Extrait du livre Paris-Paradis (troisième partie)
Paris-Paradis (troisième partie) de Didier Jean, Zad et Bénédicte Nemo aux éditions Utopique
Résumé des épisodes précédents : Comme bien d'autres avant lui, Moussa rêve de goûter au sirop de Paris-Paradis. Il laisse au village sa mère, Saka-Mama, qui n'a pas su le dissuader de suivre «le chemin des mirages». Il marche longuement sur des pistes sans fin, voyage tantôt à l'avant d'un camion, tantôt à l'arrière d'un taxi-brousse, ou à bord d'une pirogue qui menace à tout moment de chavirer. Après bien des épreuves et des rencontres, sa route croise celle de Chloé, qui l'aide à passer la frontière. À la fin de la deuxième partie, Moussa débarque enfin à Paris, où il est sur le point de retrouver son cousin Koffi.
La joie de Moussa est grande lorsqu'il serre enfin Koffi dans ses bras. Celui-ci habite avec un autre cousin, Cissé*, ainsi qu'un vieil homme, Coudou, et deux jeunes sans-papiers, Tiécoura et Sarakollé. Tous le pressent de relater son voyage. Moussa trouve alors les mots pour raconter le chemin d'espoir jalonné d'embûches. * Voir le tome 1.
Après les embrassades, Moussa descend au café, chez Temba, pour téléphoner à Chloé et partager avec elle sa joie d'y être arrivé. Puis, avant de se reposer, il rédige une longue lettre, où il annonce à Saka-Mama qu'il a finalement atteint les rives de Paris-Paradis. Au bout de la patience, il y a le ciel.
Passé l'excitation des premières heures, Moussa cache mal sa déception, lorsqu'il réalise où vivent ses cousins. L'orgueilleux Cissé, qui se pavane au pays avec ses dents en or, et Koffi, dont la femme possède le plus bel atelier du village, ceux-là mêmes qui l'avaient fait rêver de Paris-Paradis, logent misérablement dans ce minuscule appartement, dont les toilettes sont sur le palier.
Moussa ne se laisse pas abattre pour autant. Chaque jour, grâce à Koffi, il découvre une nouvelle facette de Paris. Paris la grise où il fait si froid. Paris la belle, avec ses grandes avenues, ses beaux quartiers. Paris sans fin, où l'on se perd, puis se repère grâce aux noms des rues. Quelle différence avec son village où il suffit de dire qu'on habite près du jujubier pour indiquer sa maison !
Moussa arpente prudemment Paris la souterraine et ses longs couloirs de métro où, malgré la peur des contrôles, il s'attarde parfois à écouter les musiciens. Paris la dangereuse, où il apprend rapidement à se méfier des hommes en uniforme. Car, sans papiers, s'il est arrêté, c'est l'expulsion. Le grain de maïs a toujours tort devant la poule.