Extrait du livre La fille et le cheval blanc
La fille et le cheval blanc aux origines de la soie en Chine De Chun-Liang YEH & Minji LEE-DIEBOLD Editions HongfeÏ
Au bord du lac Tai dans le sud de la Chine vivait une famille : un père, une mère et leur fille. La mère mourut alors que l'enfant était encore jeune. Le père, soucieux de trouver une compagnie à sa fille, lui offrit un poulain blanc.
À l'époque, la Chine souffrait des attaques répétées des tribus nomades des steppes du Nord. Les Chinois en âge de prendre les armes étaient régulièrement appelés à combattre ces ennemis, loin de chez eux. Cette année-là, les attaques étaient particulièrement violentes. Le père fut mobilisé pour rejoindre l'armée et garder la frontière du nord du pays. Il quitta son foyer à contrecœur, laissant sa fille seule à la maison avec son cheval.
Très vite, la fille et le cheval devinrent les meilleurs amis. « Cheval blanc, que tu es beau et intelligent ! Je peux tout te dire, tu le comprends. » Elle le nourrissait d'herbe fraîche et le désaltérait d'eau claire. De temps en temps, elle le montait pour une promenade autour du lac. Grâce à l'attention qu'elle lui portait, le cheval devint puissant, rapide et gracieux.
Malgré la compagnie de son cheval, la fille se sentait très seule : son père lui manquait. Elle attendait avec impatience son retour, mais les jours passaient sans que l'ombre du maître de maison n'apparaisse. Parfois, la fille confiait sa lassitude à son ami, alors elle se sentait mieux. Un jour, tout en caressant la crinière du cheval, plaisantant à moitié, elle murmura à son oreille : « Cheval, cheval, si tu pouvais ramener Père, je te prendrais pour époux. »