Extrait du livre Notre cabane
Chapitre 1 Avec les copains, on construit une cabane au fond de mon jardin. Lucien a apporté des planches et des rideaux, Nini des clous et des madeleines et moi le reste. On a commencé dans les rires et pour le moment, on est un peu fatigué. Cela fait déjà une semaine qu'on travaille sans relâche et ce n'est pas si simple de construire une cabane capable de résister aux intempéries. - On fait une pause ? demande Lucien. Alors on s'assoit face à nos quatre planches pendant que Nini, véritable contrôleur des travaux en fait le tour et constate : - J'ai bien l'impression qu'on est loin de notre plan ! - Tu m'étonnes ! En même temps, le plan, c'est le plus facile à faire. Nous l'avons imaginé dans la cour de récréation sur le sol, à la craie puis dans notre carnet spécial "construction de cabane". Trop de portes, trop de fenêtres, trop de gadgets, trop compliqué, trop difficile. Nous sommes de bons architectes mais de piètres ouvriers. - Eh, elle avance bien la niche du chien !
s'exclame ma grande soeur Judith. Il ne manquait plus qu'elle pour nous mettre le moral au plus bas... - Mais c'est pas pour les chiens ! ajoute Nini. - Ah, c'est pour quoi alors ? Ranger les bottes sales ? Les râteaux ? Les poubelles ? - C'est pour t'enfermer à jamais ! et je lui balance de la terre molle et bien humide. Du coup, ça nous a remotivé et on a même poursuivi pendant la nuit, éclairés par les guirlandes de noël que Lucien a trouvées au fond d'une caisse. Ensuite, nous sommes partis nous coucher sans nous laver, en laissant un mot à ma mère pour qu'elle nous réveille à 9 heures.
Chapitre 2 Quand ma mère vient nous réveiller, elle hurle (ça, ce n'est pas prévu dans ce qu'on lui a demandé... Mais il faut toujours qu'elle en rajoute). Elle crie donc, en pointant les chaussures pleines de boue, les draps sales (on n'a pas eu le courage de mettre nos pyjamas) et les restes de sandwichs. - Vous allez me ranger ça rapidement et prendre une douche avant de retourner au fond du jardin. Je voudrais bien lui répondre que cela ne sert à rien de se laver puisque justement nous retournons dans le jardin mais avec ma mère, quand elle est en colère, il vaut mieux faire profil bas. Soudain, j'entends un cri, c'est Nini qui regarde par la fenêtre : - Tom ! Lucien ! Venez voir !! Notre cabane ! J'imagine le pire, Judith l'a transformée en niche ou a mis les planches par terre. Mais on reste tous les trois bouche-bée devant la fenêtre. On aperçoit au fond du jardin une vraie cabane avec un vrai toit et de vraies fenêtres. MAIS on n'a pas le droit d'y aller encore. Il faut d'abord ranger. Lucien prend
ses jumelles et commence à avoir peur : - Imaginez qu'il y ait quelqu'un à l'intérieur ! Un voleur de cabane ? Quelqu'un qui n'a plus de maison et qui veut vivre dans la nôtre ? - Franchement, faut pouvoir venir dans le jardin de Tom, il est cerné par les voisins ! répond Nini - Hum, il y a bien la vieille maison d'à côté. J'ai vu le grand-père regarder par sa fenêtre... - Et pourquoi il aurait fait ça ? Vous croyez qu'il a piégé notre maison ? demande Lucien, inquiet. - Arrête Lucien, on n'est pas dans Hansel et Gretel, on va aller voir de toute façon. Il y aura peut-être un mot à l'intérieur. Chapitre 3 De beaux rideaux cousus, des fenêtres qui s'ouvrent, une table, des tabourets, une porte avec loquet (pour que Judith n'entre pas) et même un "grenier" ! - C'est mieux que dans notre plan ! - Mouais... ça sent le coup fourré, c'est trop beau pour être vrai !
- C'est peut-être ton père, Tom ? - Je ne crois pas. Il n'était déjà pas très content que je lui emprunte ses outils. Alors construire notre cabane en pleine nuit, ce n'est certainement pas lui... Nini me fait des signes, il y a quelqu'un qui nous observe de la fenêtre d'en face mais dès que je me retourne, les rideaux cachent son visage. Lucien me demande : - Tu le connais ce voisin ? La maison est plutôt délabrée, il n'est pas un peu bizarre ? - Peut-être, il s'appelle Vieux-Joé. Il est tout le temps en train de rouspéter après quelqu'un qu'on ne voit pas. - Il est fou ? demande alors Nini. - Pourquoi il nous regarde ? renchérit Lucien. C'est à ce moment que Nini, reine des théories en tout genre nous explique : - Peut-être qu'il s'ennuie, peut-être qu'il est architecte ou ouvrier du bâtiment à la retraite et qu'il a envie de nous aider. Ca existe encore les gens gentils vous savez ? Menés par Nini, nous nous dirigeons vers la maison du Vieux-Joé afin d'éclaircir le mystère de la construction de la cabane. Une drôle de boîte aux lettres défraîchie, un jardin très sauvage avec un amour inconsidéré pour les orties qui poussent partout et enfin une porte en bois sombre. Lucien pousse Nini devant la porte : - Vas-y, c'est ton idée ! Et là, après avoir imaginé un homme impressionnant avec une longue barbe ébouriffée, nous tombons nez-à-nez avec une petite dame aux joues rondes portant une robe à pois : - C'est pour quoi ? Une tombola ? Une vente de charité ? Du chocolat ?