Extrait du livre Anisia
Il faisait nuit quand le bateau est arrivé. Une dame m’a dit « Joyeux Noël ». Moi j’avais froid aux pieds. On nous avait dit de prendre beaucoup de vêtements, mais ce n’était pas assez. Je ne savais pas ce que c’était que l’hiver et pour la première fois, de la fumée sortait de ma bouche quand je parlais.
Je serrais ma poupée, celle que ma grand-mère m'avait donnée quand je suis allée l'embrasser. Nous savions toutes les deux que c'était peut-être la dernière fois. Et quand elle m'a serrée dans ses bras, elle m'a demandé de ne jamais avoir peur et de ne pas pleurer.
Une fois à terre, c’est un monsieur qui nous a conduits pour nous montrer où nous allions habiter. Il y avait une petite pièce avec un grand lit. Le monsieur a dit à mon papa que c’était provisoire. Après il faudrait se débrouiller. Puis il est parti.
Les premiers jours, nous ne sommes pas sortis. Le matin, encore endormie, j’entendais mon papa partir au travail et j’aimais bien me serrer contre maman, sentir son parfum. Son odeur me rappelait l’endroit que nous avions quitté. Notre village.