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La tache de Léon

La tache de Léon

9-12 ans - 21 pages, 2813 mots | 22 minutes de lecture | © Kilowatt, 2016, pour la 1ère édition - tous droits réservés


La tache de Léon

La tache de Léon

Léon a une tache rouge qui couvre une partie de son visage. Et à 10 ans, le regard des autres enfants est parfois difficile à supporter. Heureusement, il y a la musique, les amis de la fête foraine et… Juliette.

"La tache de Léon" vous est proposé à la lecture version illustrée, ou à écouter en version audio racontée par des conteurs et conteuses. En bonus, grâce à notre module de lecture, nous vous proposons pour cette histoire comme pour l’ensemble des contes et histoires une aide à la lecture ainsi que des outils pour une version adaptée aux enfants dyslexiques.
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Raconté par Nicolas

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Extrait du livre La tache de Léon

La tache de Léon de Marion le Hir de Fallois et Séverine Perrier aux éditions Kilowatt


La tache de Léon
Chapitre 1 Les yeux verts de Juliette Sa mère lui dit toujours qu’il est le plus beau des petits garçons. Mais Léon sait que ce n’est pas vrai. D’ailleurs, même lui, il se trouve très laid. Il sait que la tache rouge qui
lui couvre la moitié du visage, de l’œil au bas de la joue gauche, grandit avec lui et ne partira jamais. Pourtant, hier il a eu dix ans et comme chaque année, il a quand même glissé sous son oreiller un petit mouchoir dans lequel il avait noué son secret, son plus grand souhait : « que le matin venu, ma tache ait disparu ». Alors ce matin, sa mère dormait encore quand il est allé se voir dans le miroir de la salle de bain. La tache était toujours là, encore plus vilaine que la veille. Léon ne veut plus jamais fêter son anniversaire, plus jamais aller à l’école où il doit toujours expliquer que cette tache n’est pas contagieuse, qu’elle ne s’attrape pas. Heureusement il y a la musique, le violon. Il en fait depuis qu’il est tout petit et quand il joue il oublie tout. La mélodie le porte, il se sent léger. Il sait que les gens peuvent
l’écouter en fermant les yeux. Léon va se recoucher, se glisser sous sa couverture pour se faire oublier. Il ne veut plus serrer les poings et retenir ses larmes à chaque fois qu’on se moque de lui. Tant pis, même Juliette, il ne la verra plus. Juliette, c’est la seule qui vient l’embrasser chaque matin pour lui dire bonjour, Juliette qui sent si bon le chocolat et qui lui a dit l’autre jour qu’elle avait envie d’être son amie. Juliette n’est pas comme les autres enfants. Avec ses vêtements bizarres et ses chaussettes dépareillées, elle se fiche de ce qu’on dit d’elle. Elle, ce qui l’intéresse, c’est le monde qu’elle raconte et les histoires qu’elle invente. D’ailleurs, quand elle parle de tous ces voyages qu’elle a faits avant d’arriver dans l’école du quartier, Léon ne sait jamais si c’est vrai. Mais il aime tellement quand elle parle de la grande muraille de Chine et des chevaux sauvages qu’elle a vus galoper dans les plaines, alors il se moque de savoir si tout cela est vraiment arrivé.
Chapitre 2 La fête foraine Et puis, il s’est senti heureux quand, mardi dernier, Juliette a posé ses grands yeux verts sur lui. Ce jour-là, Léon a d’abord cru que son cœur allait exploser et c’est comme si des ailes lui avaient poussé aux pieds. Il aurait même juré qu’il y avait un peu de magie quand elle lui a dit « moi, je te trouve très beau comme ça tu sais ». Mais aujourd’hui ça suffit, Léon n’en peut plus d’être ce petit garçon que tout le monde regarde d’un drôle d’air. Il en a marre de toujours faire le loup dans la cour. Il ne veut plus être celui qui fait peur. Léon s’est rendormi quand sa mère frappe à la porte de sa chambre ; elle veut lui dire que le grand jour est arrivé. Comment avait-il pu l’oublier ? Pourtant tous les ans, le lendemain de son anniversaire, la fête foraine, « la plus grande de toute la région » s’installe pour trois jours. Juste à côté de sa maison. Il peut la voir de la fenêtre du grenier. Alors il oublie l’école, il n’est plus ni le loup ni celui qui fait peur, il oublie tout, même le violon et entend son cœur battre à cent à l’heure.
Il s’habille très vite, il doit les retrouver. C’est sûr, ils seront tous là. Il ne pense plus à rien d’autre qu’à retrouver la fête et ses amis. Ou si, il pense aussi à Juliette. Il voudrait qu’elle soit là, il est sûr qu’elle courrait aussi, juste à côté de lui. C’est le début de la journée, il n’y a pas encore beaucoup de monde dans les allées. Les forains viennent de terminer de monter les manèges. Il aperçoit Serge, le patron du Grand Huit, qui l’appelle pour lui montrer les nouveaux wagonnets qu’il vient d’installer. Mais Léon n’a pas le temps pour l’instant. D’abord, il sait que Rita l’attend. La porte de sa caravane est entrouverte. Léon ne frappe pas.