Extrait du livre Aslak et les aurores boréales
Aslak et les aurores boréales de Laurent Peyronnet et Rebecca Romeo aux éditions Dadoclem
Aslak et les aurores boréales
L’hiver était arrivé en Laponie. Il avait recouvert les forêts, les vallées et les lacs d’une épaisse couche de neige qui resterait jusqu’au printemps. Ce soir-là, il faisait terriblement froid. Le vent du nord soufflait de toutes ses forces sur la taïga, faisant plier les sapins et craquer les bouleaux. Dans la kotta, Aslak et ses parents se tenaient bien au chaud près du feu. Ils se racontaient des histoires, des contes et des légendes. Peu à peu, les yeux d’Aslak se fermèrent, et le petit garçon s’endormit, emmitouflé sous d’épaisses peaux de rennes.
Lorsque le jour revint, le vent avait tellement soufflé qu’il avait chassé tous les nuages. Aslak sortit en courant pour jouer dans la neige. Un grand soleil brillait dans le ciel. Aslak se lança de toutes ses forces sur le flanc de la colline et roula jusqu’en bas en riant. Soudain, il vit une petite tache noire sur la neige. Cela ressemblait à une touffe de poils. Il prit la touffe entre ses doigts, tira dessus, et sortit de la neige une hermine toute gelée. Le petit animal avait l’habitude de jouer à cache-cache avec Aslak.
Aslak courut jusqu’à la kotta et entra en criant : « Maman, papa, au secours ! Aidezmoi ! Mon amie a eu un accident ! » Le papa d’Aslak regarda la petite hermine et dit d’un air triste : « Elle s’est fait prendre dans la tempête. Elle est restée trop longtemps dans le froid, la chaleur a quitté tout son corps. » « Il faut qu’elle revienne ! » s’écria Aslak. Sa maman répondit : « Hélas, le froid l’a emportée, et on ne peut rien contre cela. Le monde où ton amie se trouve à présent n’a plus de liens avec le nôtre. Il n’y a que le Stallo qui soit en mesure de passer du monde de la chaleur au monde du froid, lui seul pourrait ramener ton amie ; nous autres, les humains, n’avons pas ce pouvoir. » « Et où est-il, ce Stallo ? » demanda Aslak. « Le Stallo va et vient dans l’immense taïga, il est insaisissable », lui expliqua sa mère. « Eh bien, moi, je vais le trouver pour qu’il me rende mon amie ! » Il installa la petite hermine sur un lit de paille au fond de son sac, vissa son bonnet sur sa tête et partit à l’aventure. Ses parents le regardèrent s’en aller en se disant qu’il reviendrait bien vite pour soigner son chagrin dans un gros câlin.
Aslak quitta la clairière et s’enfonça dans la taïga. Ses pas crissaient dans la neige fraîche. Lorsqu’il se fut éloigné du campement au point de ne plus voir la fumée de la kotta, il s’arrêta et regarda autour de lui. Allongé sur une pierre, Albbas, le lynx, se dorait au soleil. « Où vas-tu comme ça ? Tu as la mine bien grave », dit le lynx. « Mon amie a été emportée par le froid, et je pars à la recherche du Stallo pour qu’il lui rende sa chaleur. Est-ce que tu sais où le trouver ? » demanda Aslak.