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Hôtel Bordemer Tome 10 : Quel Noël !

Hôtel Bordemer Tome 10 : Quel Noël !

9-12 ans - 37 pages, 10167 mots | 1 heure 15 minutes de lecture | © Fanny Joly Numérik, 1999, pour la 1ère édition - tous droits réservés


Hôtel Bordemer Tome 10 : Quel Noël !

9-12 ans - 1 heure 15 minutes

Hôtel Bordemer Tome 10 : Quel Noël !

Les vacances commencent mal : un bulletin de notes minable, aucun cadeau en vue pour Noël et des exercices supplémentaires à faire chaque matin. En plus M. Bordemer, le père de mon copain Georges-Albert, a annoncé qu'il allait ouvrir l'hôtel pour les fêtes. Je sens qu'on n'est pas près de manger de la dinde !

"Hôtel Bordemer Tome 10 : Quel Noël !" vous est proposé à la lecture version illustrée, ou à écouter en version audio racontée par des conteurs et conteuses. En bonus, grâce à notre module de lecture, nous vous proposons pour cette histoire comme pour l’ensemble des contes et histoires une aide à la lecture ainsi que des outils pour une version adaptée aux enfants dyslexiques.
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Extrait du livre Hôtel Bordemer Tome 10 : Quel Noël !

Quel Noël ! de Fanny Joly Illustrations de Christophe Besse Fanny Joly Numerik


Quel Noël !
C'est ELLE qui raconte l'histoire.
Chapitre 1 Bulletin et météo « Rosy Lengrais, tu vas être contente, voilà les vacances ! » L'histoire que je veux vous raconter a commencé avec cette phrase. La phrase que la maîtresse, Mlle Lacraie, a pronon­cée vendredi 20 décembre, juste avant l'heure de la sortie, en me distribuant mon bulletin. À l'école, j'ai la réputation de pré­férer les vacances à la classe. En gros, c'est vrai. Mais ce n'est pas tout à fait aussi simple : ça dépend quelles vacances, en fait. Les vraies vacances, pour moi, c'est le ciel bleu, la mer, le soleil, manger des glaces, jouer au foot, au basket, au volley, me baigner, pique-niquer, bref, c'est l'été. Mais me retrou­ver en vacances en plein hiver, sous un froid de canard et avec un horrible bulletin dans mon cartable, j'aime nettement moins ! Et pour être horrible, le bulletin de Mlle Lacraie était… abominablement horrible : Rosy pourrait réussir si elle travaillait un minimum, mais hélas, elle est très loin de ce minimum ! Signé : Mélanie Lacraie. Merci du cadeau, Mélanie Lacraie ! Comme cadeau de Noël, on fait mieux ! J'ai ramassé mes affaires et j'ai repris la direction de l’Hôtel Bordemer en traînant les pieds, sans attendre Georges-Albert le vendredi, il sort plus tard à cause de son « atelier-poésie ». Et, de toute façon, je n'avais aucune envie qu'il me raconte son bulletin à lui, qui devait être super-bon, comme d'habitude. Mais je vous parle de moi comme si on se connaissait, il faut peut-être que je vous explique un peu qui je suis. Je m'appelle Rosy Lengrais, j'ai dix ans et j'habite toute l'année à l'Hôtel Bordemer, à Crique­les-Bains. Pas comme cliente, oh non, loin de là ! Je vis avec Péjo, mon grand-père, dans une cabane aménagée au fond du jardin. Péjo est
le jardinier de l'hôtel. Et aussi le meilleur jardinier du village. Il n'est pas le seul à le dire : M. Bordemer, le patron, le dit aussi. Et Georges-­Albert dans tout ça ? Eh bien, il a dix ans, comme moi. C'est le fils de M. Bordemer et il est aussi un gros morceau de ma vie. (J'espère qu'il ne lira pas ce que je suis en train d'écrire parce que justement, il a pas mal de kilos en trop, mais il ne supporte pas que j'en parle…) Georges-Albert, c'est un peu mon frère, mon cousin, mon meilleur copain et mon pire ennemi, aussi, parfois. Ça dépend des jours et des saisons, on en reparlera… Quand je suis arrivée, ce maudit vendredi, Péjo était dans sa serre en train de trafiquer ses boutures. Il travaille la terre et les plantes toute l'année, et quand il gèle dehors, au lieu de se reposer, il continue dans une petite serre qu'il s'est bricolée sur le côté de notre cabane. J'avais décidé de retarder au maximum le moment de lui par­ler de mon bulletin, mais ça n'a Ras marché comme je voulais. A peine j'ai franchi la haie, il m'a appelée (sa serre est en verre, comme toutes les serres résultat, il surveille tout, un vrai radar !). « Alors, Rosy, tu as dû avoir ton bulletin, montre-moi ça ! » Je me sentais comme un Petit Chaperon rouge qui aurait eu une bombe dans son panier... J'ai sorti mon bulletin. Il a remonté ses lunettes sur son nez. Il s'est assis. Il a lu. Relu. Compté sur ses doigts... « 0 en dictée, 2 en histoire, 1 en mathématiques, 1 en géographie : en mettant tout bout à bout, on n'arrive même pas à 10, ce n'est pas brillant, dis-moi ! » Je sentais le gros sermon m'arriver dessus comme une charrette à foin lancée dans une pente. J'ai essayé de dévier comme je pouvais… « Oh, c'est joli, ces petites plantes, là, c'est quoi, Péjo ? - On parle de ton travail, Rosy ! Pas du mien ! Ne cherche pas à m'embrouiller, veux-tu ? Qu'est-ce que je vais dire à tes parents, moi, quand ils vont venir pour Noël ? » (Mes parents vendent des fleurs sur les mar-
chés. Ils ne viennent à Crique-les-Bains que de temps en temps et la première chose qu'ils demandent à chaque fois en arrivant, c'est comment j'ai travaillé à l'école…) « Euh ... - Je vais leur dire "euh" ? Tu crois que ça leur suffira, comme explication ? - Ben ... - "Euh... Ben... " Et à part ça ? Tu as envie de te retrouver en pension, l'année prochaine ? » La pension ! On me menace avec ça depuis que je suis née ou presque. Je n'arrive pas à croire que je risque d'y aller pour de vrai. J'essaie, par moments, de m'en persuader, pour me donner le courage de travailler. Mais ça rate à chaque fois parce que, dès que quelque chose de plus amusant me passe par la tête, j'oublie ! Et il y a des tonnes de choses plus amusantes dans la vie. Evidemment, ce jour-là, j'ai répondu à Péjo que je n'avais pas envie d'y aller, en pension. Mais ce que je n'ai pas osé lui dire, c'est que je n'avais pas envie de travailler non plus... « Bon, il a annoncé comme s'il lisait dans mes pensées, que tu en aies envie ou pas, tu vas travailler ! Avec moi. Ici. Dans cette serre. Tous les matins. Pendant que je fais mes boutures. Et on commence immédiatement. - Mais... On n'est pas le matin! - Ne fais pas la maligne, il n'y a pas de quoi ! » Il m'a fait asseoir sur une chaise de jardin en fer devant une table de jardin en fer. Ambiance de fer, discipline de fer, ça m'a refroidie. « Hé, il fait pas chaud, dans ta serre, Péjo... - Tant mieux ! Ça dégourdit le cerveau ! Tiens, tu vas commencer par me copier dix fois tes tables de multiplication ! - Toutes ? - Évidemment, toutes ! » Il s'est installé en face de moi. Il faisait semblant de s'intéresser à ses boutures, mais en fait, il me surveillait. J'ai attaqué la table
de 2. Les chiffres dansaient devant mes yeux. À sept heures du soir, quand Georges-­Albert est rentré de son atelier-poésie, j'en étais à peine à la table de 5… Chapitre 2 Sombres fêtes « Eh bien, Rosy, qu'est-ce que tu fabriques ? m'a lancé Georges-Albert, ahuri, en poussant la porte de la serre. - Je me gèle les doigts et la cervelle sur les tables de multiplication... » je lui ai glissé à voix basse, pour éviter que Péjo entende et me donne double-­dose de boulot. (Péjo est un peu dur d'oreille. Quelquefois, c'est
énervant. Mais souvent, c'est bien pratique…) « Et moi qui venais jouer avec toi, c'est le monde à l'envers, cette histoire ! » Il faut que j'explique que d'habitude, c'est toujours moi qui veux jouer et Georges­-Albert qui veut travailler. Il est le type le plus travailleur que je connaisse. Une catastrophe. Le genre à déguster les exercices de grammaire comme des bon­bons et à dévorer son livre de maths un mois avant la rentrée. Tout ce que je ne fais pas à l'école, lui il le fait et avec joie. Du coup, il a un an d'avance et moi un an de retard. Mais bon, on ne va pas passer le réveillon là-dessus... « Tu as un bon bulletin, toi, je suppose, G.A. ? » a lancé Péjo. (Mon grand-père appelle Georges-Albert par les initiales de son prénom. Un « petit nom» qu'il aime bien et qu'il est le seul à utiliser.) « Oui, excellent, merci, Joseph ! a répondu Georges-­Albert avec son petit sourire de premier de la classe qui m' exaspère. - Mmmmhhh... Ton père a bien de la chance ! » a grogné mon grand-père. J'ai lancé un regard noir à Georges-Albert. Il n'allait pas nous le montrer, non plus, son génial bulletin, pendant qu'il y était ? « Et le chantier, ça avance ? » j'ai dit. Avec ça, au moins, j'étais sûre de lui faire perdre son petit sourire. Depuis des semaines, l'Hôtel Bordemer ressemblait à un champ de bataille. M. Bordemer avait voulu profiter de la basse saison pour remettre à neuf le chauffage. Résultat : une montagne de sable et une forêt de tuyaux bouchant l'allée centrale. Une machine à fabriquer du ciment tournant en permanence au pied du perron. Ça devait durer trois semaines. Ça faisait trois mois que les ouvriers étaient là. Dès qu'ils changeaient un bout de tuyau, ils s'apercevaient que le bout d'après était aussi abîmé que celui d'avant et ainsi de suite dans tout le bâtiment. Il y avait des trous partout, des bâches partout, des gravats partout. Et la facture s'alourdissait. Et l'humeur de M. Bordemer aussi, encore plus vite que la facture... Georges-Albert se faisait gronder du matin au soir et du soir au matin, comme si c'était lui qui avait cassé le chauffage. Guitte, la femme de chambre, était partie avec son fils Bébé-Lu, se réfugier en ville, chez Mme Simone, la cuisinière. Georges-Albert et son père vivaient retranchés dans le bureau du rez-de-chaussée. Ils se chauffaient au feu de bois dans la cheminée. « Vous savez combien il faisait, ce matin, quand je me suis réveillé ? nous a demandé Georges-Albert. - Non, combien ? - 13° ! - Heureusement que vous ne cultivez ni gardé-