Extrait du livre Mangefesses
Mangefesses De Jean-Sébastien Blanck et Sophie Hérout Editions Alzabane
Jean-Sébastien Blanck Né en 1970, ancien journaliste en presse quotidienne, Jean-Sébastien Blanck invente et écrit des histoires depuis l'âge de 11 ans. Il a créé Alzabane éditions en 2007 pour laquelle il a publié une vingtaine de contes, mais aussi des romans d'aventure illustrés et des adaptations de grandes œuvres comiques telles que Gargantua et Don Quichotte. Plusieurs de ses livres ont remporté des prix de littérature jeunesse et ont été traduits à l'étranger. Sophie Hérout «Sofi », de son vrai nom Sophie Hérout, est illustratrice pour la jeunesse depuis de nombreuses années. Elle s'inspire beaucoup, et avec humour, du monde animalier. Autodidacte, elle a illustré des ouvrages pour un grand nombre de maisons d'éditions et pour des tranches d'âges très différentes. Elle réalise régulièrement des interventions scolaires. Avec Mangefesses, Sofi signe sa première collaboration pour Alzabane éditions. Elle réside dans la Manche.
À ma fille Gabrielle, qui n'a jamais eu peur de Mangefesses, mais a fini par prendre son bain...
Chapitre 1 GARE AU LOUP !
Lorsque j'étais petite, enfin disons...lorsque j'étais enfant, je refusais toujours d'aller prendre mon bain. Mes parents avaient beau crier : « Va-pren-dre-ton-bain ! », je retardais toujours ce moment le plus possible... J'espérais qu'ils finissent par m'oublier, moi et leur fichu bain. Quelle perte de temps que d'aller se laver ! Avouez que c'est idiot de passer des heures dans de l'eau et du savon ! Il y a tant de choses bien plus urgentes : habiller une princesse, construire une cabane, combattre un dragon ou faire circuler un train... Mais vous le savez bien : les adultes ne comprennent rien à rien et tout ce qu'ils veulent, c'est qu'on obéisse à leurs ordres idiots comme... celui de prendre son bain. Un jour, espérant me convaincre, ma mamie me raconta une drôle d'histoire. Il s'agissait d'un petit loup très sale qui reniflait et croquait les fesses de tous ceux qui ne veulent pas se laver. C'est son grand père qui la lui avait racontée il y a belle lurette, quand elle était enfant. Car elle pensait comme moi - qu'aller prendre son bain, ça ne servait à rien ! Je ne sais pas si cette histoire est vraie et si ce diablotin de Mangefesses a vraiment existé. Les grandes personnes passent leur temps à inventer des sornettes sans queue ni tête, juste pour que nous obéissions. Mais je vais vous la raconter. Écoutez donc, et vous jugerez.
Cette histoire se passa dans la forêt du pays de Tragala, que tout le monde connaît. C'était une forêt habitée par de paisibles familles de lièvres, d'écureuils, de castors et de grenouilles. Il y avait parmi eux un louveteau, dont les parents avaient été tués et qui avait grandi en se débrouillant tout seul. Comme personne ne l'avait élevé, il était devenu un vrai vaurien. Il commettait toutes les farces et les bêtises possibles, ce qui exaspérait tout le monde. On le voyait souvent traîner avec deux autres chenapans : Renardo, un fainéant qui avait toujours un poil dans la main, et un jeune sanglier, Picoti, un pique-assiette toujours à la recherche de truffes. Quant à notre louveteau, on l'appelait « Mangefesses ». Et voici pourquoi.
Ce petit voyou était très sale et...mon dieu ce qu'il puait ! Il faut dire qu'il n'avait pas appris à être propre. Il portait toujours la même culotte, celle que sa maman lui avait mise le jour elle disparut. Depuis, le louveteau ne voulait plus la quitter et elle sentait très fort. Son plaisir favori était de se promener en menaçant les uns et les autres de renifler et de croquer leurs fesses surtout si elles étaient sales.
Mais le plus souvent, ce coquin se cachait dans un terrier de castors. Il attendait que les petits soient déshabillés, et soudain, il surgissait en reniflant les popotins bien sales. Plus ça sentait mauvais, plus ça lui plaisait ! Les petits poussaient alors des cris épouvantés et d'un coup de ses petites dents de lait, le louveteau leur croquait les fesses. Heureusement, ça ne faisait pas bien mal !
Voilà pourquoi, tous les jours à l'heure du bain, la cloche de la forêt tintait. « Attention au loup ! » criait le chef des bains. « Lavez vos fesses les enfants ! » Mais, si beaucoup d'enfants n'aiment pas aller au bain, il y en a d'autres qu'on ne peut plus faire sortir. Renardo s'occupait de ceux-là. Ce gredin se cachait dans la baignoire, puis, il surgissait en crachant de l'eau, en pétant, et même en faisant pipi...
