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Hôtel Bordemer Tome 8 : Gare à la star !

Hôtel Bordemer Tome 8 : Gare à la star !

9-12 ans - 37 pages, 9845 mots | 1 heure 12 minutes de lecture | © Fanny Joly Numérik, 1999, pour la 1ère édition - tous droits réservés


Hôtel Bordemer Tome 8 : Gare à la star !

9-12 ans - 1 heure 12 minutes

Hôtel Bordemer Tome 8 : Gare à la star !

Sandrine Pulse, la célèbre présentatrice météo a réservé une chambre à l'hôtel Bordemer ! Quelqu'un d'aussi important, on n'en voit pas tous les jours ici. Et pour être une star, c'est une star, cette Sandrine Pulse ! On n'a pas été déçu. Une sacrée capricieuse, oui ! Mon copain Georges-Albert et moi, on a décidé de lui montrer ce que ça coûte de prendre des grands airs...

"Hôtel Bordemer Tome 8 : Gare à la star !" vous est proposé à la lecture version illustrée, ou à écouter en version audio racontée par des conteurs et conteuses. En bonus, grâce à notre module de lecture, nous vous proposons pour cette histoire comme pour l’ensemble des contes et histoires une aide à la lecture ainsi que des outils pour une version adaptée aux enfants dyslexiques.
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Extrait du livre Hôtel Bordemer Tome 8 : Gare à la star !

Fanny Joly Gare à la star ! Illustrations de Christophe Besse Fanny Joly Numerik


Gare à la star !
C'est ELLE qui raconte l'histoire.
Chapitre 1 Festival de calme Je me présente : je suis Rosy. Rosy Lengrais. J'ai dix ans, des milliers de taches de rousseur, deux yeux verts, je mesure 1,37 mètre et je suis la petite-fille (chérie) de Joseph, le jardinier de l'hôtel Bordemer… L'hôtel Bordemer, est un hôtel deux étoiles qui donne sur la mer, à Crique-­les-Bains : quinze chambres, un grand jardin et au fond du jardin une ancienne cabane à outils (ou à lapins, je ne sais plus très bien) aménagée en maison. C'est là que j'habite avec mon grand-père... Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais moi, quand les rayons du soleil de mai commen­cent à me chauffer les os, quand le sable de la plage redevient doré au lieu de gris, quand les oiseaux se mettent à chanter et les bour­geons à bourgeonner : je ne peux plus rester en place ! L’hiver est si long, si pénible : école, froid, octobre, sonnerie du réveil, pluie, novembre, vent, devoirs, décembre, école, froid, janvier, vent, sonnerie du réveil, février, école... Pour peu qu'en mars il pleuve et qu'en avril il fasse mauvais, ce qui arrive presque chaque année, ça me donne l'impression qu'on n'en sortira jamais. Surtout que, l'hiver, Crique-les-Bains est calme... D'un calme é-pou-van-ta-ble. Et l'hôtel Bordemer, c'est pire : la moitié des chambres sont vides et les seuls clients qui viennent ne cherchent qu'une seule chose : du calme et encore du calme ! Bref, si l'ennui était mortel, l'hôtel ressemblerait à un cimetière. Sans parler de Georges-Albert. Georges-Albert est le fils du pro­priétaire. On a le même âge, lui et moi. Mais c'est une des seules choses, qu'on a en commun. Il est sérieux, moi... pas trop. À l'école, ce que je préfère, c'est le sport. Lui, c'est la seule chose qu'il déteste. On n'est pas dans la même classe : il a un an d'avance et moi un an de retard. Evidemment, j'ai horreur de faire mes devoirs alors que lui, il adore... Il ne veut jamais jouer tant qu'il ne les a pas terminés, vous voyez le genre ! En taille, j'ai
deux têtes de plus que lui. En poids, il a... pas mal de kilos de plus que moi (je n'insiste pas : il a horreur que j'en parle ; d'ailleurs, pas besoin d'insister : ça se voit assez !). Pourtant, malgré toutes nos différences, on s'entend plutôt pas mal. Enfin, ça dépend des jours... Le jour où l’histoire que je veux vous raconter a commencé, on était justement au mois de mai. C’était un beau vendredi, je m’en souviens, un grand soleil brillait dans le ciel et on quittait l'école pour quatre jours, à cause d'un pont. (Aaahhh, les ponts ! Encore une raison qui fait que j'aime tant le mois de mai...) Je sifflotais joyeusement en sautant à la corde sur le trottoir devant l'école quand j'ai aperçu Georges-Albert sous le préau, son gros cartable sur le dos. « Hou hou ! Georges-Albert ! Tu viens ? On va faire un tour ? » Il m'a regardée. Il n'avait pas du tout l'air de quelqu'un qui a envie de partir se promener. « On est vendredi, Rosy. J'ai mon atelier-poésie avec Mlle Blemibus jusqu'à six heures. » Il m'agace quand il fait son important. « Oh pardon, monsieur le poète­pouet-pouet ! » Il a haussé les épaules. Je me suis éloignée en faisant une super-série de triples sauts, jusqu' au coin de la rue des Mouettes. Les trottoirs étaient encombrés de vieux meubles, de vieux matelas, de vieux outils... Chaque premier vendredi du mois, à Crique-les-Bains, un camion ramasse les objets que les gens ne veulent plus et qui ne rentrent pas dans les poubelles. J'avançais à reculons en regardant les employés municipaux charger le camion, quand j'ai aperçu, posé contre une vieille armoire, un V.T. T. ! Orange et vert, il brillait sous le soleil comme sous les lumières d'une vitri­ne. Bon, il était à plat à l'arrière, pas mal rouillé au guidon, il n'avait qu'une seule pédale, mais c'était un sacré vélo quand même ! Je me suis approchée. J'ai fait tourner les roues pour voir. Elles tournaient impeccablement. Une dame aux cheveux gris est apparue à la fenêtre de la maison d'en face. « Il t'intéresse, ce vélo ? » J'ai reposé le V.T.T., gênée.
« Euh... - Tu peux le prendre, tu sais ! a souri la dame. - Il est à vous ? - A mon fils. Mais Jean a trente ans à présent. Il habite loin. Il n'a pas d'enfant. Et le vélo s'abîme à la cave... » Depuis le temps que je rêvais d'un V.T.T., ça me paraissait trop beau pour être vrai. Parce que moi, dans la vie, j'ai un problè­me : mon grand-père ne veut jamais rien m'acheter. Quand j'ai commencé à lui réclamer un vélo, par exemple, il m'a d'abord dit que je n'avais qu'à attendre que celui de Georges-Albert soit trop petit. Je pouvais attendre longtemps, vu que Georges-­Albert est plus petit que moi ! Ensuite, Péjo m'a expliqué qu'à Crique-les-Bains, on n'a pas besoin de vélo : on peut aller par­tout à pied. Et le terrain de sports de Sainte-Écume ? Et la décharge de Iode-sur-Mer ? Et les super­bonbons qu'on ne trouve qu'à Rochegoulue ? J'ai essayé de lui faire comprendre tout ça. Pas moyen. Mon grand-père est un peu sourd et, quand il ne veut pas comprendre, il devient très-très sourd. Résultat : je tournais en rond, depuis des mois, avec mon rêve de vélo... «  Tu le veux ? a répété la dame. - Je veux bien... - Alors, emporte-le vite avant que le camion ne le ramasse : ça me fait plaisir de savoir que ce vélo va rouler à nouveau ! » J'ai continué mon chemin en poussant le vélo et en sifflotant de plus belle. Je le voyais déjà remis à neuf, pneus crantés, peinture étincelante... Décidément, mon mois de mai commençait sous le signe de la chance. En arrivant à l'hôtel, la première personne sur qui je suis tombée est… mon grand-père. Il était en train de repiquer ses pommes de terre. Il m'a tout de suite demandé, l'air méfiant : « Qu'est-ce que tu fais avec cette bicyclette ? - Elle est à moi, on me l'a donnée ! je lui ai tout de suite répondu. - Tiens donc ! Dommage qu'on ne t'ait pas plutôt donné une binette, tu pourrais venir m'aider... »
Je me suis dépêchée de dispa­raître de sa vue. Guitte, la femme de chambre, était assise sur les marches du perron de l'hôtel. Elle m'a appelée : « Rosy ! Rosy ! » Elle tenait Bébé Lu, son fils, sur un genou et son aspirateur sur l'autre. « Viens m'aider ! Mon aspirateur s'est encore bouché... » Je n'avais vraiment aucune envie de m'occuper de l'aspirateur de Guitte, mais j'ai quand même posé mon vélo pour venir voir. Elle est gentille, Guitte, c'est difficile de lui refuser un coup de main. « Je ne sais pas ce que j'ai, a bâillé Guitte pendant que j'inspectais l'aspirateur, je ne suis pas sortie de la semaine et je suis plus fatiguée que si j'avais passé toutes les nuits à faire la fête... » (Guitte adore danser et faire la fête. C'est son activité préférée.) À force de triturer le tuyau de son aspirateur, j'ai réussi à en faire sortir une grosse boule de pâte à modeler. Bébé Lu s'est jeté dessus comme si je la lui avais volée. « Ma boule ! Na moi ! - Ludwig ! (Quand Guitte est fâchée contre Bébé Lu, elle l'appelle par son prénom entier.) Combien de fois est-ce que je t'ai dit de ne pas mettre n'importe quoi dans le tuyau de l'aspirateur ! - Pas n'impot' quoi, ma boule na moi ! » s'est mis à brailler Bébé Lu. Les cris ont fait sortir Mme Simone de sa cuisine. « Ah, Rosy ! Tu es là, ça tombe bien : j'ai besoin de toi pour mon inventaire. M. Bordemer veut qu'il soit fini avant ce soir… » Et voilà comment, au lieu de bricoler tranquillement mon V.T.T., je me suis retrouvée en haut de l'escabeau à compter les boîtes de conserve pendant que Mme Simone notait l'état de ses stocks sur un grand bloc. Quand Georges-Albert est rentré de son atelier-poésie, on avait à peine terminé. « C'est quoi, ce vélo pourri, dehors ? - Merci ! Il est à moi ! C'est un V.T.T. qu'une dame très gentille m'a donné ! » - Ben dis donc, il est dans un drôle d'état ! » Je lui ai fait un grand sourire. « Oui, je sais, Georja... » Georges-Albert s'est reculé de trois pas. « Je n'aime pas trop quand tu m'appelles Georja, Rosy ! C'est que tu vas me demander quelque chose... - N'aie pas peur, je veux juste savoir... Tu ne viendrais pas au garage, ce soir, m'aider à le retaper, ce V.T. T. ? » Georges-Albert a fait un peu la même tête que moi quand Péjo me demande de venir biner. « Ça tombe mal, ce soir, je dois observer Uranus
et Pluton ... » Observer les étoiles, encore un truc que je déteste et qui passionne Georges-Albert. (Surtout quand ça lui permet de se défiler au lieu de venir m'aider à bricoler...) Chapitre 2 Le scoop du jour J'ai donc passé la soirée seule au fond du garage, à travailler sur mon V.T.T. Georges-Albert dit que je ne sais pas bricoler, j'aurais aimé qu'il me voie ! J'ai gratté la rouille du guidon jusqu'à m'user les doigts sur le papier de verre. J'ai passé un temps fou à essayer de gonfler le pneu arrière : il devait être crevé. J'ai réussi à le démonter et à trouver le trou en plongeant la chambre à air dans une bassine d'eau pour voir où ça faisait des