Extrait du livre Fred se dispute avec tout le monde
Fred se dispute avec tout le monde de Fanny Joly et Claire Franek aux éditions Fanny Joly Numérik
C’était à l’école. Il faisait gris. Devant le tableau noir la maîtresse, parlait, parlait… Comme d’habitude. Moi je regardais un nuage rigolo qui ressemblait à un éléphant.
Brusquement, la voix de la maîtresse m’a fait sursauter. - Ou... Za... FRED BARAMINE ! Elle agitait deux copies pleines de chiffres. J’ai reconnu mon écriture et celle de Mouloud Touza, mon copain-voisin du 7 rue Cénou. - Qui a copié sur qui ? - Personne n'a copié sur personne... - Ne me prends pas pour une idiote, Fred ! Vous avez fait les mêmes fautes aux mêmes endroits ! - C'est pas moi, c'est lui m'dame ! - Mademoiselle ! La maîtresse n’aime pas qu’on l’appelle Madame. Elle était super-énervée. Du coup, elle nous a collé une punition : « Je ne dois jamais copier sur mes camarades » à conjuguer au présent, au futur et à l’imparfait…
Je suis resté comme assommé. Quand je regardais les nuages, je ne voyais plus d’éléphant mais toujours la même image : Mouloud me montrant du doigt ! Comment mon copain pouvait-il m’accuser solo ? On avait copié tous les deux, il le savait aussi bien que moi…
A la récré, j’ai rejoint Mouloud. - Pourquoi t'as dit que c'était moi ? Il a haussé les épaules. - Qu'est-ce que ça peut faire ? On a la même punition de toute façon ! - Ça peut faire que t'as pas à dire des trucs pas vrais ! - Et toi ? Tu te gênes pour raconter que t'es meilleur que moi au foot, peut-être ? - Sauf que ça c'est vrai, je m'excuse. Combien t'as marqué de buts samedi pendant le match ? Combien ? Dis-le, dis-le, allez, dis-le... Les autres se sont approchés. Il m’écœure quand il ment, Mouloud. Avec le foot, c’est de la folie. Il se prend pour une star mondiale alors qu’il tire tout le temps à côté.
Au lieu d’avouer son mauvais score, Mouloud a braillé que je suis un minus, que je change jamais de chaussettes, que mon chien a des puces, je suis amoureux d’Héloïse Crampon, qu’en plus… Je l’ai attrapé par la manche. - Lâche mon blouson ! Tu vas l'abîmer ! Je l’ai secoué comme une corde à sauter. Il m’a balancé un coup de pied. J’ai répondu par deux coups de poing. Bastien criait comme si on était des boxeurs et lui notre entraîneur. - Mets-lui trois coups de boule !!!