Le joueur de flûte de Hameln

Le joueur de flûte de Hameln

9-12 ans - 22 pages, 1098 mots | 10 minutes de lecture | © Callicéphale, 2010, pour la 1ère édition - tous droits réservés


Le joueur de flûte de Hameln

9-12 ans - 10 minutes

Le joueur de flûte de Hameln

Le roi a envoyé à Hameln son inspecteur pour enquêter sur la disparition de tous les enfants de cette ville de Basse Saxe. L'inspecteur royal interroge l'aubergiste et ce dernier raconte : l'invasion des rats, l'arrivée de l'étranger, le marché conclu avec la ville et comment tous les habitants l'ont bien accueilli et largement récompensé. Tous deux discutent et les images défilent, elles montrent une réalité tout autre : la cupidité et le mépris de toute une ville pour ce joueur de flûte qui finalement les a punis. Ce kamishibaï peut faire l'objet d'une lecture à deux : l'inspecteur du roi et l'aubergiste. Le texte est composé sous forme de dialogue.

"Le joueur de flûte de Hameln" vous est proposé à la lecture version illustrée, ou à écouter en version audio racontée par des conteurs et conteuses. En bonus, grâce à notre module de lecture, nous vous proposons pour cette histoire comme pour l’ensemble des contes et histoires une aide à la lecture ainsi que des outils pour une version adaptée aux enfants dyslexiques.
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Raconté par Jade

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Texte integral du livre Le joueur de flûte de Hameln

INSPECTEUR ROYAL – Aubergiste, donne-moi à boire et raconte-moi tout ! N’oublie aucun détail ! Le bourgmestre m’a dit que tu en savais plus que tout autre sur cette étrange affaire. Et je dois rendre justice au plus vite ! AUBERGISTE – Oui, messire l’inspecteur du roi ! AUBERGISTE – Il faut attraper ce démon qui a emporté nos enfants, messire ! Notre vie n’est déjà pas facile, mais sans nos filles et nos garçons qu’allons-nous devenir ? INSPECTEUR ROYAL – Si tous ont suivi cet homme, aubergiste, pourquoi la petite Gerda est-elle restée en ville ?


AUBERGISTE – Elle est sourde, messire ! Et il fallait bien l’être, croyez-moi, pour échapper au sortilège ! Mais écoutez plutôt.
AUBERGISTE – Comme vous le savez, messire, à Hameln il fait froid depuis plus de deux mois… AUBERGISTE – Aux premières heures de décembre, messire, alors que la glace et la neige avaient recouvert la ville, des milliers de rats ont surgi du fond de la terre ! En quelques jours, il y en avait partout : sur les toits de nos maisons, dans les caves, dans nos cuisines. Ils trottaient en tous sens dans les rues, pillaient nos réserves de grains, se faufilaient jusque sous les draps de nos lits ! Les hommes et nos garçons se sont armés de gourdins pour les frapper, nos femmes ont posé des souricières, versé du poison aux fenêtres et autour des portes, mais ces maudites bêtes étaient si nombreuses que rien ne semblait pouvoir les arrêter !
AUBERGISTE - Et c’est alors qu’il est arrivé. INSPECTEUR ROYAL – L’étranger ? Le bourgmestre m’a dit que tu l’avais hébergé ?
AUBERGISTE – Oui, messire ! Ce diable d’homme s’est présenté à l’auberge le matin du 24 décembre ! À la veille de Noël ! Il était grand et fort, richement vêtu, et il a demandé à souper. AUBERGISTE – J’ai tout de suite vu qu’il avait le mauvais oeil. Il ne semblait pas incommodé par les rats. J’aurais préféré qu’il ne reste pas dans ma modeste auberge. Mon petit Hans l’a servi. INSPECTEUR ROYAL – Le petit Hans ?
AUBERGISTE – Hélas, messire ! Les enfants ne savent pas écouter leurs parents ! INSPECTEUR ROYAL – À qui le dites-vous, aubergiste ! AUBERGISTE – Au lieu de m’aider en cuisine, ce garnement s’est assis à la table pour discuter avec cet étranger ! Sûr que ce démon lui a glissé des fables dans les oreilles !
AUBERGISTE – En début d’après-midi, l’étranger est allé voir le bourgmestre à l’hôtel de ville. AUBERGISTE – Il lui a dit qu’il pouvait, avec sa flûte en bois, nous débarrasser des rats. Mais que pour ce service, il demandait de l’or.
INSPECTEUR ROYAL – Cela, le bourgmestre me l’a déjà dit, aubergiste ! Et je sais qu’il lui a promis cent pièces d’or en récompense.
AUBERGISTE – La nouvelle a fait le tour de la ville plus vite que le vol d’une hirondelle, messire ! Rendez-vous compte : cet étranger nous promettait de vider Hameln de ses rats ! Sans trop y croire, nous l’avons observé derrière les carreaux de nos fenêtres… AUBERGISTE – Il a porté sa flûte à ses lèvres…
AUBERGISTE – … et s’est mis à jouer une musique épouvantable, messire, plus aigre que du vinaigre, plus froide que la neige sur la glace du fleuve Weser, plus tranchante que la lame d’un couteau de boucher ! Comment un son aussi affreux pouvait-il s’échapper d’une petite flûte en bois ? J’en ai encore le sang qui se glace dans mes veines ! INSPECTEUR ROYAL – Et qu’est-il arrivé ? AUBERGISTE – Rien d’autre que ce qu’il avait dit, messire : les rats sont venus jusqu’à lui, comme si sa musique infernale leur commandait de se rassembler !
AUBERGISTE – Il se tenait debout, comme un berger au milieu des rats grouillants… AUBERGISTE – Puis il s’est mis en marche, les rats autour de lui.
AUBERGISTE – Me croirez-vous si je vous dis, qu’une fois montés sur le pont, les rats se sont jetés contre le fleuve gelé ? La glace s’est brisée sous leur poids et tous sont morts noyés ! INSPECTEUR ROYAL – C’est incroyable ! Seul un sorcier est capable de commander ainsi aux animaux !
AUBERGISTE – Un sorcier ? Vous avez bien raison, messire ! Quand il s’en est retourné à l’hôtel de ville, notre bon bourgmestre lui a donné ses cents pièces d’or, comme il l’avait promis. Mais ce maudit sorcier, ce diable d’étranger en a voulu davantage : il a exigé qu’on lui en remette mille, ce que, vous pensez bien, nous n’avions pas dans les caisses du Trésor de la ville ! INSPECTEUR ROYAL – Le misérable ! Cent pièces d’or : n’est-ce pas déjà là une fortune ? Ne pouvait-il s’en contenter ?
AUBERGISTE – Hélas, messire ! Il était si furieux qu’il a quitté la ville en nous maudissant tous. J’ai vu de braves femmes tenter de lui offrir quelques-unes de nos meilleures saucisses de Hameln, mais il les a rejetées avec mépris !
AUBERGISTE – Nous nous sommes alors tous réfugiés dans la cathédrale pour prier Notre Seigneur et faire pénitence.
AUBERGISTE – À la nouvelle année, nous pensions que nos misères étaient enfin derrière nous. Le bourgmestre nous a tous réunis sur la grande place quand nous avons aperçu l’étranger ! AUBERGISTE – Il a porté sa flûte à ses lèvres…
AUBERGISTE – Et là, mon Dieu, il s’est mis à jouer une musique merveilleuse, plus légère qu’un papillon, plus joyeuse que le chant d’un oiseau, plus suave que le plus délicieux des fruits, plus douce que la caresse du vent printanier au petit matin ! C’est comme si, tout d’un coup, le paradis chantait à nos oreilles ! AUBERGISTE – Mais c’est de malheur qu’il s’agissait, messire ! Mes pieds, aussitôt, se sont comme enracinés dans la neige tandis que petit Hans, ses amis, tous les petits garçons et petites filles de Hameln, mains dans la main, s’approchaient joyeusement de l’étranger…
AUBERGISTE – On les a vus, nous les parents, danser autour de lui sans s’arrêter. Et plus il jouait de sa flûte, plus nos enfants tourbillonnaient d’allégresse. Nos pieds refusaient d’avancer, nos bras, nos mains ne voulaient plus se lever ! Nous étions comme paralysés !
AUBERGISTE – Alors il s’est mis en marche, nos enfants sur ses talons. AUBERGISTE – Ah, quel malheur, messire ! Quand nos jambes ont enfin accepté de courir, il était trop tard : la neige et le vent avaient effacé leurs traces ! Nous les avons cherchés nuit et jour dans les montagnes, mais ils avaient bel et bien disparu ! Retrouvez-les, messire ! Retrouvez mon petit Hans et, par la grâce du roi, pendez cet étranger haut et court !
INSPECTEUR ROYAL – Soyez sans crainte, aubergiste ! Je pars de ce pas rechercher vos enfants ! Je suis inspecteur du roi, et je puis vous assurer que, tout sorcier qu’il est, ce joueur de flûte ne m’échappera pas !
On raconte qu’aujourd’hui, les habitants de la ville de Hameln attendent toujours…