>   J'ai rétréci la nouvelle
J'ai rétréci la nouvelle

J'ai rétréci la nouvelle

6-8 ans - 20 pages, 2910 mots | 23 minutes de lecture | © Kilowatt, 2024, pour la 1ère édition - tous droits réservés


J'ai rétréci la nouvelle

J'ai rétréci la nouvelle

Aujourd’hui, une nouvelle élève arrive dans la classe d’Élise. Olympe. Mais pour Élise, la rencontre se passe mal : la nouvelle prend la place de sa meilleure amie. Et les choses ne vont pas s’arranger, Élise se sent de plus en plus oppressée, comme envahie par les excellentes réponses et les tenues colorées de la nouvelle. Elle a l’impression que cette dernière prend toute la place. Il est temps d’agir ! Élise fonde un club anti-olympique avec ses amis. Un livre pour se rappeler que les préjugés ont la vie dure, et qu’il suffit parfois de voir au-delà pour mieux vivre ensemble. Cette histoire, écrite avec beaucoup de sensibilité et d’humour, évoque l’insécurité que peuvent provoquer des changements dans le quotidien des plus jeunes… Et la façon de les surmonter !

"J'ai rétréci la nouvelle" vous est proposé à la lecture version illustrée, ou à écouter en version audio racontée par des conteurs et conteuses. En bonus, grâce à notre module de lecture, nous vous proposons pour cette histoire comme pour l’ensemble des contes et histoires une aide à la lecture ainsi que des outils pour une version adaptée aux enfants dyslexiques.
Dans la même collection : Voir plus
Autres livres écrits par Florence Mottot : Voir plus
Enregistrement(s) proposé(s) par storyplay'r

Raconté par Thomas

narration avatar
Ecouter

Extrait du livre J'ai rétréci la nouvelle

J’ai rétréci la nouvelle, écrit par Florence Mottot et illustré par Noelia Dias Iglesias, Aux éditions Kilowatt


Chapitre 1 Ce matin, un grand chambardement a lieu dans notre classe : – Je vous présente Olympe, dit Mme Compas. Elle et ses parents viennent d’emménager dans notre village. Je vous demande de l’accueillir gentiment.
À côté de la maîtresse se tient une fille en jupe et collants jaunes. La fameuse Olympe. C’est un drôle de prénom qui me fait penser aux Jeux Olympiques. Mme Compas désigne une chaise. – Va t’asseoir à la table d’Élise. Élise, c’est moi. Je dois préciser que j’ai déjà une voisine de table, Judith, et qu’échanger Judith, ma meilleure amie depuis la maternelle, contre Olympe, serait la pire des punitions. Je supplie Mme Compas du regard. Mais la maîtresse s’obstine : – C’est l’occasion de séparer deux grandes bavardes ! Judith se lève, rassemble ses affaires en bazar, marmonne un « À plus », puis elle rejoint une autre table. Olympe s’assoit à la place libre. Je fais la moue. Personne ne m’a demandé mon avis. Je détaille la nouvelle.
Elle a des cils papillonnants, une peau de pêche. Une mèche souple retombe joliment sur son épaule. Je balbutie timidement : – Salut. Olympe me fixe droit dans les yeux et rétorque, d’une voix calme, pas du tout impressionnée : – Salut Élise ! Je passe machinalement les doigts dans mes cheveux emmêlés. Histoire d’y mettre de l’ordre. Ma voisine parfaite ne semble pas embêtée d’occuper la place de Judith. Elle tire ses cahiers et sa trousse de son cartable et dispose son matériel sur ma table. Ses cahiers touchent mes affaires. Je repousse sa longue règle et son équerre de son côté. –   Connaissez-vous des animaux qui hibernent ? interroge Mme Compas. Olympe se raidit sur son siège et lève la main. -- Oui ? Elle cite des animaux : la marmotte, le hérisson, le loir… À chaque animal, Mme Compas hoche la tête : – Très bien ! J’imagine Olympe sur un podium avec une médaille d’or et un ruban tricolore autour du cou. Quand la sonnerie retentit, j’entends presque résonner l’hymne national.
Chapitre 2 C’est la récréation. La nouvelle se dirige vers la cour. Sa jupe et ses collants jaunes attirent les regards, comme un gyrophare sur une ambulance. Qui, le premier, se moquera de sa drôle de tenue ? Personne. Certains stoppent leurs activités pour la regarder passer, comme s’ils contemplaient un soleil. D’autres vont lui parler, un groupe de filles l’invite à jouer. Olympe parle fort, appelle déjà mes camarades par leur prénom. Elle n’a rien d’une « nouvelle ». Si encore elle rougissait quand on lui adresse la parole, si encore elle restait seule sous le préau, à regarder ses pieds… J’aurais envie de l’aider ! Je l’aimerais même peut-être un peu… Je retrouve Judith : – Tu ne trouves pas qu’elle prend beaucoup de place, cette Olympe ? Judith est d’accord avec moi. À cause d’elle, nous sommes séparées et elle se retrouve au fond de la classe, à côté d’Éric, un zéro qui copie sur elle. Nous décidons de monter une équipe
anti-olympique. (Qui porte un prénom comme Olympe doit s’attendre à ça !) Pour entrer dans notre clan, il faut : 1. Être élève de notre école depuis au moins un an. 2. Ne pas parler fort et ne pas faire sa cheffe. 3. Aimer les tee-shirts à paillettes (ça, c’est une idée de Judith). Nous regagnons la salle de classe. J’ai l’impression qu’Olympe est plus grande qu’avant la pause. Ou plus large, je ne sais pas. En tout cas, je me sens envahie. J’étends mon bras au milieu de notre table. C’est ma barrière de protection. – Je peux emprunter ta gomme ? demande l’occupante. Sans un mot, je pose ma gomme pile au centre du bureau, sur une ligne imaginaire.
Olympe n’a qu’à se servir elle-même.Le reste de l’après-midi, je l’ignore complètement. J’ai survécu à la première journée. Le soir, quand maman m’interroge, je ne mentionne ni Olympe ni l’équipe anti-olympique. C’est top secret. Je pose plutôt des questions sur le corps : peut-on grandir en quinze minutes ? Peut-on grossir en une matinée d’école ? Maman affiche un air hébété. Comme j’insiste, elle s’impatiente : – Bien sûr que non ! Comme si c’était évident. Moi, je crois que c’est possible. J’ai un exemple qui le prouve : à l’école, Olympe prend sans cesse plus de place. Son corps pousse comme un champignon. Mais maman ignore tout des champignons, vu qu’à son travail, elle a un bureau pour elle seule. Chapitre 3 Le lendemain, ma voisine de table a encore doublé de volume. Je me sens obligée de me faire toute petite sur mon siège, de me recroqueviller, de m’abaisser. J’ai un bout de fesse dans le vide. C’est alors que l’impérieuse, la grande Olympe sort de son cartable un trophée : un bocal en verre dans lequel court une araignée. La bestiole