitude une couette. Et des clochettes tout autour de mon tutu. Sans me vanter, c’est fou le succès que j’ai eu…
Pourtant, c’est drôlement difficile de chanter et de danser par cœur comme ça devant tous les gens qu’on connaît : la boulangère, la mère de Marie-Aglaé, Papa, Maman, et surtout Gaston. Le bébé au premier rang avec les bras en l’air : c’est lui, c’est mon petit frère. Je vous en ai déjà parlé, peut-être. Mes copines disent que j’en parle trop. Mais si elles avaient un petit frère comme Gaston, on en reparlerait…
Pendant toute ma danse de Reine des Prés, Gaston a crié comme un putois. Je ne sais pas s’il était jaloux que je sois la vedette ou quoi. Maman a beau dire qu’on ne voyait que moi... Moi, je n’entendais que lui, en tous cas.
En rentrant à la maison, je l’ai assis sur mon coffre à jouets et je lui ai dit : « La fête de l’école de Gudule, c’est le plus beau jour de l’année, parce que tout de suite après, on ferme l’école. Tu as déjà à moitié gâché la fête de l’école. Alors, maintenant, tu vas te calmer, OK ? Parce qu'après la fête de l’école de Gudule, on ferme la maison et on part en vacances. Et Gudule t’interdit de gâcher les vacances de Gudule ! Compris, mon petit gars ? »
Il n’avait pas l’air de tellement comprendre. Les vacances, il ne sait pas ce que c’est, pauvre bébé. Alors pour lui expliquer, j’ai mis mon maillot, mon masque, mes palmes, j’ai gonflé ma bouée et je lui ai montré comment je fais la baleine, la méduse, le pingouin… « Bon, bien sûr, toi tu es trop petit, je lui ai dit. Tu ne pourras jamais faire tout ça. Mais tu pourras regarder Gudule. C’est énorme, déjà. »
Là-dessus, il arraché le bouchon de ma bouée. « Quoi ? j'ai protesté. Gudule se fatigue à t’expliquer les vacances et c’est comme ça que tu dis merci ? » - Merci gâteau ! Moi veux gâteau ! Merci gâteau ! Il s'est mis à répéter. Gâteaux, gâteaux, il ne pense qu’à ça. « Si tu crois que tu vas t’empiffrer de gâteaux avant d’aller te baigner, pas question ! » Il a commencé à grimacer comme quand il va pleurer affreusement. J’ai vite couru chercher des gâteaux pour le stopper.