Extrait du livre L'auberge des ânes
L'auberge des ânes d'Alexandre Zouaghi, Chun-Liang Yeh et Clémence Pollet aux éditions HongFeï
L'auberge des ânes
Sous la dynastie des Tang en Chine, il y avait une ville prospère appelée Bianzhou. À l'ouest de la ville se trouvait une auberge. L'établissement était tenu par une femme répondant au nom de Sansan. À trente ans passés, Sansan vivait sans enfants ni parents. Personne ne savait d'où elle venait. Bien que seule, elle avait réussi à acquérir plusieurs maisons en vendant des galettes et de la bouillie de riz. Aussi surprenant que cela paraisse, ce commerce lui rapportait assez d'argent. Sansan avait même pu s'acheter plusieurs ânes.
L'auberge de Sansan donnait sur la route qui menait à la capitale de la Chine. Parmi les nombreux voyageurs qui passaient par là, il arrivait que certains ne puissent atteindre leur destination avant la nuit tombée. À ceux-là, l'hôtesse généreuse faisait toujours un prix pour les loger. Tout le monde s'accordait à dire que Sansan était faite pour ce métier ; on venait d'ailleurs de partout trouver le gîte et le couvert chez elle. C'est ainsi qu'un voyageur du nom de Zhao fit halte à l'auberge au cours de son voyage d'affaires vers la capitale.
Ce jour-là, Sansan recevait déjà une demi-douzaine de pensionnaires. Comme d'habitude, l'aubergiste se montra chaleureuse envers ses hôtes et leur proposa de goûter à son vin. Zhao ne buvait jamais, et se garda tout autant de participer aux bavardages. Après le dîner vint l'heure de se coucher. Sansan invita ses clients à s'installer sur les nattes de la grande chambre de l'auberge. Zhao, arrivé le dernier, se vit attribuer une couche tout au fond de la chambre, placée contre une cloison donnant sur les appartements de Sansan.