Extrait du livre Paris-Paradis (deuxième partie)
Paris-Paradis (deuxième partie) de Didier Jean, Zad et Bénédicte Nemo aux éditions Utopique
Résumé de la première partie : Moussa rêve de goûter au sirop de ParisParadis. Impressionné par la réussite de son cousin Cissé, il veut tenter l'aventure. Saka-Mama, sa mère, cherche les mots pour le dissuader de suivre le chemin des mirages. Elle lui rappelle toute la richesse de sa culture ancestrale, ainsi que les dangers qui l'attendent s'il part là-bas. Même Oumar, le vieux griot, tente de le retenir. Mais Moussa décide de laisser son cœur le guider vers une autre destinée. Le vieil homme lui confie alors une amulette qui le protégera tout au long du voyage... Saka-Mama, respectant son choix, lui fait promettre de revenir un jour.
Comme bien d'autres avant lui, Moussa prend le chemin de Paris-Paradis. Il marche longuement sur des pistes sans fin, traverse des villages, des déserts. Il voyage tantôt à l'avant d'un camion, tantôt à l'arrière d'une mobylette, ou coincé dans un taxi-brousse, entre une mama volubile, une cage à poules et un vieil homme silencieux.
Moussa avance sans marquer de pause. Sans laisser de place au doute, il avance face au vent brûlant et tout son corps tend vers l'horizon. Le chemin importe peu, la volonté d'arriver suffit à tout, se souvient-il. Sur sa route, les gens sont bienveillants. Ainsi ce marchand qui lui offre des galettes de manioc. Il retrouve en Moussa un peu de son fils, parti lui aussi pour Paris-Paradis, et dont il est sans nouvelles depuis bientôt trois ans. Ou cette vieille femme qui, en échange de ses bras vigoureux pour rapporter l'eau du puits, l'abrite pour une nuit.
Un jour, il croise Salif. Salif, au regard franc et au sourire éblouissant, qui donne aussitôt envie d'être son ami. Le jeune homme connaît bien le chemin qui conduit à la mer et lui propose de l'accompagner. Mais la nuit qui suit, Salif disparaît avec le sac de Moussa et tout ce qu'il contient. - Bouche de miel, cœur de fiel..., se moquerait Saka-Mama si elle était là. Le garçon, effondré d'avoir été trahi, a bien du mal à reprendre son voyage.
Heureusement, le sac volé par Salif ne contenait que des habits et un peu de nourriture. Sa vraie fortune se tient dans un sac en plastique que Moussa garde précieusement... dans sa culotte, comme le lui avait conseillé son cousin Cissé.
Un soir, Moussa est enfin récompensé. L'eau salée envahit tout l'horizon. Comme bien d'autres avant lui, il trouve une place sur un bateau contre une bonne part de ses économies.