>   Hôtel Bordemer Tome 9 : Mystère sous terre
Hôtel Bordemer Tome 9 : Mystère sous terre

Hôtel Bordemer Tome 9 : Mystère sous terre

9-12 ans - 37 pages, 9977 mots | 1 heure 13 minutes de lecture | © Fanny Joly Numérik, 1999, pour la 1ère édition - tous droits réservés


Hôtel Bordemer Tome 9 : Mystère sous terre

9-12 ans - 1 heure 13 minutes

Hôtel Bordemer Tome 9 : Mystère sous terre

Depuis quelques temps, "Mademoiselle" Rosy se prend pour une championne, tout ça parce qu'elle participe à une compétition de natation !

Elle peut bien se vanter. A moi aussi, il arrive des choses exceptionnelles : j'ai découvert une carte des souterrains de l'hôtel... et je suis sûr qu'il s'y cache un trésor ! Cette fois je tiens mon succès...

"Hôtel Bordemer Tome 9 : Mystère sous terre" vous est proposé à la lecture version illustrée, ou à écouter en version audio racontée par des conteurs et conteuses. En bonus, grâce à notre module de lecture, nous vous proposons pour cette histoire comme pour l’ensemble des contes et histoires une aide à la lecture ainsi que des outils pour une version adaptée aux enfants dyslexiques.
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Extrait du livre Hôtel Bordemer Tome 9 : Mystère sous terre

Mystère sous terre - Hôtel Bordemer tome 9 de Fanny Joly éditions Fanny Joly Numérik


C'est LUI qui raconte l'histoire.
Chapitre 1 Orage d'été Je me présente : Georges­-Albert Bordemer, dix ans, fils d'Henri Bordemer, descendant de la famille Bordemer, célèbre à Crique-les-Bains. Pourquoi célèbre ? À cause de l'hôtel du même nom : l'hôtel Bordemer, le plus ancien et le plus haut du village. (Quand je dis « haut », je veux dire : par rapport au niveau de la mer. Notre hôtel, en effet, est situé au sommet de la plus haute falaise du village. Hélas, pour ce qui est du clas­sement dans les guides touris­tiques, nous ne sommes pas les plus haut placés : nous n'avons que deux étoiles alors que le Majestop, notre concurrent, en a quatre...) Je n'aime pas beaucoup par­ler de moi. Comment me décrire ? Disons que je suis un garçon sérieux, cultivé, tra­vailleur mais néanmoins sym­pathique. Du moins, c'est ce que certaines personnes s’accor­dent à dire. J'aime beaucoup lire, étudier, écrire, en particu­lier des poèmes, observer les étoiles, manger du gâteau au chocolat (Mme Simone, la cui­sinière, n'en fait que lorsqu'elle est de très bonne humeur, c'est­-à-dire trop peu souvent) ou des glaces à la mandarine ou encore du saucisson à l'ail. Ce sont mes trois (principaux) péchés mignons. À part ça, je ne refuse pas de jouer de temps en temps au bal­lon sur la plage ou de faire un tour de vélo (l'été, je commence même par là chaque matin car c'est moi qui suis chargé d'aller chercher les croissants pour le petit déjeuner des clients), mais honnêtement, je ne suis pas un champion olympique. Rosy dit que si je mangeais moins, je courrais plus vite. Quand elle dit ça, généralement, je bats des records de vitesse pour lui don­ner un bon coup de pied aux fesses... Mais au fait, ceux qui ne me connaissent pas ne connaissent pas non plus Rosy ! Forcément : on n'est jamais très loin l'un de l'autre. Primo, parce
qu'on habite au même endroit. Moi à l'entresol de l'hôtel. Elle, au fond du jardin, dans une cabane que son grand-père, Joseph, le jardinier, a aménagée en une super petite maison. Et puis aussi parce que Rosy et moi, on est très amis. Même si, parfois, on se retrouve fâchés à mort. Il faut savoir qu'à part notre âge, on n'a pas grand-chose en com­mun. Tout ce que j'aime, ou presque, elle le déteste. Et réci­proquement. Ou presque. Tenez, les vacances, par exemple. Rosy ne pense qu'à ça toute l'année et quand on y est, elle voudrait que ça ne se termine jamais. Moi, ce n'est pas du tout mon point de vue. Personnellement, deux semaines me suffiraient. (Je sais que tout le monde n'est pas de cet avis. On se moque de moi, mais tant pis.) C'est vrai, finalement, en vacances, qu'est­-ce qu'on fait ? (Depuis le temps que· j'observe les clients de l'hôtel, j'ai ma petite idée sur le sujet...) La première semaine, en gros, on se repose. La deuxième semaine, en gros, on s'amuse. Et la troisième... on commence à se répéter ! Je ne parle pas de la quatrième, ni de la cinquième ni... J'arrête. Ça va me déprimer. J'ai déjà plusieurs fois raconté des événements qui ont eu lieu à l'hôtel. Il faut dire qu'il s'y passe souvent des choses éton­nantes. L'histoire que je veux raconter ici a commencé vers la mi-août. Depuis plusieurs jours, il faisait un temps lourd, ora­geux, comme si toute la chaleur accumulée depuis le début juillet avait envie d'éclater. Depuis plusieurs jours égale­ment, Rosy était fâchée contre moi parce qu'au lieu de la suivre dans son programme bain de mer-basket-bain de mer­volley-bain de mer-foot-bain de mer-vélo-bain de mer-etc., j'avais décidé de commencer à m'occuper de mes affaires pour la rentrée. Chaque été, quand elle me surprend en train de préparer mon cartable ou mes cahiers, elle voit rouge. Ce soir-là, j'étais tranquille­ment en train de recouvrir un manuel de conjugaison que je venais de m'acheter quand elle est entrée dans ma chambre comme une fusée, sans frapper. J'ai sursauté. Mon livre est tombé. Il s'est à moitié déchiré, entraînant dans sa chute les ciseaux qui se sont « plantés » dans mon bras. Sous le choc, le rouleau de scotch m'a échappé pour venir se coller en travers de mon sous-main en buvard. Bref, un vrai carnage... « Euh, ça te dérangerait de frapper avant d'entrer? J’ai râlé en frottant mon bras. - Oh pardon de vous déranger, monsieur le pédégé ! » a ricané Rosy en esquissant une révérence. Elle a regardé ma table avec une grimace. « Qu'est-ce que tu trafiques? - Tu vois, je couvre un livre... Enfin, j'essaie ! - Chaque année, ça te reprend ! C'est une manie, ma parole ! - Ça n'a rien d'une manie, ma pauvre Rosy !
C'est une nécessité, tout simplement. » Elle a haussé les épaules. « Une nécessité ! ! ! Ouais, enfin ça dépend pour qui... Moi je n'ai jamais couvert un livre de ma vie et je ne suis pas près de commencer ! » J'ai senti un début de mou­tarde me monter au nez. « Évidemment ! Tu as juste à attendre deux ans et tu récupères chaque fois les miens, tout couverts ! » (Je précise qu'à l'école, Rosy a un an de retard et moi un an d'avance. Elle déteste que j'en parle mais bon, là, j'étais en état de légitime défense...) « Pfff... Je m'en fiche pas mal ! elle a soufflé. - Et en plus tu t'en fiches !Au lieu de me dire merci ! Fran­chement, tu abuses, Rosy ! - T'as qu'à pas les couvrir, si ça te met dans cet état. » À ce stade de la discussion, la moutarde n'était plus seulement dans mon nez, elle avait envahi l'ensemble de mon cerveau et c'était de la moutarde extra­forte. - Ah oui ? j'ai rugi. Et si je ne le fais pas, qui le fera, hein ? Tu peux me dire ? Je suis seul au monde, moi! Je n'ai plus ma maman ! Mon père n'a jamais le temps de rien, sauf pour les clients et je ne suis pas un client ! Mme Simone, en été, on ne peut rien lui demander. Quant à Guitte, entre ses quinze chambres à nettoyer, ses soirées disco dance et Bébé-Lu, elle ne touche pas terre... » Rosy ne m'écoutait plus. Je la connais : ça se voit à ses yeux. Dans ces moments-là ils deviennent comme vides. « Ah, à propos, Georja... » Quand j'entends le mot « Georja » dans la bouche de Rosy, je me méfie. C'est le petit nom qu'elle me réserve pour les occasions où elle a besoin de moi. « Quoi ? » ai-je aboyé. Elle m'a regardé avec un sou­rire angélique. « Euh... Tu as toujours ton caméscope ? - Mon caméscope ? Je n'ai jamais eu de caméscope. Il est à mon père ! Et puis d'abord, je ne vois pas le rapport. - Mais si... C'est à propos de ne pas toucher terre ! - Excuse-moi, c'est de moins en moins clair. Dis-moi où tu veux en venir, ça ira plus vite. » Les yeux « vides » de Rosy se sont remplis d'étincelles.
« Quand on plonge, on ne touche pas terre, t'es d'accord ? - Ah, O.K. ! C'est encore ton histoire de concours de plongeons... » Depuis que le comité sportif de Rochegoulue, un village à cinq kilomètres, a posé une affiche à l'office de tourisme pour annoncer qu'un concours de plongeons aurait lieu dans leur piscine le vingt-deux août, Rosy se voit déjà sur la plus haute marche du podium... « Comment ça : mon histoire de concours de plongeons ? Je m'entraîne comme une folle, je te signale ! Mais pour progresser à fond, il faudrait que je puisse analyser mon mouvement, tu comprends. Tous les grands sportifs se font filmer à l'entraînement pour améliorer leur style ! - Mmm... » J'ai commencé à recoller les déchirures de mon livre. Je la laissais venir... « Il ne s'en sert pas souvent, ton père, de son caméscope... elle a minaudé. - Il s'en sert quand il a envie de s'en servir, il ne me demande pas la permission ! - Mais il ne t'a pas interdit de t'en servir, si ? » J'ai posé mon rouleau de scotch. Je sentais que je risquais de faire encore des dégâts... « Parce que tu crois que je n'ai que ça à faire, d'aller à la pis­cine de Rochegoulue filmer Mademoiselle Rosy Lengrais qui se prend pour la championne du monde de plongeons ? » Elle a mis ses mains sur ses hanches, visiblement vexée. « Excuse-moi, mais quand on en est à recouvrir des livres d'école, c'est qu'on n'a pas grand-chose à faire, dans la vie ! » Sous l'insulte, je me suis levé. J'ai marché jusqu'à la porte et je l'ai ouverte en grand. « Sors de ma chambre ! Je n'ai peut-être pas grand-chose à faire dans la vie, comme tu dis, mais il y a une chose que je refuse de faire, c'est de perdre mon temps à écouter les méchantes et les idiotes ! - Ça tombe bien ! Moi j'ai décidé de rayer de ma liste les dégonflés et les égoïstes ! - Hé bien bonne chance ! Bons plongeons ! Attention à ne pas tomber à plat ! - Et toi, bonne rentrée ! Pau­vre premier de la classe, va ! »
Chapitre 2 Le bon plan J'ai claqué ma porte, furieux. J'en tremblais presque. D'ailleurs, j'ai été obligé de m'y reprendre à quatre fois pour finir de recouvrir ce maudit livre de conjugaison et je l'ai complètement raté. Au dîner, je n'ai presque rien mangé. Et j'ai aussi mal dormi que mal dîné. Je n'arrêtais pas de repenser à Rosy. J'avais envie de me lever, d'aller la sortir de sous sa couette et de m'expliquer avec elle. De temps en temps, je me retournais dans mon lit et l'envie me passait. Mais deux secondes après, ça recommençait... Elle avait osé me traiter « d'égoïste et de dégonflé » : quel culot ! Avec tout ce que je fais pour elle ! « Pauvre premier de la classe » : ces mots me vrillaient encore les tympans. Elle est bien contente de le trouver, son « pauvre premier de la classe », quand il s'agit de lui prêter de l'argent, de lui expliquer les échecs ou de l'aider à faire ses maths ou son fran­çais... Ce n'est qu'aux premières lueurs du jour que je me suis enfin endormi. Pas pour longtemps. A sept heures, madame Simone frappait à ma porte : « Georges-Albert ! Les croissants ! » Heureusement, elle a toujours du pain de mie en réserve, son grille-pain prêt à fonctionner et les premiers clients du matin n'avaient pas encore réclamé leurs croissants... J'ai foncé au garage en prenant soin de ne pas me faire repérer par mon père. Je sais, pour l'avoir commise une fois ou deux, que l'oubli des croissants est une faute professionnelle impardonnable à ses yeux ! Le vélo de Rosy n'était pas à sa place. Elle était sans doute déjà en route pour la piscine de Rochegoulue. Son vélo, tiens : encore une chose pour laquelle elle a eu besoin de mon aide ! Qui a transformé ce vieux clou quasiment sorti d'une poubelle en vélocross repeint à neuf ? « Georja », bien sûr ! J'ai pédalé vers le village, sans entrain, l'humeur aussi maussade et grise que le ciel.