Extrait du livre Un éléphant dans un chapeau
Un éléphant dans un chapeau de Véronique Foz et Barroux aux éditions Motus
Un éléphant dans un chapeau
Mon premier tour de magie, à quatre ans, avait consisté à faire disparaître deux de mes doigts. J’avais vu ça à la télé. Tu montres tes doigts au public, tu les recouvres d’une serviette ou d’un mouchoir, tu souffles dessus, et quand tu retires le tissu, plus de doigts !
Quand il avait le temps, mon père nous montrait des tours avec des cartes à jouer. Il était très fort. Ma soeur s’ennuyait vite. Moi je rêvais de travailler dans un cirque quand je serais grand. « Tout est dans la concentration, disait mon père. Regarde, Pierrot... » Il fronçait les sourcils, se passait la main dans les cheveux, et hop ! il devinait la carte que j’avais choisie !
Un jour, et hop ! il a disparu, nous laissant seuls, ma mère, ma sœur et moi. Alors, c’est idiot, je me suis mis dans la tête que si je pensais très fort à lui, j’arriverais à le faire revenir. Le soir, après le dîner, devant la télé, je faisais le vide et je lançais mon appel silencieux : Tic-tac, tic-tac... Ça pulsait sous mon crâne, comme une sirène d’alarme réglée sur les basses... Un appel dans la nuit. Papapapapapaaa... J’étais persuadé qu’il finirait par sonner à la porte.
Parfois la sonnette se déclenchait en effet et mon cœur s’envolait comme une bulle de savon. Mais c’était la voisine, ou quelqu’un qui s’était trompé d’étage.
Sur les conseils d’Ahmed, mon meilleur pote, j’ai demandé un kit de magie pour mon anniversaire. Je me suis aperçu que même les tours les plus complexes étaient faux ! Pareil sur Internet. La vraie magie semblait ne pas exister. Il n’y avait que des trucs et des recettes. Restait la sorcellerie, mais c’était bien trop compliqué.