>   Hôtel Bordemer Tome 5 : Plumes et poils à tous les étages
Hôtel Bordemer Tome 5 : Plumes et poils à tous les étages

Hôtel Bordemer Tome 5 : Plumes et poils à tous les étages

9-12 ans - 39 pages, 11782 mots | 1 heure 26 minutes de lecture | © Fanny Joly Numérik, 2000, pour la 1ère édition - tous droits réservés


Hôtel Bordemer Tome 5 : Plumes et poils à tous les étages

9-12 ans - 1 heure 26 minutes

Hôtel Bordemer Tome 5 : Plumes et poils à tous les étages

S'il y a une chose que papa ne supporte pas dans son hôtel, ce sont les animaux. Mais quand une cliente est arrivée avec un adorable petit chat dans les bras, je n'ai pas eu le courage de lui dire non. J'étais loin de me douter que suivraient un chien de chasse et un perroquet et qu'il allait falloir se surpasser pour faire s'entendre tout ce petit monde...

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Extrait du livre Hôtel Bordemer Tome 5 : Plumes et poils à tous les étages

Hotel Bordemer, une serie de 11 romans écrits par Fanny Joly Editions Fanny Joly Numerik Tome 5 : Plumes et poils à tous les étages


Dans ce livre c'est moi Georges-Albert Bordemer qui raconte l'histoire. J'ai 10 ans.
Chapitre 1 L'ami des bêtes Mon père et moi, il y a des choses sur lesquelles on est d'accord... quelquefois. Par exemple, le foie gras : il en fait venir de très loin chaque année pour Noël. Moi, je serais capable de venir d'encore plus loin pour en manger. J'adore ça. Autre exemple : la sieste. Chaque jour, après le déjeuner, mon père s'enferme dans son bureau pour piquer un somme sur son canapé. Il accroche un panneau "Ne pas déranger" à sa porte. Ce n'est pas moi qui risque de le déranger : dès que je peux, je fais comme lui ! Mais on n'est pas d'accord sur tout, papa et moi, ce serait trop beau. Et il y a vraiment une chose sur laquelle on n'est pas d'accord du tout : les animaux. Depuis que je suis tout petit, c'est ma passion. Sur l'arche de Noé, j'aurais pris n'importe quelle cabine, j'aurais même accepté de ramer dans les soutes ! Mon père, lui, c'est l'inverse. Il ne veut pas en entendre parler. Pour mes six ans, j'ai demandé un chat, j'ai eu un livre sur les chats. Pour mes sept ans, j 'ai demandé un chien, j'ai eu un livre sur les chiens. Pour mes huit ans, j 'ai demandé un hamster, j 'ai eu un livre sur les hamsters. Pour mes neuf ans, j'ai demandé un lapin, j'ai eu un livre sur les lapins. Aujourd'hui, j'ai dix ans et je ne sais plus quoi demander... Ma bibliothèque est plus remplie que celle d'un vétérinaire. Mon père s'imaginait peut-être que ces livres allaient me faire passer l'envie d'avoir un vrai animal à moi. C'est raté. Ou plutôt, c'est le contraire : plus je les lis, plus j'en ai envie ! Parfois, je pense que, si ma pauvre maman était encore vivante (elle est morte, hélas, quand j'étais tout petit), j'aurais peut-être réussi et ça me rend triste. Aussi triste que quand papa me dit : « Georges-Albert, franchement, qu'est-ce qu'on ferait d'un animal dans cet hôtel ? Tu ne trouves pas qu'on a déjà assez de travail comme ça ? »
C'est vrai que, pour faire marcher un hôtel comme le nôtre, il faut de l'énergie. On se lève avant le pre­mier client et on se couche après le dernier. Surtout papa. À part sa demi-heure de sieste, il n'arrête pas ! (Dans les autres hôtels, ça doit être pareil, mais moi, j'habite l'hôtel Bordemer. Il appartient à ma famille depuis... au moins Napoléon, alors je parle de ce que je connais !) Bref, je suis persuadé qu'un ani­mal, ça nous changerait les idées... Mais quand j'explique ça à mon père, il fronce les sourcils, remonte ses lunettes et soupire : « Georges­-Albert, je suis en train de faire mon bilan prévisionnel ( ou mon listing d'approvisionnements ou mes calculs de rendement), est-ce que tu crois vraiment que j'ai besoin de me changer les idées ? J'ai besoin de rester concentré, au contraire ! » O.K.! Mon bilan à moi est fait depuis longtemps : la chance pour que j'aie un jour un animal est égale à zéro. Surtout après l'histoire du boa. Ça s'est passé l'an dernier, au mois de mai. Un client barbu à lunettes, très gentil et très discret, est resté une semaine dans la chambre 5 avant qu'on s'aperçoive qu'il avait apporté un boa dans les bagages ! Et la manière dont on s'en est aperçu a été terrible : un matin, le serpent s'est glissé par la fenêtre entrouverte jusqu'au bal­con de la chambre d'à côté où une cliente se faisait bronzer. Il n'a pas eu le temps de lui faire de mal. Elle s'en est chargée toute seule : elle a sauté du premier étage et elle s'est cassé les deux bras. Ça ne l'a pas empêchée d'attaquer papa en justice dès qu'elle est sortie de l'hôpital. Elle a réclamé plein de dédommagements. (J'ai cherché dans le dictionnaire, ça veut dire qu’on paie pour réparer un mal­heur qu'on a causé...) Je ne sais pas exactement combien, mais à mon avis beaucoup, vu l'état de nerfs de mon père à son retour du tribunal. Pour se venger, papa a voulu faire un procès au client barbu. Le jour de l'accident, il était parti en vitesse avec son boa.
Papa n'a jamais réussi à lui remettre la main dessus : il avait donné un faux nom et une fausse adresse. Même sa barbe était fausse, il paraît. Il n'y a que le boa qui était vrai ! Après cette histoire de boa, papa n'a plus accepté les animaux à l'hôtel. (Jusque-là, il laissait passer un petit chat par-ci, un petit oiseau par-là, quand l'hôtel n'était pas trop plein...) J'ai eu beau lui expliquer sur tous les tons que le boa, c'était un accident, il me répon­dait sur tous les tons que des acci­dents, il en arrive tant et tant que ça remplit les journaux chaque matin... J'ai essayé de me consoler en éle­vant des hannetons en cachette. Je suis arrivé à en avoir jusqu'à trente-neuf. Certains étaient vraiment magnifiques, gros et brillants comme les dattes fourrées que Madame Simone, la cuisinière, fabrique pour les fêtes de fin d'année, quand elle est de bonne humeur. Mais un matin où Guitte avait dû danser encore plus tard que d'habitude (Guitte, c'est la femme de chambre, quand elle part danser le soir, per­sonne ne sait ce qui peut arriver le lendemain...), elle a renversé mon élevage en passant l'aspirateur. Quand je suis rentré de l'école, je n'ai retrouvé qu'un seul hanneton, le plus vieux, le seul qui n'avait pas eu le temps de filer. Les autres avaient disparu. J'en ai retiré plu­sieurs du sac de l'aspirateur. Ça m'a dégoûté, j'ai abandonné. Pen­dant un temps, j'ai pensé essayer l'élevage de crevettes. Mais je me suis dit qu'avec ma veine, si Madame Simone tombait dessus, je risquais de retrouver mes crevettes en salade ou en pâté... Le mois dernier, en voyant Jérôme Clave partager des patins à roulettes avec Félix Brujot, j'ai eu une idée. Ce n'est pas que j'aime spécialement Jérôme, ni Félix, ni le patin, mais, vous l'avez com­pris, j'aime les animaux. Pourquoi ne pas partager un animal avec Rosy ? Rosy, c'est la petite-fille de Joseph, le jardinier, la fille la plus «adorabominable» que j'aie jamais rencontrée. (Certains jours, elle est adorable et d'autres, abo­minable. Du coup, j'ai inventé ce mot spécialement pour elle : «ado­rabominable».) Rosy vit seule avec son grand-­père dans une cabane au fond du jardin. Joseph adore la nature, les fleurs, les légumes... Peut-être qu'il accepterait un animal chez lui. Les animaux font partie de la nature, après tout. Surtout si c'est moi qui m'en occupe et qui paie tout... (Joseph est super-sympa, sauf quand il doit sortir son porte-monnaie. Là, il devient un vrai rat !) Un soir, au début du mois de juin, je suis passé à la cabane, his­toire de tâter le terrain. Rosy aussi tâtait le terrain, si on peut dire : elle s'entraînait à marcher sur les mains. « Dis donc, Rosy, je pense à quelque chose, tu aimes bien les animaux, toi, hein ? - Mmmm... ouais »
Elle avait l'air plus préoccupée par son entraînement que par ma question. « Fais attention, tes cheveux traînent par terre... - Pas grave je viens de les laver. - Justement, tu es en train de balayer les saletés…" D'un bond, elle s'est remise sur ses pieds. Elle a agité sa crinière en faisant tourbillonner un nuage de poussière. "Qu'est-ce que tu disais ? - Non... Juste... J'avais une idée tu n'aimerais pas qu'on partage un animal, toi et moi ? » Elle a rigolé. « Partager, tu veux dire, le couper en morceaux ? - Très drôle ! Non, Je parle d'un animal qui nous appartien­drait à tous les deux. Un peu comme Jérôme Clave et Félix Brujot avec leurs patins. En copropriété, tu vois... L'animal, mettons, c'est moi qui l'achèterais, qui m'en occuperais, mais il habiterait chez toi…" Rosy m'a regardé avec des yeux en forme de roulettes. "Tu préférerais pas des patins ?" - Non… je préférerais un chat ! - Un chat ? Sûrement pas ! Je déteste les chats ! Un chien, plutôt ! Mais moi j'aimerais quand même mieux des patins ! » Papa dit toujours que Rosy et moi, on est comme chien et chat. Ce soir-là, c'était tout à fait ça. Il a suffi que je suggère un hamster pour qu'elle propose un lapin, que je lance : "oiseau" pour qu'elle réponde "poisson"… Et elle n'a pas arrêté de répéter : " De tout façon, je préférerais des patins !" Quand on démarre comme ça, est-il raisonnable d'aller plus loin ? C'est ce que je me suis demandé, ce soir-là, en me plon­geant pour la millième fois dans mon gros livre sur les chats…
Chapitre 2 Un miracle nommé Misty Le lendemain après avoir rêvé que j'étais un chat qui savait lire, écrire et parler, je traînais sous ma couette en calculant la moyenne de mes notes : 18 en français, 19 en maths, 16 en histoire, tien en dessous de 15… (Je n'insiste pas sinon je vais passer pour un crâneur. Bien sûr, je laissais de côté ma note de gym, moi qui n'arrive toujours pas à sauter 50 centi­mètres, ni à atteindre la moyenne. Je n'insiste pas non plus, Rosy se moque déjà assez de moi avec ça...) Je cherchais la récompense que j'allais demander à papa. Sans trop d'illusions, puisque la seule chose qui me ferait vraiment plaisir, ce n'était même pas la peine d'en parler, il me la refuserait... J'en étais là quand mon père est entré dans ma chambre, en costume-­cravate et sentant l'eau de Cologne. « Georges-Albert, je me sauve ! J'ai rendez-vous à la banque ! Tu n'oublies pas les croissants ! Et vas-y vite pour être rentré avant huit heures . Après, tu resteras dans les parages : si jamais il arrivait des clients, il ne faut pas les laisser filer. Neuf chambres vides pour un début juin, c'est notre plus mauvais taux de remplissage depuis que je tiens mes statistiques !" "Tu vas à la banque ! A cette heure-ci ? - J'ai un rendez-vous au siège, à Iode-sur-Mer. Je ne veux pas être en retard. C'est important. J'espère obtenir le financement du projet de véranda. Et puis il faut que je passe au garage, avant : la voiture fait un drôle de bruit. J'ai peur que ce soit l'embrayage ! Si c'est ça, la note va être salée !" J'ai hésité à parler des miennes, des notes. Mais j'ai senti que ce n'était pas le moment. Papa était déjà à la porte. "O.K ! fiston ? - O.K. ! p'pa !" Et voilà ! Plus question de rêvasser au lit !