Extrait du livre Alerte au Pôle Nord
Alerte au Pôle Nord de Nathalie et Yves-Marie Clément et Laurent Audouin aux éditions ABC Melody
Alerte au Pôle Nord
La Gorgone-Pourpre voguait direction le grand nord. Dans la matinée, d’énormes nuages noirs se formèrent sur bâbord. La houle souleva la coque, les gréements grincèrent, les drisses et haubans claquèrent. Cap’tain Génial s’écria dans son porte-voix : — Cyclone en formation ! Tout l'équipage à la manœuvre ! — Ramenez les voiles… Fermez les écoutilles ! Les côtes du Groenland disparurent dans la tourmente. Une bourrasque s’engouffra dans l’entrepont, se glissa entre les hamacs et referma violemment la porte du réfectoire.
Archibald MacArquebuse, le cuistot, sursauta et marmonna un juron. Avec tout ce roulis, sa sauce allait tourner ! Soudain, un mur de glace se dressa devant le trois-mâts. Un éclair traversa Cap’tain Génial. Celui-ci ne se laissa pas intimider. Son hologramme se reforma aussitôt. Il lui fallut à peine un millième de seconde pour prendre la décision qui allait sauver le navire en évitant l’iceberg géant : — Barre à droite, toute !
Et voilà, les amis ! Moi, Tallulah l’intrépide qui rêvait d’une vraie tempête, j’ai été servie ! On se l’est presque faite version « Titanic ». Bilan: le mât de beaupré cassé et les étais du perroquet et du cacatois arrachés. Heureusement, la coque de notre magnifique navire-école n’a pas été endommagée ! Cap’tain Génial nous a réunis devant une carte du pôle Nord. — Nous allons devoir faire escale chez nos amis les Inuits pour procéder aux réparations. Cet accident m’amène à vous parler du réchauffement climatique. Qui en connaît la cause ? — Nous ! s’écrient en chœur Timéo et Téotim. Cap’tain Génial les invite à écrire au tableau. Très fiers d’eux, les jumeaux inscrivent en grandes lettres : « Les Fées de cerf ».
On éclate tous de rire ! — C’est exactement « L’effet de serre » ! rectifie Cap’tain Génial. Mais, interruption de programme : Jacquot le Coco, une banane dans le bec, traverse la salle de classe dans un sens puis dans l’autre, poursuivi par Archi. Cap’tain Génial s’écrie : — Par la barbe de mon grand-oncle Henri, attrapez-moi ce colibri! Coco est ramené manu militari dans la cambuse. — Bon, revenons à l’effet de serre, reprend Cap’tain Génial. Notre planète est entourée d’une couche de gaz qui retient la chaleur du soleil. — Comme dans une serre de potager, dit Alice. Cette chaleur rend la vie possible sur Terre. — Et fait rougir les tomates dans la serre d’Alice ! s’exclame Téotim. — Mais si la quantité de gaz augmente, que se passe-t-il? questionne Cap’tain Génial. Hugo lève le doigt. — Alors la chaleur augmente aussi. — Les tomates ont trop chaud! dit Timéo. Et Cap’tain Génial de conclure : — Les tomates, mais également la banquise qui fond et fait monter le niveau des eaux. Voici vos sujets d’exposés : Le réchauffement climatique et la faune de la banquise ! Hum ! Nous allons devoir nous déplacer sur la glace, ça sent l’aventure à plein nez. J’adore !
Avant l’extinction des feux, Alice plonge dans son journal de bord. Juste avant de nous endormir, Hugo nous rappelle quand même que nous allons pénétrer dans le pays de l’Ursus maritimus. Il précise, en faisant trembler sa voix: — Un des plus grands carnivores terrestres pas toujours copain-copain avec les humains…
Ce matin, une drôle de surprise nous attend. Dans la nuit, les températures ont chuté et la Gorgone-Pourpre est prisonnière des glaces. Nous allons être remorqués par un brise-glace. Sur le gaillard d’avant, Timéo en bonnet rouge et Téotim en bonnet bleu, excités par cette aventure imprévue, gesticulent en poussant des cris. Pendant la manœuvre nous prenons un solide goûter riche en protéines : Pain nordique et poisson fumé, confiture d'airelles et galettes au blé noir. Hugo Cacao ressemble à un lemming gourmand avec ses deux joues pleines de nourriture. La Gorgone-Pourpre est maintenant ancrée dans une baie. Tout l’équipage a rejoint la terre ferme (ou plutôt la glace ferme). Notre bordée est prise en charge par un jeune Inuit. — Moi, c'est Teri ! Vous êtes Hugo, Tallulah et Alice ? — Oui, oui. — Suivez-moi, je vais vous faire découvrir la faune locale !
