Extrait du livre Magnus, le dernier chaman
Magnus, le dernier chaman de Laurent Peyronnet aux éditions Dadoclem
Il faisait nuit depuis longtemps. L’auberge d’Elveseter grouillait de monde, tout le village semblait s’y être réuni. Magnus tournait les yeux de tous côtés dans l’espoir d’accrocher un regard, mais dans la cuisine où il venait de se précipiter et où pourtant tous le connaissaient, personne ne réagit à sa présence. Dressé devant lui, son propre père ne le reconnaissait pas. « Eh bien, lui dit-il brutalement, que faites-vous ici, vieux fou ? Allez, filez au lieu de rester planté là ! Qu’est-ce que vous faites dans ma cuisine ? On ne vous voit jamais sortir de votre cabane au fond des bois et c’est justement aujourd’hui que vous venez faire un tour à l’auberge ! Ah, on peut dire que vous savez choisir votre moment ! Allez oust, du balai ! » Magnus, les bras ouverts, appelait : « Papa, Papa ! » Mais ce n’était pas sa voix qui sortait de sa gorge. C’était tout juste une sorte de chuchotement, à peine un gémissement, comme une feuille d’arbre séchée qu’on écrase sous le pied. Son père l’empoigna par le col. « Il vous faut sortir à présent ! Comment faut-il vous le dire ? Vous me faites perdre patience. Mon fils a disparu et tout le monde ici est mort d’inquiétude. Une bonne fois pour toutes, fichez-moi le camp ! » Magnus se débattait. Il cria de sa minuscule voix éraillée et inaudible : « Papa, Papa, Papa ! », mais son père l’avait soulevé de terre et, sans ménagement, le tendit à son commis de cuisine, un colosse aux poings gros comme des assiettes. « Expulse-le de l’auberge, Bjorn. Ramène-le dans sa forêt et qu’on ne le revoit plus ! » La porte se referma sur Bjorn. Lorsque le père de Magnus fut seul, il s’effondra sur une chaise. Jadis, il avait perdu sa femme dans des conditions similaires à celles qu’il revivait
aujourd’hui. Magnus avait alors un an et perdait sa mère. Elle était partie pour une randonnée dans le Jotunheimen et n’était jamais revenue. On l’avait cherchée partout pendant des jours mais il avait fallu se résigner, la montagne l’avait emportée. Revivre aujourd’hui la même catastrophe avec son fils lui était insupportable. Magnus était tout ce qui lui restait. La nouvelle de la disparition de l’enfant avait fait le tour du village et toutes les personnes valides s’étaient rendues spontanément à l’auberge, prêtes à porter secours. Dans ces régions de forêts profondes, d’à-pics abrupts et de gouffres sombres, quand quelqu’un qui devrait être là n’y est pas, on s’inquiète plus vite qu’ailleurs. La montagne, si belle, se transforme trop souvent en une ogresse qui dévore ses enfants. Dans la cour de l’auberge, Bjorn tenait Magnus fermement dans son énorme pogne tandis que celui-ci donnait des coups de pied et de poing pour tenter de se dégager, mais en vain. Le commis traversa la route, entra dans la forêt, s’y enfonça et, au bout d’un moment, lâcha Magnus comme un vulgaire paquet. « Rentre chez toi ou aide-nous à chercher le gamin. Après tout, tu connais bien la forêt. » Sur ces mots, il fit demi-tour et partit. Assis sur le chemin, Magnus était incapable de comprendre ce qui lui arrivait. Les yeux fixes, il respirait bruyamment et tentait de calmer les battements affolés de son cœur. Machinalement, ses yeux se posèrent sur ses mains. Ses doigts étaient tout recroquevillés et flétris. À côté de lui se trouvait une flaque d’eau. Il pencha son visage au-dessus et c’est seulement à cet instant qu’il découvrit la terrifiante vérité : dans la flaque se reflétait le visage de celui que tous appelaient le vieux fou. Magnus poussa un cri et agrippa ses joues à pleines mains. Dans l’eau, il les vit tenir sa tête ! C’était bien sa tête, il la sentait, mais on lui avait volé son visage ! Son corps aussi avait disparu et, à la place, il se retrouvait dans celui du vieillard qui l’avait recueilli quelques heures plus tôt, en plein cœur de la tempête ! Comment une telle horreur était-elle possible ?
Il se secoua. C’était impossible qu’une chose pareille arrive ! On ne peut pas prendre la place des gens dans la réalité ! Il se souvint alors du rêve qu’il avait fait juste avant de se réveiller après la tempête : il était dans la maison du vieux, au milieu d’une bibliothèque. Le vieux n’était pas là, Magnus n’entendait que sa voix qui faisait trembler les murs tellement elle était forte. « Tu as ouvert les livres Magnus et tu m’as délivré. Maintenant, c’est toi qui prends ma place, c’est toi qui deviens la mémoire... jusqu’à ce qu’à ton tour tu trouves quelqu’un pour te remplacer. Mais, tu le sais bien, personne n’approche de cette maison ! » Magnus comprit alors qu’il devait être encore dans son rêve. Il fallait en sortir et tout rentrerait dans l’ordre. Son père lui avait appris comment s’échapper d’un songe quand il tourne au cauchemar : on se concentre, on court le plus vite possible et ainsi on parvient à se réveiller. Il voulut se relever et courir mais il sentit que ses jambes ne le porteraient pas comme il le fallait. Chaque pas le faisait souffrir, il se traînait comme un vieillard. Vaillamment, il décida de continuer malgré tout. Il avançait péniblement et, bientôt, il remarqua un phénomène étrange. C’était comme s’il ne faisait que passer et repasser toujours au même endroit. Chaque pas semblait accompagné d’un même mouvement de la forêt vers l’avant, rendant toute progression impossible. Derrière chaque arbre il y avait un nouveau, identique, qui apparaissait. Dans l’épaisse nuit, seule la clarté de la lune permettait de distinguer le bout du chemin, inaccessible. Tout autour, cela grinçait, soufflait. Des bruits d’animaux s’éveillant à leur monde nocturne peuplaient l’espace de manière inquiétante. Les grands sapins, sombres et immobiles, l’entouraient comme pour l’emprisonner. Magnus vit au loin une lumière se mouvoir entre les troncs. Puis, un instant plus tard, une deuxième d’un autre côté, une troisième, une quatrième… des dizaines de petites lumières entraient de toute part dans la forêt et se rapprochaient de lui. Il comprit que c’étaient des torches et entendit les villageois crier son nom.
Quel immense soulagement. La voix de son père dominait toutes les autres : « Magnus ! Magnus ! Où es-tu ? Réponds-nous ! – C’est la seule route entre le collège et chez nous, disait son père, il est forcément passé par là. Cherchez partout. Dans le moindre fourré il aurait pu s’allonger, dans chaque crevasse il aurait pu tomber, dans chaque tronc mort il aurait pu se réfugier. La nuit va être glaciale. Nous devons le ramener ! » Magnus voulut courir vers eux, mais il ne le pouvait pas. C’était comme si une force invincible le maintenait sur place, quels que soient ses efforts pour s’arracher à l’endroit où il était. Il s’épuisait, mais n’avançait pas. « Je suis ici ! Ne partez pas ! Je suis ici, je suis ici !!! », criait-il, mais personne ne l’entendait ni ne le voyait. Certains villageois passèrent tout près de lui, le dépassèrent et disparurent dans l’épaisseur des bois. C’était comme s’il était devenu invisible. Il resta seul. Le silence l’enveloppa et ses forces l’abandonnèrent. Il s’arrêta au pied d’un arbre. Ses vieilles mains fripées tremblaient sans qu’il puisse les contrôler. Les sanglots montèrent de sa poitrine. Un flot de larmes coula à travers les sillons creusés sur ses joues ridées comme du vieux parchemin. Son corps se convulsa. Un terrible sentiment de détresse et un chagrin sans fond l’envahirent. Il tomba et se recroquevilla en boule, au pied de l’arbre. Calme-toi et essaye de respirer lentement. Ça ne sert à rien de te mettre dans un état pareil. » Derrière le rideau de larmes qui voilait son regard, Magnus vit que l’arbre au pied duquel il était tombé se penchait doucement vers lui, comme pour le consoler. C’était un grand sapin aux branches longues et larges. Il devait avoir au moins cent ans. Son tronc était très épais. La voix, qui semblait provenir de l’intérieur, résonnait profondément, à la manière des notes d’un violoncelle, provoquant des frissons dans tout le corps de Magnus.
« À quoi bon t’inquiéter ? disait l’arbre, tu vas disparaître et puis voilà, après ça ira mieux. » « Que dites-vous ? balbutia Magnus. – Ah, reprit l’arbre de sa voix de basse profonde, vous autres les humains, vous êtes tous pareils : dès que vos habitudes sont chamboulées, vous perdez toute raison. Ça n’en vaut pas la peine, crois-moi. Regarde autour de toi. Le monde n’est-il pas beau ? Ce que tu crains n’est en réalité pas si terrible... – Chut, l’interrompit une voix aiguë qui venait d’un brin d’herbe à côté de Magnus, tais-toi donc, bougre de bavard ! » Mais l’arbre ne prêta aucune attention à cette interruption. Il continua sur sa lancée. « Les humains se demandent toujours ce qui va leur arriver, c’est une vraie maladie. Crois-tu que moi je me pose ce genre de question ? Non, je laisse les choses se dérouler et je suis le mouvement du temps, comme chacun dans cette forêt. Tu devrais t’endormir. Qui sait ? Quand tu te réveilleras, tu seras peut-être devenu un caillou, ou une bête ou même un arbre comme moi, si tu as de la chance. Et ce sera très bien ainsi parce qu’au fond, il faut quand même le dire, les humains sont une plaie ! » Le brin d’herbe l’interrompit à nouveau : « Mais tu n’as pas fini ?! – Moi, je suis d’accord avec lui ! intervint une chouette harfang, perchée sur une branche de l’arbre. Ces humains ne nous causent que des ennuis. C’est une espèce de nuisibles, une forme d’existence qui ne devrait constituer, au mieux, qu’un très court passage tout à fait transitoire et parfaitement inutile... si vous voulez mon avis. – Mais enfin, vous allez vous taire tous les deux ?! Et non, on ne veut pas votre avis ! » s’énerva le brin d’herbe. Magnus sentait une immense fatigue s’insinuer en lui. L’arbre reprit tout aussi calmement, s’adressant cette fois au brin d’herbe. « Eh bien, quoi, c’est vrai, non ? Regarde-le, il n’est pas équipé pour durer. Il peut à peine marcher. Il ne voit pas plus loin que le bout de son nez. Il ne peut pas du tout voler. Ses membres sont chétifs et n’ont aucune souplesse. Il ne sait pas se métamorphoser, ni sentir les
odeurs et il est sourd à tout langage qui n’est pas le sien. À quoi peut bien lui servir sa pauvre carcasse ? D’ailleurs, je me demande pourquoi je te parle, conclut-il avec pitié à l’attention de Magnus. Je ne sais même pas si tu m’entends. Tu m’entends ? » Magnus sentait qu’il commençait à glisser loin de lui-même. Il ouvrit la bouche et murmura : « Je veux rentrer à la maison. Je n’ai rien fait de mal. – Détends-toi, répondit l’arbre. C’est seulement parce que tu y penses que ça t’inquiète. Laisse-toi aller. Là où tu vas, rien de tout ça ne compte. Seul importe le temps qui passe. Oublie ce que tu as été pour pouvoir devenir autre chose. – Arrête ! s’exclama, cette fois avec colère, le brin d’herbe. Tu vas beaucoup trop loin ! Pourquoi insistes-tu tant ? Tu veux le faire traverser ou quoi ? Il n’en est absolument pas capable. Tu l’as dit toi-même, il n’a aucune résistance et ses sens sont pathétiquement éteints. À quoi bon lui faire du mal ? Si tu continues, il va vouloir passer de l’autre côté. Et qu’adviendra-t-il alors ? Y as-tu pensé ? N’as-tu jamais vu de ces idiots illuminés qui errent sur les chemins ? Veux-tu mettre un fou de plus sur la surface de la Terre ? Un de ces benêts dont les congénères se moquent et qui ne nous inspirent que pitié. À quoi cela servirait-il ? » La chouette harfang intervint alors, du haut de sa branche : « C’est vrai, vos paroles sont pure sagesse. » Puis, s’adressant à l’arbre sur lequel elle était perchée, elle poursuivit : « Mon ami, nous devrions nous occuper de nos affaires. Si on le pousse là d’où il vient, il se tiendra tranquille sans s’occuper de ce qui ne le regarde pas. Ce sera bien mieux ainsi. Allez, aide-moi, fais-le rouler avec tes racines. » Magnus sentit qu’il tournait sur lui-même en entamant une chute sans fin, comme tombant dans un puits. D’un coup, il fit complètement noir et il ne s’inquiéta plus du poids de la vie. À son réveil, le soleil brillait sur la forêt. Devant lui se trouvait la cabane du vieux
qui l’avait recueilli lors de la tempête. Ainsi, c’était là qu’il échouait à nouveau ! La mémoire lui revenait par bribes. Il se leva, poussa la porte et entra. Il n’y avait personne. Rien n’avait bougé dans la chaumière, tout était exactement comme il l’avait laissé quelques heures plus tôt. Il fit quelques pas dans la pièce silencieuse. Les rayons du soleil éclairaient le mobilier d’une lumière chaude et vaporeuse. Sur les étagères, Magnus regarda les étranges objets qu’il n’avait fait qu’apercevoir lors de sa précédente visite. Il reconnut le sextant sur la cheminée, mais il y avait aussi tout un tas d’autres choses : une longue vue accrochée au mur, un encrier d’argent et une plume posés sur une table. Il trouva aussi des pièces de monnaie dans une bourse ouverte. Il en sortit une poignée. Elles semblaient provenir d’un temps très ancien. Il découvrit également des morceaux d’os sculptés qui représentaient des animaux : un ours, des phoques, quelques perdrix des neiges. Près de la cheminée, il retrouva le fauteuil dans lequel il s’était endormi pendant que le vieux lui racontait des histoires. Son regard fit encore une fois le tour de la pièce et s’arrêta sur une grande carte des océans accrochée au mur. Il se souvenait vaguement de cette carte. Il approcha instinctivement la main et caressa du bout du doigt le dessin d’une baleine. Le bois du cadre grinça, le mur coulissa et une nouvelle pièce apparut, c’était une magnifique bibliothèque. Une surprise l’y attendait. « Oh, Magnus ! », s’écria une voix qui venait d’un bureau orné de têtes grimaçantes sculptées dans l’épaisseur du bois. Magnus regarda dans cette direction et vit un troll portant un bonnet rouge informe et tout rapiécé, une veste verte et des chaussures aux bouts relevés, à la mode lapone. Il devait mesurer dans les vingt centimètres. Debout sur le bureau, il était en train de chercher quelque chose dans le fatras de feuilles, de plumes et de livres qu’avait laissé le vieux. Lorsque Magnus entra dans la bibliothèque, il s’immobilisa, la main encore agrippée à un parchemin et son regard s’illumina.
« Cher jeune passeur ! Quelle bonne surprise ! Je suis heureux de ton retour ! » Magnus se souvint alors des rêves qu’il avait faits dans cette maison pendant la tempête. Lors de ces rêves, il était entré dans cette bibliothèque. Il en avait ouvert les livres, des livres qui l’avaient aspiré à l’intérieur d’eux-mêmes, lui faisant remonter le temps jusqu’en des époques et des lieux très lointains. Il se souvint aussi d’un troll qui l’accompagnait dans ces voyages et qui ressemblait trait pour trait à celui-ci. Même son nom lui revint en mémoire. Il dit en hésitant : « Rognetide ? » Le troll hocha la tête et leva les sourcils comme pour dire « Oui c’est moi, qui d’autre veux-tu que ce soit ? » Magnus reprit : « Je croyais que vous n’existiez que dans les livres... dans le rêve. – Oh Magnus, sursauta le troll, tu ne vas pas me vouvoyer maintenant. Je t’en prie, nous sommes amis, l’aurais-tu oublié ? Eh oui, bien sûr que j’existe dans les livres. Je te rappelle que je vis par et pour les livres, jeune passeur, et ici, vois-tu, je suis en excellente compagnie. C’est incroyable les trésors que recèle cette bibliothèque, mais bon, là, pour l’instant, je recherche un document très important et, bien sûr, c’est chaque fois pareil, on trouve tout, sauf ce que l’on veut ! » Rognetide avait recommencé à fouiner sur le bureau. Magnus l’interrompit : « Comment savez-vous, pardon, comment sais-tu que je suis Magnus ?! » Le troll se retourna. « Parce que je te connais voyons, quelle question ! – Mais je n’ai plus du tout mon apparence normale. – Oui, c’est vrai, admit le troll, tu as pris l’apparence du vieux grigou qui habitait ici avant toi, mais à part ça, je te reconnais bien et je te le redis, ça me fait très plaisir que tu sois là. » Magnus n’en revenait pas que le troll prenne la situation à la légère. Il insista : « Mais enfin, ce qui m’arrive est abominable ! Je suis prisonnier dans le corps du vieux,
c’est absolument horrible, et toi tu trouves ça normal ! » Tandis qu’il parlait, il sentait la colère l’envahir. D’une voix qui gonflait comme arrive une tempête il lâcha tout ce qui l’oppressait depuis des heures. « Mon propre père ne me reconnaît plus, il m’a chassé de chez nous. Plus personne ne trouve Magnus alors que je suis là, tout près ! J’ai disparu à mes propres yeux, je suis dans le corps d’un autre, un autre qui est vieux et que tout le monde prend pour un fou. C’est un vrai cauchemar ! Je veux retrouver mon père, mes copains, ma maison. Je ne veux pas rester comme ça ! » Il cria ces derniers mots et fondit en larmes. Rognetide lâcha alors ce qu’il tenait, s’approcha tout près de Magnus et posa sa minuscule main sur la sienne. « Je suis désolé, dit-il, je ne voulais pas te blesser. Je vois les choses différemment de toi et je ne me suis pas rendu compte de ce que tu éprouvais. Je te prie de m’excuser. » Il y eut un silence puis Magnus supplia d’une voix sourde : « Aide-moi, Rognetide. – Je suis à tes côtés, Magnus. Tant que je serais là, tu n’auras rien à craindre, je t’en donne ma parole ! – Que m’arrive-t-il ? » Le troll se gratta la tête : « Hum, grommela-t-il. Il serait très long et infiniment compliqué d’essayer de dénouer à ton intention les fils complexes du destin, mais pour résumer la situation, sache que tu vis quelque chose de formidable, même si tu ne t’en rends pas compte. – Comment ça ?! » s’exclama Magnus, indigné. – Eh bien, répondit le troll, tu as acquis, grâce à cette bibliothèque qui nous entoure, le pouvoir de voyager à travers le temps, l’espace et l’histoire. Te rends-tu compte de la chance que cela représente ? – Tu crois vraiment que c’est une chance ? s’énerva Magnus. Tu oublies que je suis prisonnier dans ce corps horrible de vieillard. Je veux redevenir moi-même, c’est tout ce que je demande ! »