Extrait du livre La légende de Churupira
La légende du Curupira Pascale Vignali Illustrations Justine Cunha dans la collection "L'heure du conte" aux Editions Le Regard Sonore
Il était une fois, au Brésil, la plus vieille forêt du monde… Immense et mystérieuse, elle abrite des milliers d’espèces animales et végétales dont certaines encore inconnues de l’homme. Les indiens Tupi Guarani racontent d’ailleurs qu’un petit être étrange veille sur elle comme sur un trésor… C’est le Curupira. Et gare à ceux qui le contrarient ou qui enfreignent ses lois !
Cuchùi était un petit indien guarani. Il vivait dans une clairière au bord de la grande forêt amazonienne, dans un village de huttes. Vif, curieux, il questionnait sans cesse son grand père Taïta, à propos de mille et une choses. Surtout le Curupira, qui l’intriguait beaucoup…
Ainsi, lorsqu’un orage approchait et que de grands coups sourds résonnaient comme des tambours dans la forêt… CUCHÙI : Taïta, qu’est ce que c’est que ce bruit ? Est-ce que ce sont les toucans qui se battent à coups de bec ? TAÏTA : Non mon petit singe, c’est le Curupira. Il toque aux arbres les plus faibles pour prévenir les animaux qui vivent dedans. Il leur dit : attention le vent va souffler très fort, il faut déménager car votre arbre est trop faible pour résister, il va tomber !
Lorsque de jeunes guerriers rentraient bredouille de la chasse, vexés d’avoir perdu leurs flèches… CUCHÙI : Taïta, pourquoi ont ils l’air si fâché ? Ce n’est pas grave s’ils n’ont rien trouvé, nous avons assez à manger pour tous… TAÏTA : Oui mon petit tatou, tu as raison. Mais ils n’étaient pas partis chasser pour se nourrir, ils voulaient rapporter des plumes d’ara bleu et s’en faire des colliers pour se pavaner dans le village ! Le Curupira ne veut pas qu’on chasse pour le plaisir. Il a chipé les flèches dans leurs carquois et maintenant les voilà obligés d’en fabriquer d’autres… Ce qui leur apprendra à vouloir faire les vaniteux !
Curupira par-ci, Curupira par-là, Cuchùi entendait parler du petit gardien de la forêt tous les jours… Pourtant personne ne l’avait jamais vu ! CUCHÙI : Moi je vais aller le chercher ce Curupira. On verra bien s’il existe vraiment. Et s’il existe, je saurai enfin à quoi il ressemble et je pourrai le dire aux autres !
TAÏTA : Ne fais pas ça mon petit tapir ! Le Curupira a mille tours dans son sac pour semer les plus courageux ! Certains chasseurs ne sont jamais revenus, d’autres sont devenus fous. Des bûcherons qui avaient coupé trop d’arbres sont restés perdus si longtemps dans la forêt qu’ils ne se souvenaient même plus de leur nom lorsqu’ils sont rentrés au village! Personne ne peut trouver le Curupira sauf si c’est lui qui te cherche… Et dans ce cas, gare à toi !