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Ezima ou le jeu des trois sauts

Ezima ou le jeu des trois sauts

9-12 ans - 22 pages, 2548 mots | 20 minutes de lecture | © Utopique, 2020, pour la 1ère édition - tous droits réservés


Ezima ou le jeu des trois sauts

9-12 ans - 20 minutes

Ezima ou le jeu des trois sauts

Un jour d’avril, Ezima débarque dans la vie de Sybille et chamboule son quotidien avec sa voix aux accents chantants. Accents qui, à l’école, ne plaisent pas à tout le monde… Face au regard des autres, Sybille doit alors faire un choix : défendre sa nouvelle amie, ou l’ignorer pour ne pas être exclue du groupe. Quand elle trouve enfin le courage d’assumer cette amitié, elle doit supporter les moqueries et harcèlements de ses anciens camarades. C’est finalement Ezima, grâce à sa ténacité, son audace, et le jeu des trois sauts, qui aidera Sybille à franchir le mur dressé contre elles deux, et saura se créer une place dans le cœur de tous...

"L'amitié est toujours la plus forte et l'on sort grandi avec cette lecture ! Harcèlement, racisme, préjugé sont les fils conducteurs de cet intéressant récit." Libbylit

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Raconté par Thomas

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Extrait du livre Ezima ou le jeu des trois sauts

Ezima et le jeu de trois sauts de Didier Jean, Zad et Lucie Albon aux éditions Utopique


Ezima et le jeu de trois sauts
1 Ils étaient arrivés pendant les vacances de Pâques. Une famille avec le père, la mère, la grand-mère et trois enfants, dont une fille qui semblait avoir mon âge. La commune les avait hébergés dans l’appartement vide au-dessus de la mairie. On m’avait dit qu’ils fuyaient un pays en guerre. Depuis des mois, on parlait des migrants à la télé, à la radio, sur les réseaux. Tout ça me paraissait lointain. Et voilà qu’il en venait par ici. J’étais curieuse d’en savoir plus, vous pouvez me croire, et je n’étais pas la seule.
Dans notre petite ville, on ne voyait pas souvent des étrangers, alors cet évènement occupait toutes les conversations. Il y avait les « pour », comme mes parents, qui donnaient de leur temps pour aider ces pauvres gens. Il y avait les « contre », qui disaient que c’était bien gentil, tout ça, mais qu’on ne pouvait pas accueillir toute la misère du monde ! Mes parents faisaient partie d’une association qui venait au secours des plus démunis. De temps en temps, j’accompagnais ma mère, qui donnait des cours de français aux jeunes étrangers. Avec mon père, j’apportais des vêtements, de la nourriture, ou encore des jouets pour les enfants. C’est comme ça que j’ai rencontré Ezima. Avec elle, tout a commencé en douceur. La première fois, on s’est regardées timidement. Aucune de nous n’a vraiment osé croiser le regard de l’autre. La deuxième fois, elle et moi avons sorti nos plus beaux sourires. Le sien était éblouissant. La troisième fois, elle m’a demandé très naturellement, comme si on se connaissait depuis toujours : – Tu veux jouer aux trois sauts ? Évidemment, je n’ai pas dit non, je ne sais pas dire non à un jeu. Ezima a donc posé devant elle un des bâtons qu’elle tenait à la main.
Les pieds joints, elle a sauté trois fois le plus loin possible. Puis elle a posé la deuxième branche à ses pieds. Je me souviens de sa grande force et de sa légèreté tout aussi impressionnante. – À toi, maintenant ! m’a lancé Ezima en me tendant un autre bâton. À mon tour, j’ai sauté trois fois comme lorsque je joue à la marelle. De jolis petits sauts, oui, mais pas suffisants pour dépasser Ezima, l’oiseau migrateur.
2 Ma nouvelle amie parlait assez bien français, avec un drôle d’accent, un accent chantant. Elle dévorait chaque livre que je lui apportais. Elle voulait tout savoir sur ce monde nouveau qu’elle découvrait. Je m’étais donné comme mission de répondre à chaque question qu’elle me posait. Sa gentillesse et sa joie de vivre non plus ne connaissaient pas de limite. En revanche, lorsque je l’interrogeais sur son pays d’origine, elle restait bien silencieuse. Si j’insistais un peu, elle semblait chercher ses mots pour m’expliquer
quelque chose de très compliqué. Après plusieurs tentatives, j’abandonnai ce sujet visiblement délicat. Comme par magie, Ezima retrouva instantanément tout son vocabulaire. Ce mystère autour de son passé ne nous empêcha pas de devenir inséparables pendant les vacances. Mais notre amitié se trouva soudain menacée le jour de la rentrée. Ce moment me bouleversa tant qu’il est resté gravé dans ma mémoire. Pourtant, la journée promettait, le soleil avait mis un tee-shirt et il faisait bon dans la cour de l’école lorsque j’y entrai. J’aperçus aussitôt Ezima. Seule et droite comme un i. Elle, mon amie. Entourée, presque cernée, par certains élèves de l’école. Ils se moquaient d’elle, de ses vêtements, de son accent... Tandis que je m’approchais, mon cœur battant à exploser, j’entendis Blanche déclarer brutalement :