Extrait du livre La Vraie Fausse Histoire du Minotaure
Thésée était taiseux, il parlait peu, voire très peu, voire pas du tout. Chassé très jeune de chez ses parents, il errait, cherchant sa place dans ce vaste monde. Où qu’il aille les gens s’interrogeaient et l’interrogeaient, mais Thésée se taisait. On pensait de lui qu’il était muet, idiot, fou ou même pire, qu’il était étranger! Alors, par crainte, on le chassait.
Quand Thésée arriva en Crète, il régnait une grande agitation. Selon la tradition, un jeune homme devait chaque année partir affronter le Minotaure.
« Qui es-tu? D’où viens-tu? Que veux-tu? Iras-tu terrasser le Minotaure? »
Comme Thésée se taisait, il fut décidé à l’unanimité (et une abstention) qu’il était d’accord et combattrait le Minotaure.
Thésée fut présenté au roi Minos et à sa fille Ariane. Un simple échange de regards suffit à Thésée et Ariane pour tomber amoureux. Minos lui expliqua précisément sa mission. Il devait simplement pénétrer dans le labyrinthe, gigantesque dédale de méandres sinueux, y débusquer la créature mi-homme mi-taureau, la défier et la vaincre, retrouver la sortie et ramener la tête du monstre aux pieds du roi.
L’autre possibilité, plus probable et plus expéditive, était qu’il se fasse encorner. Bien que terrifié, comme à son habitude, Thésée se tut. On lui fit alors prendre armes, provisions et le chemin de la sortie.
Faisant route vers le labyrinthe, Thésée s’aperçut qu’une bobine de fil rouge accompagnée d’un petit mot avait été glissée dans son bagage:
En présent, ce fil rouge, comme l’amour qui nous lie. Déroule cette bobine à travers les périls, ne charge point ton cœur d’une peur inutile et revient prendre femme ton destin accompli. Ne prends pas froid.Bisous. Ariane
Thésée s’interrogea. À quoi pourrait bien lui servir ce fil. Se tricoter une écharpe? Raccommoder un bouton? Faire de la corde à sauter? C’est alors qu’il vit le labyrinthe. un incroyable enchevêtrement de couloirs qui se perdait à l’infini. Sa taille dépassait tout ce qu’il avait pu imaginer.
Il ne pourrait assurément jamais s’y repérer. Jamais, à moins de pouvoir marquer son chemin. Des cailloux, il n’en avait pas, une craie, il n’en avait pas, un fil… il en avait un! C’était donc ça!