Extrait du livre Mon ami de la jungle
Mon ami de la jungle De Marie Fouquet et Amélie Clavier Editions Kilowatt
Mon ami de la jungle
Chapitre 1 La première fois que je les ai vus, ils étaient en train d’emménager dans la maison d’en face qui n’était à personne. Moi, j’étais derrière le rideau du salon. Cette arrivée, c’était quelque chose. Il y avait eu des réunions avec la directrice de l’école
et le maire. Justin et Zoé, dans ma classe, prétendaient qu’on en avait même parlé dans le journal. Pourtant, il n’y avait pas eu tout ce bazar à la rentrée, pour l’arrivée de Zoé. Je n’ai pas compris tout de suite pourquoi tout le quartier s’agitait pour la venue de cette nouvelle famille. La semaine d’avant, maman et d’autres adultes étaient allés repeindre les murs, changer des ampoules, réparer les portes des placards qui coulissaient mal. Maman, avec son association, avait déjà fait ce genre de choses. Cette fois-ci, elle avait aussi apporté des chaises qui nous restaient dans le garage, celles qu’on utilisait pour les soirées barbecue, l’été, et mon père était même allé monter des lits que les voisins donnaient. À l’école, il y avait aussi eu une collecte de vêtements, de draps, d’assiettes et de jouets. J’avais un peu hésité
à l’idée de donner certains de mes jouets à je ne sais pas qui. C’est vrai, je ne me servais plus des Robocar Poli et puis j’en avais en double. Mais tout de même, ils étaient à moi ! Maman m’avait regardé bien droit dans les yeux, pas en colère, triste plutôt, elle avait ouvert la bouche puis l’avait refermée. Je ne sais pas pourquoi mais je me suis dit qu’il valait mieux ne pas la contrarier. Alors j’ai rajouté des voitures. Des que j’aimais bien. Chapitre 2 Nous, avec les copains de l’école, tout ce qu’on savait, c’est qu’une famille qui arrivait de très loin venait habiter dans notre quartier et qu’il y aurait un nouveau garçon dans la classe. Rien d’extraordinaire. Mais mes parents en parlaient beaucoup avec leurs amis. Un soir, ils ont reçu les voisins du bout
de la rue. J’étais dans mon lit, j’entendais des morceaux de conversation qui me parvenaient de la cuisine. – La situation est très difficile là-bas, tu imagines, avec des enfants ! – Je sais, c’est pour ça qu’on fait tout pour qu’ils se sentent bien ici. – Tu as vu les informations à la télé ? Il a beaucoup plu, les tentes sont plantées dans la boue. Je ne sais pas dans quelles conditions va se faire le démantèlement. – C’est vraiment terrible cette Jungle ! Je n’y comprenais pas grand-chose, simplement qu’ils venaient de la jungle. Paraît qu’il n’y a pas d’électricité dans la jungle mais j’ai lu dans un livre qu’il y avait des oiseaux de toutes les couleurs. Un matin de novembre, la maîtresse nous a parlé. Elle s’est éclairci la voix, qu’elle
avait toute tremblotante ; j’ai pensé qu’elle était malade. Elle a posé une fesse sur la petite table devant le bureau. C’était le signe qu’elle avait quelque chose d’important à nous dire, d’habitude elle ne s’asseyait jamais. On a pensé d’abord à un film, un spectacle, un projet. Mais non. Elle voulait nous annoncer l’arrivée de Nadim. Il avait vécu des moments difficiles avec sa famille, il avait dû quitter son pays rapidement. Après des semaines de voyage, ses parents, sa petite sœur et lui s’étaient installés dans un campement avec de nombreuses autres familles. Maintenant, ils étaient obligés de partir et le maire avait accepté d’accueillir une famille dans notre quartier. La maîtresse préférait ne pas nous en dire plus, elle disait qu’il fallait respecter cette nouvelle famille, qu’un jour, peut-être, le papa ou la maman