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Orphée, divin musicien

Orphée, divin musicien

9-12 ans - 24 pages, 5118 mots | 39 minutes de lecture | © Amaterra, 2019, pour la 1ère édition - tous droits réservés


Orphée, divin musicien

9-12 ans - 39 minutes

Orphée, divin musicien

« Inspirant profondément pour retrouver sa voix, Orphée pince avec douceur les cordes de son instrument et murmure un chant au rythme lancinant comme une berceuse. Dès que les notes parviennent à ses oreilles, Cerbère aplatit son grand corps, sa queue de serpent s’enroule sur elle-même et ses trois museaux se posent sur ses pattes. »

"Orphée, divin musicien" vous est proposé à la lecture version illustrée, ou à écouter en version audio racontée par des conteurs et conteuses. En bonus, grâce à notre module de lecture, nous vous proposons pour cette histoire comme pour l’ensemble des contes et histoires une aide à la lecture ainsi que des outils pour une version adaptée aux enfants dyslexiques.
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Raconté par Lynda

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Quelles est l’histoire du mythe d’Orphée ?

Orphée était un musicien et poète célèbre dans la mythologie grecque, il était aussi le fils d’Œagre, roi de Thrace, et de la muse Calliope. Comme les sirènes, Orphée est doté d’un don musical qui permet de charmer tous les êtres vivants mais pas seulement; les pierres et les rivières sont aussi sensibles à son pouvoir. Il charme les créatures vivantes et les éléments de la nature grâce à la lyre que le dieu Apollon lui a offerte. Cependant, ce n’est pas son don qui a rendu célèbre Orphée, c’est bien évidemment son histoire amoureuse avec Eurydice. En effet, du fait de son amour sincère et profond pour Eurydice, Orphée ne peut pas la laisser dans les enfers, où elle séjourne depuis sa mort tragique, mordue par un serpent, juste après leur mariage. Le héros dévasté décide de descendre aux enfers pour ramener sa chère à la vie. Mais alors comment se termine l'histoire d'Orphée ? Il va utiliser son don pour charmer Hadès et Perséphone, qui acceptent de le laisser remonter avec Eurydice à une seule condition, il ne doit pas se retourner pour la regarder avant qu'ils n'aient atteint la lumière du jour. Malheureusement, juste avant d’atteindre la sortie, Orphée, doutant de la personne qui le suit, se retourne et la perd à jamais. 

Pourquoi Orphée est un héros ?

Il y a beaucoup de raisons pour lesquelles Orphée est considéré comme un héros, pas le héros traditionnel qui mènedes combats, en effet, ses combats étaient plutôt métaphoriques. Tout d’abord, il utilisait sa musique et son art pour influencer le monde autour de lui. La manière la plus célèbre où il a utilisé son art pour surmonter un défi est son aventure avec les Argonautes. Orphée faisait partie du groupe, un jour, dirigé par Jason, ils décident de partir à la recherche de la Toison d'or. Leur défi majeur a été de passer par les sirènes. Orphée, armé de sa lyre, joua une musique si belle et puissante qu'elle surpassa le chant des Sirènes, protégeant ainsi son équipage.Ensuite, sa descente aux enfers et son martyre font aussi de lui un héros, en effet, peu de personnes sont descendues aux enfers. Son voyage dangereux mais aussi son affrontement avec Hadès et Perséphone illustrent sa bravoure et son dévouement. De plus, Orphée n’a jamais pu renoncer à son amour pour Eurydice, malgré sa perte, il a refusé toutes les avances que les femmes ont pu lui faire. Ses actions montrent son intégrité et sa fidélité et font de lui un héros tragique. 

Pour finir, l’influence culturelle et religieuse font d’Orphée un héros, en effet, Orphée est aussi associé à l'Orphisme, qui est un courant religieux qui prônait la purification de l'âme et promettait la réincarnation.

Quelle est la morale du mythe d'Orphée ?

Le mythe d’Orphée et Eurydice regorge de valeurs et de morales, en effet, la plus belle est sans doute la puissance de l’amour. Orphée ne peut vivre sans Eurydice et se démène pour la sauver et la ramener à la vie. Cette quête montre la force et le pouvoir de l'amour qui pousse un individu à surmonter des obstacles et à affronter des dangers. 

On retrouve aussi la fatalité et l'acceptation de la mort ; ce mythe nous rappelle que nous ne sommes pas éternels et que la mort est inévitable. Pour continuer à vivre, il est nécessaire de l’accepter. Il y a une multitude de versions sur la mort d’Orphée, dans l’une d’entre elles, Orphée, ne supportant pas la mort d’Eurydice, décide de se retirer de la société et rejette le culte de tous les dieux sauf Apollon. Il va se consacrer uniquement à sa musique et à la mémoire de sa défunte épouse, en se lamentant sur sa perte. À cause de cela, il va se mettre à dos beaucoup de dieux, notamment Dionysos, qui va demander aux Ménades de l’attaquer sauvagement, elles lui coupent la tête, et la jettent, elle et sa lyre, dans le fleuve Hébre, où elles continuent de faire entendre des mélodies lamentables même après sa mort. La tête dérive jusqu'à l'île de Lesbos où il est dit qu'il fut enterré, et où un oracle d'Orphée aurait été établi. La mort d’Orphée montre que s'il avait accepté la mort d’Eurydice, il n’aurait pas quitté la société et arrêté d’honorer les dieux, il ne serait ainsi pas mort. 

Enfin, ce mythe nous rappelle l’importance de respecter les règles; si Orphée n’avait pas désobéi à Hadès, il n’aurait pas perdu Eurydice. 

Qui est Apollon ?

Apollon est le dieu de la lumière, de la guérison mais aussi de la musique et de la poésie. Il est dit qu’il était le fils de Zeus et de Léto. Il serait aussi le frère jumeaux d'Artémis, la déesse de la chasse. De plus, il est souvent la personne qui incarne de la raison et de l'harmonie, et est associé à l'ordre et à la beauté. Ce n’est pas pour rien qu’il a donné à Orphée sa lyre car il est le protecteur des arts mais aussi le maître des muses. Apollon est ambivalent, il peut à la fois donner le plus grand fléau à la nature humaine, mais il peut aussi apporter la guérison.

Qui est Dionysos ?

Dionysos est le dieu du vin, de la fertilité, du théâtre et de l'extase. Il est lui aussi le fils de Zeus, cependant sa mère est une simple mortelle prénommée Sémélé. Lui aussi est un dieu ambivalent, il représente à la fois la joie et l'exubérance que le vin peut apporter, ainsi que les excès et la perte de contrôle qui peuvent en découler. Il apprend aux mortels, la culture des vignes et les mystères des cultes, toujours accompagnés par les Ménades ou des créatures comme les satyres. Dionysos est unique parmi les dieux grecs pour sa double nature, à la fois mortelle et immortel, ayant été mort puis revenu à la vie, ce qui le rend également associé à la renaissance et à la vie après la mort. 

Qui sont les Ménades de Dionysos ?

Les Ménades, aussi connues sous le nom de Bacchantes, sont des figures mythologiques grecques associées au culte de Dionysos, qui est le dieu du vin, de la fertilité, mais aussi de l’ivresse. Elles sont vues comme dévouées et même parfois possédées par Dionysos. Elles participent aux rites en son honneur, souvent caractérisés par la musique, la danse, la consommation de vin et l’extase. Elles sont aussi des symboles de déchaînement. En effet, elles sont représentées souvent en état d’ivresse, mais aussi en furie, elles portent des thyrses (bâtons ornés de lierre et de pommes de pin), des couronnes de serpents, et parfois des peaux de faon ou de chèvre. Pour se rapprocher de Dionysos, elles pratiquent des cultes d’une violence extrême. Elles sont parfois décrites arrachant des animaux ou même des humains avec leurs mains nues. Pour finir, la figure de la Ménade incarne donc la liberté et l'abandon mais aussi les dangers de l'excès avec l’alcool notamment. Elles sont un rappel puissant de l’ambivalence de la nature humaine, capable de se retrouver dans une phase de joie comme de destructivité lorsqu'elle est poussée à l'extrême.  

Quels sont les mythes Grecs les plus connus ?

Nous connaissons de nombreux mythes grecs, remplis de signification et appris dans l’enfance. En voici quelques uns des plus célèbres, qui continuent à influencer notre culture, notre littérature et nos arts. 

Ulysse

Ulysse est l’un des héros les plus célèbres de la mythologie grecque, et plus précisément de la guerre de Troie. Il est le roi de l’île d’Ithaque, où il règne avec sa femme Pénélope, et leur fils Télémaque. Il est populaire par sa bravoure et sa ruse face aux nombreux obstacles qu’il a rencontré durant son périple de dix longues années. Contrairement à beaucoup de héros de la mythologie grecque, Ulysse connait tout de même une fin heureuse, car il parvient à retourner sur son île et retrouve sa femme et son fils.  

Pénélope

Dans l’Odyssée d’Homère, Pénélope est l’épouse d’Ulysse et la mère de Télémaque. L’absence de son mari pendant 20 ans suite à la guerre de Troie puis de son long voyage de son retour fait de Pénélope la femme la plus fidèle. En effet, malgré les nombreux prétendants qui souhaitent l'épouser et s’emparer du royaume, elle utilise une ruse pour les repousser : elle prétend qu'elle choisira un nouveau mari une fois qu'elle aura terminé de tisser un linceul, mais chaque nuit, elle défait ce qu'elle a tissé pendant la journée. Quand Ulysse revient habillé en mendiant et avec l’aide de son fils, il va éliminé les prétendants. Pour confirmer l’identité de son mari, Pénélope lui pose une question sur un secret connu d'eux seuls. Convaincue de son identité, elle accueille Ulysse avec joie. Pénélope est ainsi un modèle de fidélité et d'intelligence, jouant un rôle crucial dans le rétablissement de l'ordre à Ithaque.  

Thésée et le Minotaure

Le minotaure est une créature monstrueuse, à la tête de taureau et au corps d'homme, qui fut enfermée dans un labyrinthe, sur ordre du roi Minos de Crète. Afin d’apaiser la bête, Minos exigeait régulièrement des sacrifices humains provenant d'Athènes ; mais un jour, le héros Thésée se porte volontaire pour tuer le Minotaure. Ariane, la fille de Minos, décide d’aider Thésée et lui donne un fil pour qu’il retrouve son chemin dans le labyrinthe. Le héros parvient à tuer le Minotaure, démontrant l'ingéniosité et le courage humain face aux caprices des dieux et aux horreurs engendrées par leurs punitions.

Œdipe et le fameux syndrome

Le mythe d’Œdipe est l’un des plus populaire de la mythologie grecque, il est présent dans la culture populaire, dans la langue quotidienne ainsi qu’en psychologie. Il raconte la tragédie du garçon Œdipe, qui dès sa naissance reçoit la prédiction qu’il tuera son père et épousera sa mère. L’enfant est donc abandonné à sa naissance par ses parents, mais cela ne changera pas la prédiction. En effet, des années plus tard, le jeune homme tue “un vieil homme”, qu’il ignore être son père après une simple querelle. Il réussit ensuite la fameuse énigme du sphinx et reçoit en récompense la main de la veuve Laïos, qu’il ignore être sa mère. De nombreuses œuvres ont repris ce mythe très connu, notamment Œdipe roi de Sophocle. 

Hercule et ses travaux

Hercule, ou plutôt Héraclès de son vrai nom, est l’un des héros les plus connu de Grèce Antique. Il était le fils de Zeus mais Héra le frappa par la folie et il tua ses propres enfants. Suite à cela, il servit le roi de Mycènes qui lui donna douze tâches, qu’il pensait être impossible à réaliser. Héraclès a cependant réussi toutes ces tâches et fut rendu incroyablement célèbre. Sa popularité fut également renforcé lorsque les studios Disney ont réalisé un film d’animation sur le héros en 1997.  

La boîte de Pandore

Pandore ou Pandora, était la première femme humaine, qui fut façonnée dans l’argile par Héphaïstos, dieu de la forge et animée par la déesse Athéna. Ce mythe parle de la curiosité humaine, qui parfois peut tout emmener à sa perte. En effet, Pandore ouvrit une jarre, confiée à son mari, qui contenait tous les maux et malédictions physiques et émotionnels. En l’ouvrant, Pandore les libéra tous dans le monde, mais referma précipitamment la jarre, y laissant “l’espoir” à l’intérieur. De ce mythe est née l’expression “ouvrir la boîte de Pandore” qui signifie faire quelque chose qui peut causer de nombreux malheurs.  

Le mythe d’Icare

Icare, fils de Dédale qui fut banni de Crète par le roi Minos après de nombreuses trahisons, fabrique des ailes en cire pour son fils, afin qu’il s’échappe de leur sort. Il lui interdit cependant de voler trop près de la mer et du soleil, qui risqueraient de détruire les ailes. Cependant, le jeune homme oublie cet interdit et souhaite en voir toujours plus, il vole donc trop près du soleil et ses ailes de cire fondent. Le jeune homme tombe et meurt dans la mer, qui porte désormais son nom : la mer Icarienne. 

Le mythe de Sisyphe

Suite à une querelle avec les dieux de l’Olympe, Sisyphe est condamné à pousser un rocher sur une pente de colline, sans fin. Ce mythe est mondialement connu, et fut notamment commenté par Albert Camus, le célèbre écrivain et philosophe. 

Extrait du livre Orphée, divin musicien

Orphée Divin musicien Sylvie Gerinte illustré par Daniele Catalli.


Sur la colline la plus verdoyante des monts du Rhodope, en Thrace, le berger Atys surveille son troupeau de brebis et son regard rêveur s'attarde au bas du pré.
Dans l’air léger de ce début de printemps, il entend quelques notes de musique puis un chant qui s’élance en un tourbillon sonore à l’assaut des montagnes. Au bord de la rivière, en contrebas, un saule balance en cadence ses rameaux ployés. Son tronc se met à tourner sur lui-même, ses racines se tordent, s’extraient du sol humide, et le voilà qui sautille jusqu’au sommet de la colline. Atys secoue la tête et sourit ; il connaît cette voix, le poète est son ami. Il suit l’arbre sur le sentier, un hêtre les rejoint, suivi par un chêne, un pin et un jeune laurier aux baies noirâtres, tandis que la vigne voisine rassemble ses pampres pour sauter la haie. Tous se retrouvent dans un espace aride entouré de rochers ; tous font cercle autour d’un jeune homme à la longue chevelure brune ; tous écoutent, subjugués, son chant suave comme le miel et les échos de la lyre dont il pince les cordes avec fermeté. C’est Orphée, le musicien tant aimé du dieu Apollon. Sa mère, la muse Calliope, lui a appris les secrets de la poésie et l’harmonie des vers. — Ô mon cher Orphée ! Chante, chante encore ! Ta lyre ensorcelle la nature entière et ta voix aux accents mélodieux pénètre nos âmes et nos cœurs ! Le jeune berger sait que les bêtes sauvages sont envoûtées elles aussi par cette étrange musique. À côté des arbres aux ramures dressées, tels des bras tendus vers le poète, sont venus s’installer l’ours brun des montagnes, une meute de loups, quelques cerfs et des renards roux. Le regard adouci, le museau posé sur leurs pattes, ils écoutent Orphée et leurs flancs frémissent d’émotion. Dans le jour qui décline, les rochers pleurent des larmes de rosée. Orphée pose son instrument et s’approche du berger. — Salut à toi, mon cher et fidèle Atys. — Ô Orphée, je m’émerveille toujours du pouvoir que tu exerces sur les êtres de la terre ! Suffit-il de chanter en s’accompagnant d’une lyre pour faire naître mille délicieuses pensées chez les hommes, se mouvoir les arbres et métamorphoser la sauvagerie des animaux ? — Je comprends ton étonnement, mon ami. Lorsque j’étais enfant, le dieu Apollon lui-même m’a donné en cadeau cette lyre à sept cordes, un instrument merveilleux fabriqué par son frère,
l’ingénieux Hermès. Elle a grandi en même temps que moi et elle ne m’a jamais quitté. — Et comment as-tu appris à chanter de façon si mélodieuse ? — La muse Calliope, qui me donna la vie, est fille de Zeus. Avec ses sœurs, elle se plaît à divertir les dieux de l’Olympe par des airs joyeux, des danses et des jeux. Enfant, j’aimais chanter pour imiter les oiseaux qui construisaient leurs nids dans notre jardin. Ma mère s’étonna de la virtuosité de ma voix. Je parvenais à reproduire les trilles et les vocalises comme un nouveau langage. Elle m’enseigna alors l’art de rythmer les vers sur différentes cadences. Sa sœur, la muse Polhymnie, compléta mon éducation musicale : elle m’encouragea à exprimer la variation des sentiments humains. Tu vois, mon cher Atys, combien mon art a bénéficié d’influences divines ! Je dois me montrer digne d’un tel privilège ! — Tu es le plus grand musicien et le poète le plus célèbre de toute la Grèce. Mais on dit que tu es aussi un aventurier, un héros invincible qui a parcouru le monde. Raconte-moi ton expédition avec les illustres, les redoutables Argonautes ! Orphée se lève alors en riant, il se drape dans son manteau et salue le berger en agitant sa lyre. — Il est tard. Je te conterai cela demain... en chantant, bien sûr ! Dès le crépuscule, les arbres ont retrouvé leur place dans la forêt, les animaux sommeillent déjà dans l’obscurité de leurs tanières et Orphée s’engage sur le chemin qui mène à sa demeure.
Le jour suivant, alors que le soleil allonge ses rayons sur les collines du Rhodope, le même cérémonial se reproduit. Orphée effleure les cordes de sa lyre, un cortège d’arbres s’installent autour de lui, les bêtes sauvages s’approchent furtivement et une nuée d’oiseaux les accompagnent. Atys arrive en courant, pressé d’écouter son ami, le poète, l’aventurier, le héros ! — Ô muse, ma mère, et toi grand Zeus qui tiens le monde sous tes lois, je vous rends grâce pour les chants que vous m’inspirez ! Aujourd’hui, je ne chanterai pas les amours des dieux, mais la vaillance des guerriers et des héros, les célèbres Argonautes qui, à bord du vaisseau Argos, entreprirent un périlleux voyage sur les mers. Je les ai accompagnés, j’ai partagé leurs angoisses devant les flots tempétueux et leur découragement dans les vents contraires. — Pour quelles raisons, mon cher Orphée, ont-ils décidé de partir vers de lointaines contrées ? — Le roi Pélias, souverain illégitime, avait imposé cette épreuve à son neveu Jason qui réclamait le trône volé à son père et voulait obtenir la confiance de son peuple, à Iolcos, en Thessalie. Il lui fallait conquérir la Toison d’or, une peau de bélier aux pouvoirs fabuleux, gardée par un dragon en
Colchide, région située aux confins de la mer Noire. Après avoir consulté les dieux, Jason rassembla autour de lui l’élite des héros de la Grèce : de valeureux guerriers avides de gloire et impatients de montrer leur bravoure. — Tu as côtoyé ces héros que j’admire, Orphée ? Où les as-tu rencontrés ? — Dans le port d’Iolcos, d’où notre vaisseau a levé l’ancre. Jason avait déjà constitué son équipage. Je reconnus d’abord Castor et Pollux, fils de Zeus, bouillants de jeunesse et d’énergie. Puis apparut l’invincible Héraclès, revêtu de sa tunique en peau de lion, nonchalamment appuyé sur sa massue, impressionnant de force et de courage. D’autres se présentèrent, comme Échion et Érytus, les fils d’Hermès, ainsi que Tiphys, habile à diriger un navire : il tiendrait le gouvernail. Tous étaient porteurs d’héroïques vertus. — Mais toi, Orphée, tu ne sais pas manier les armes ! Ce sont les sortilèges de ta voix et de ta lyre qui ont rendu ta présence indispensable ? — Tu dis vrai, Atys. L’oracle de Delphes avait informé Jason de mes attributs divins. Du reste, les héros ont toujours apprécié la musique et les danses. — Comment tes pouvoirs se sont-ils manifestés dans cette aventure ? — Il fallut en premier lieu construire notre vaisseau. J’attirai alors, par la persuasion de mon chant, les arbres de la forêt les plus résistants vers le port. J’implorai leur sacrifice sous la hache afin qu’ils se transforment en solides planches de bois. Ainsi fut construite la charpente du navire Argos, et son architecte, Argus, le fortifia ensuite contre la violence des flots en l’entourant d’un câble bien tendu. Quelques jours plus tard, nous fîmes un sacrifice en l’honneur du dieu Apollon, protecteur des rivages, afin qu’il favorise la réussite de notre expédition et nous ramène sains et saufs dans notre patrie. « Qu’un vent favorable enfle nos voiles, priait Jason, et que les dieux nous accompagnent toujours ! » Puis, on arrangea les rames, on apporta les voiles,
le mât et les provisions. Les hommes s’installèrent sur les bancs et disposèrent leurs armes auprès d’eux. Debout sur le pont, Jason regardait intensément vers son pays, les yeux baignés de larmes. Le vaisseau glissa vers le large. Devant l'assemblée d'arbres et de bêtes formant cercle autour de lui, et son ami Atys pendu à ses lèvres, Orphée poursuit son récit, l'histoire de la célèbre expédition des Argonautes.