Extrait du livre Tupaï et le secret de la perle
Tupaï et le secret de la perle Pascale Vignali Illustrations Justine Cunha dans la collection "L'heure du conte" aux Editions Le Regard Sonore
Il était une fois… la couleur bleue. Au cœur de l’océan pacifique, à des milliers de kilomètres de tout continent, le bleu est roi. Mais parfois, un volcan se réveille sous l’eau, faisant surgir une montagne en plein océan. Des milliers d’années plus tard, la montagne finit par retourner sous l’eau, une barrière de corail et de plages nacrées grandit autour d’elle, couronnant la géante engloutie. Ainsi naissent les atolls de Polynésie, petites îles bordées d’un côté par le bleu profond de l’océan, et de l’autre par les eaux turquoise du lagon…
Comme tous les polynésiens, Tupaï vivait une existence sereine au cœur de son atoll. Dès qu’elle le pouvait, elle plongeait dans les eaux transparentes du lagon avec Honu la tortue. Là, parmi les poissons demoiselle, les poissons clown et les raies manta qui venaient chercher des caresses, elle se sentait vraiment chez elle. Elle passait des heures à explorer les fonds sous marins tandis qu’Honu, toujours à ses côtés, se régalait d’éponges cueillies du bec parmi les coraux.
Un jour, un coquillage retint l’attention de Tupaï et l’attira irrésistiblement : une petite huitre à la coquille ourlée comme une vague nacrée, entrouverte sur la plus belle des perles que Tupaï eut jamais vue. Fascinée, Tupaï prit la perle au creux de sa main… Une chaleur étrange l’envahit. Le tatouage qu’elle portait à l’épaule se mit à briller. Etourdie, elle ferma les yeux, …
Une image lui apparut. Des silhouettes, debout sur le sable au fond du lagon, les yeux fermés, le visage calme, comme si elles dormaient… En fait, il s’agissait de statues de pierre, si délicatement sculptées qu’elles semblaient vivantes, juste endormies. L’une d’elles se tenait un peu à l’écart. C’était une femme, grande, majestueuse, elle tendait la main vers … L’image disparut d’un coup. Tupaï ouvrit les yeux. Inquiet, Honu la poussait pour remonter à la surface.
Une fois sur la plage, Tupaï raconta ce qu’elle avait vu à Honu : Tupaï : Ces statues avaient l’air tellement vrai Honu, elles existent forcément quelque part ! Et d’où vient cette perle magique ? Honu : Cela me rappelle une très vieille légende que les tortues se transmettent… Tupaï : Se transmettent ? Comment est-ce possible ? Les mamans tortues pondent leurs œufs dans le sable et s’en vont tout de suite après ! Honu : C’est vrai. Nous naissons seules et partons rejoindre la mer chacune de notre côté. Pourtant, nous savons d’instinct ce qu’il faut faire pour survivre ! Nous partageons aussi la mémoire du peuple des tortues…
Tupaï : Et que dit la légende ? Honu : Selon les souvenirs de mon arrière arrière arrière et trois fois encore arrière grand-mère, il y avait autrefois une île-montagne habitée au centre du lagon. Un jour, le cœur de la terre a grondé sous l’eau, l’ile a tremblé puis coulé. On dit qu’au dernier moment, l’enchanteresse qui vivait sur cette ile a changé les gens en statues de pierre pour les sauver. Depuis, ils dorment au fond de l’eau en attendant que quelqu’un les réveille. On les appelle les rêveurs de l’ile engloutie…