>   Ka maté, patate !
Ka maté, patate !

Ka maté, patate !

9-12 ans - 22 pages, 3045 mots | 24 minutes de lecture | © Kilowatt, 2017, pour la 1ère édition - tous droits réservés


Ka maté, patate !

Ka maté, patate !

Antoine aime par-dessus tout jouer du piano et écrire des histoires. Un jour pourtant, son père l'inscrit au club de rugby sans lui demander son avis. Une histoire pour découvrir que finalement, le rugby c'est vraiment chouette et que des fois on peut se tromper.

Cet album a fait partie de la sélection du Prix Ruralivres Nord 2017-2018 et de la sélection du Prix l'Arbre à livres 2018-2019 à Landivisau. Il a également fait partie de la sélection Litteralouest, catégorie 7-8 ans, 2017-2018.

"Ka maté, patate !" vous est proposé à la lecture version illustrée, ou à écouter en version audio racontée par des conteurs et conteuses. En bonus, grâce à notre module de lecture, nous vous proposons pour cette histoire comme pour l’ensemble des contes et histoires une aide à la lecture ainsi que des outils pour une version adaptée aux enfants dyslexiques.
Dans la même collection : Voir plus
Autres livres écrits par Arnaud Tiercelin : Voir plus
Enregistrement(s) proposé(s) par storyplay'r

Raconté par Jade

narration avatar
Ecouter

Extrait du livre Ka maté, patate !

Ka maté, patate ! Arnaud Tiercelin & Lauranne Quentric


Chapitre 1 Tout ça, parce qu'ils me trouvent trop gringalet. Mais qu'est-ce que j'y peux moi si mes jambes sont musclées comme des allumettes ? Et mes bras comme des frites trop cuites ? Trop maigrichon, quoi. Enfin, ça, c'est la version officielle. Je ne suis pas
idiot, pas totalement ! Je me doute bien qu'il n'y a pas que ça ! Depuis que je suis à l'école, toutes les maîtresses racontent à mes parents que je suis trop réservé, trop timide, trop dans mon coin, trop à attendre que les autres participent, donnent les bonnes réponses. La dernière fois, la maîtresse n'y est pas allée de main morte : - Madame, votre fils est trop passif. Moi, trop passif ? Alors, Áa c'est la meilleure ! Je fais du piano, j'écris des tonnes d'histoires dans mon cahier de brouillon et je suis inscrit au club de Scrabble. Franchement, avec les devoirs du soir et jouer avec ma petite soeur Margaux, j'ai un emploi du temps de ministre. Donc, quand mon père a ouvert la bouche, non pas pour y glisser une part de pizza quatre fromages mais pour m'annoncer la grande nouvelle, il était 20h10. Je peux le dire avec exactitude, je n'ai pas arrêté de fixer l'horloge de tout le repas tellement je n'arrivais plus à regarder mes parents en face. Le soleil était déjà couché. Nous, on était encore à table. Papa m'a servi une autre part de pizza, maman donnait du jambon mouliné à Margaux. Et mon père, sans s'éclaircir la voix, a fait l'annonce : - Antoine, à partir de samedi, tu iras au club de rugby ! Voilà. Comme ça, direct, sans ménagement, sans prendre de pincettes, sans faire d'effet, sans faire d'effort, mon père et son éternel sens de la communication. Et ça a planté un couteau dans mon coeur, jeté un bâton dans mes jambes, un voile sur mes yeux. J'ai cru que j'allais pleurer mais non. J'ai serré
les dents et j'ai même esquissé un sourire. Ma mère, qui devine toujours tout, m'a parlé en me caressant le bras. - Ça va aller Antoine ? T'es tout pâle ! C'est pour ton bien, tu sais... Comme je ne voulais pas être désagréable et lui jeter ma part de pizza au visage, j'ai continué de sourire. Moi, au rugby ? Le truc où on se jette par terre pour un ballon ovale ? Si au moins, on pouvait tirer dedans ! Mais non, le rugby, c'est le sport où les types ont les oreilles bizarroïdes d'extraterrestres, le sourire édenté des sorcières et les cicatrices des plus grands bandits américains. Mais pourquoi ils me faisaient un coup pareil ? J'étais pourtant très sérieux à l'école. J'ai regardé l'horloge. J'ai regardé Margaux. J'ai encore regardé l'horloge. Le temps
n'avançait plus. Ma soeur mangeait son jambon avec les doigts. Et dire que ça allait bientôt être moi qui finirais sur le terrain, tout en miettes, tout en purée, tout mouliné... Chapitre 2 Le lendemain, à l'école, je me suis dépêché d'aller raconter ma soirée à mon meilleur copain Pablo. - Quoi, quoi, quoi ? Du rugby ? Attends, c'est trop cool, tu vas pouvoir faire des plaquages comme un All Black ! Alors ça, je n'en revenais pas ! Pablo adorait
le rugby. Et dire qu'il était mon meilleur ami. - C'est quoi un All Black ? Il a pouffé entre ses mains et comme il voyait que j'étais très sérieux, il a toussé avant de me répondre. - Eh bien, c'est l'équipe de la Nouvelle-Zélande. Tu sais, ils s'habillent toujours en noir. Ce sont les champions du monde ! Bon, là, je n'avais plus le choix. J'ai dit un gros mensonge. - Ah oui ! Les All Pack, ils sont trop cools ! - Mais non ! Pas les All Pack ! Les Blacks ! Black pour Noir, quoi ! Tu ne connais pas le haka ? Et là, il s'est mis en face de moi et il s'est tapé sur le ventre et les cuisses en chantant " ka maté, ka maté, ka maté... ". Il attendait sûrement que je fasse comme lui mais je ne connaissais pas ce truc. Heureusement, une maîtresse a sonné et on est allés se mettre en rang. Je me suis retrouvé à côté de Nina qui fait deux têtes de plus que moi et qui ne s'était pas aperçue que j'étais tout près d'elle. Elle est belle Nina, elle ressemble à une princesse. Surtout, qu'elle ne s'attache jamais les cheveux et que parfois, une mèche lui cache une partie du visage. Ça lui donne un côté mystérieux et très romantique. J'ai gratté ma gorge, j'ai tapé du pied, j'ai sifflé. Mais Nina parlait avec sa copine Océane qui était juste devant elle. Alors, j'ai pris une grosse voix : - Argh, ras-le-bol des maths, ça m'énerve... Nina ne m'a pas regardé mais la maîtresse en revanche m'a répondu : - Pas de chance, monsieur Antoine ! Car c'est ce qui est prévu... et jusqu'à midi !