Les vacances, enfin !

Les vacances, enfin !

6-8 ans - 23 pages, 1586 mots | 13 minutes de lecture | © Kilowatt, 2023, pour la 1ère édition - tous droits réservés


Les vacances, enfin !

Les vacances, enfin !

En 1936, Jean et ses ami·es René, Claude, Suzanne et Luigi partagent leur quotidien à l’école, mais aussi en dehors, entre parties de pêche et de football. Leurs parents, ouvriers dans les usines de Saint-Étienne, travaillent dur pour subvenir aux besoins de leur famille. Le dimanche 3 mai 1936, leur quotidien bascule : le Front populaire est élu aux législatives. Bientôt, ce sont les travailleurs qui sortent dans les rues pour défendre leurs droits : de meilleures conditions de travail et des congés payés. En écoutant ses parents et la radio, et en discutant avec ses camarades, Jean est témoin des changements amorcés par l’élection du Front populaire. Il vit le combat des ouvriers à travers ses yeux d’enfant, mais il en saisit toute l’importance lorsque ses propres rêves prennent réalité, avec son départ à la mer pour ses premières vacances en famille.

"Les vacances, enfin !" vous est proposé à la lecture version illustrée, ou à écouter en version audio racontée par des conteurs et conteuses. En bonus, grâce à notre module de lecture, nous vous proposons pour cette histoire comme pour l’ensemble des contes et histoires une aide à la lecture ainsi que des outils pour une version adaptée aux enfants dyslexiques.
Dans la même collection : Voir plus
Autres livres écrits par Isabelle Collioud : Voir plus
Autres livres illustrés par Magali Dulain : Voir plus
Autres livres illustrés par Yui Togo : Voir plus

Extrait du livre Les vacances, enfin !

Les vacances, enfin ! 1936, les congés payés en France d'Isabelle Collioud-Marichallot et Magali Dulain aux éditions Kilowatt


Les vacances, enfin !
Le week-end ne se termine pas vraiment comme je l’imaginais : pour la première fois, on a perdu contre l’équipe de Jacques. Il fallait bien que ça arrive un jour ! En plus, une de mes semelles est fichue. Maintenant, je vais devoir attendre mon anniversaire pour avoir une nouvelle paire de chaussures de sport. Les copains aussi sont déçus, ils marchent loin devant, sans un mot. Claude, notre super défenseur, René, qui ne lâche jamais rien, et Suzanne, toujours à fond sur le terrain. Sans parler de Luigi, notre arbitre, qui prend son rôle très au sérieux. On dirait qu’il joue un France-Italie à chaque match. – Pourquoi tu traînes, Jean ? Ça fait cent ans qu’on t’attend ! s’exclame René, agacé. Il a raison, Claude va se faire punir s’il ne rentre pas à l’heure. Alors on se dit « à demain » vite fait, puis hop, chacun chez soi.
À la maison, je trouve mes parents collés au poste de radio, mais, affamé, je file direct dans la cuisine. J’avale un bout de pain quand soudain le son du poste monté à fond me fait sursauter : « Chères auditrices, chers auditeurs, bonsoir ! Ce dimanche 3 mai marque la victoire du Front populaire aux élections législatives. » Papa explose aussitôt de joie, secouant maman comme un prunier : – Tu te rends compte ! Oh, ça va changer pour nous maintenant, j’en suis sûr ! Les ouvriers vont enfin se faire entendre.
Mon père fait des blagues toute la soirée. Ma mère rayonne et je rigole, même si je ne comprends pas trop ce qui se passe. Voir mes parents heureux, ça me va ! Faut dire que ça fait un bout de temps qu’ils se démènent pour s’en sortir. Quand j’avais six ans, ils ont quitté leur travail aux champs pour être embauchés à l’usine à Saint-Étienne. Ils espéraient une vie meilleure et plus d’argent. Mais… ce n’est pas trop le cas pour le moment. Moi, j’aime la vie ici. Il y a de l’animation, plus de monde à l’école et, surtout, des amis que j’adore !
Le lendemain, en classe, c’est l’effervescence. À la fin de la leçon d’orthographe, monsieur Ducreux nous éclaire sur les évènements de la veille : – En un mot, le Front populaire est un parti politique qui promet de défendre les intérêts des travailleurs. Dans la cour de récré, ça repart dans tous les sens : – Je comprends mieux la joie de mes parents ! Mon père réclame depuis longtemps des protections pour les machines. Il a failli se couper un bras le mois dernier ! – Moi, ma famille a quitté l’Italie pour venir travailler en France, poursuit Luigi. Mais mon père râle quand même d’être trop mal payé.
– Pour ma mère c’est pareil, renchérit René. Six jours à l’atelier de couture et que le dimanche pour se reposer. Sans parler des courses, de la maison et de mes deux frangines ! La cloche nous interrompt au moment où Claude raconte qu’il se fait gronder sans arrêt. Ses parents n’en peuvent plus de ne pas joindre les deux bouts. C’est pas la joie chez lui !
Notre journée de classe bouclée, on a hâte de rejoindre Suzanne devant l’école des filles. Elles aussi ont beaucoup parlé des élections. Sur le chemin du retour, on prévoit de se retrouver jeudi. – Si on allait pêcher à l’étang ? propose Suzanne. – Ouiiii ! répond-on en chœur avant de se quitter.