>   Gengis Kahn et la disparition du Kök Tengri
Gengis Kahn et la disparition du Kök Tengri

Gengis Kahn et la disparition du Kök Tengri

13-15 ans - 30 pages, 4680 mots | 35 minutes de lecture | © Zoom éditions, 2011, pour la 1ère édition - tous droits réservés


Gengis Kahn et la disparition du Kök Tengri

13-15 ans - 35 minutes

Gengis Kahn et la disparition du Kök Tengri

Avant de devenir le Gengis Kahn, chef suprême de la Horde d'Or, qui s'empara de toute l'Asie ainsi que des confins de l'Europe, Tejmüdjin n'était que l'orphelin de Yesugeï, berger mongol traîtreusement assassiné. Promis avant le drame à Boerte, la fille du chef d'une puissante tribu, notre héros se met en tête de retrouver la statue du dieu Kök Tengri, Seigneur du Ciel et de la Terre, dérobée à la tribu de sa promise. Le jeune mais ambitieux berger retrouverait sa dignité et son honneur en déjouant les plans des mystérieux voleurs.

"Gengis Kahn et la disparition du Kök Tengri" vous est proposé à la lecture version illustrée, ou à écouter en version audio racontée par des conteurs et conteuses. En bonus, grâce à notre module de lecture, nous vous proposons pour cette histoire comme pour l’ensemble des contes et histoires une aide à la lecture ainsi que des outils pour une version adaptée aux enfants dyslexiques.
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Extrait du livre Gengis Kahn et la disparition du Kök Tengri

Gengis Kahn et la disparition du Kök Tengri Écrit par Anna Boulanger aux éditions zoOm éditions


Gengis Kahn et la disparition du Kök Tengri
Chapitre I Depuis toujours, Temudjin avait une peur panique des chiens.Ce matin encore, entouré d’un épais nuage de poussière, il pénétrait dans la forêt d’Œtuken ! C’est toujours là-bas qu’il se réfugiait pour échapper à la poursuite d’un chien. La forêt d’Œtuken, en tant que terre sainte, était l’abri le plus sûr qui pouvait exister. Sous le
regard du Dieu-Ciel et dissimulé par les cèdres, les mélèzes et les pins qui recouvraient abondamment la montagne à cet endroit, il attendait, retenant sa respiration, collé contre l’un de ces longs troncs. Les aboiements disparus, il retrouvait calme et courage, et pouvait sortir de sa cachette... Ce matin, Temudjin s’était levé bien avant le soleil. Il s’était vêtu dans le noir, silencieusement. Il avait suspendu à sa ceinture l’étui de son arc et son carquois ; son arc pendait sur sa cuisse gauche, et en travers de ses reins, ses flèches pointaient leurs barbes à droite, comme le lui avait enseigné son père. Voilà près de trois ans que Yesugeï, le père de Temudjin, avait été assassiné... Temudjin s’était glissé dehors le plus discrètement possible pour ne réveiller personne. Il était encore tôt pour se mettre en route pour la chasse aux alouettes, aux canards et oies sauvages ou aux poules noires des steppes qui pourraient composer le repas de la famille. Il était tôt pour les oiseaux, mais c’était l’heure idéale pour surprendre les yaks !Jusqu’à ses neuf ans, Temudjin avait été élevé par son père dans le respect des traditions et nourri de récits mythiques et ancestraux. Parmi toutes les légendes que son père lui avait contées, une ancienne croyance venue d’on ne sait quel endroit
de Turquie ou de Mandchourie l’avait fasciné. Elle assurait que celui qui possédait un étendard tissé de neuf queues de yaks acquérait le pouvoir et la chance des princes. Temudjin avait décidé qu’un jour il aurait cet étendard, qu’un jour il serait roi des steppes, qu’il règnerait sur toutes les terres allant de l’Orkhon jusqu’à la mer, et même au-delà... et qu’il vengerait son père. Ces trois dernières années, Temudjin avait étudié les yaks et avait appris à les repérer. Il avait acquis la patience et la ruse ; il savait désormais tromper l’odorat si particulièrement développé de ces créatures et leurrer cette ouïe si fine qui leur permettait d’entendre à plusieurs kilomètres ! L’enfant savait parfaitement reconnaître les traces laissées par le gros mammifère et une fois repéré, il arrivait à le pister et à le suivre, même de très loin. À force d’entraînement quotidien, Temudjin avait également acquis une maîtrise des armes peu commune ; il usait du poignard avec force et tirait à l’arc avec la précision d’un soldat aguerri ! Ce matin, quand le chien était apparu, Temudjin venait juste de décocher une flèche à un yak splendide. Celle-ci avait atteint l’animal dans le haut de son cou, à deux pouces sous ses cornes. Affolé, le yak s’était mis à remuer dans tous les
sens avec violence. La flèche était tombée et avait libéré un petit trou d’où de petites gouttes de sang s’écoulaient, petit à petit. L’animal s’affaiblissant avait perdu toute attention et le jeune garçon avait pu s’en approcher, comme s’il avait été inaudible et inodore. Il avait avancé lentement, jouant de la seule faiblesse connue des yaks : leur mauvaise vue. Il se jeta sur le dos du mammifère, et le poignard à la main, il avait entrepris de découper sa queue. C’est alors que des aboiements tout proches s’étaient faits entendre. Horrifié, l’enfant avait pris ses jambes à son cou et avait renoncé à sa quête pour détaler vers la forêt... Il avait couru longtemps et le chien avait finalement perdu sa trace. Les aboiements évanouis, Temudjin avait attendu un peu avant de sortir du bois. Un long moment avait passé. Il n’avait désormais plus le temps de retourner chercher son trophée, la troisième queue de yak de son touq. Cela le rongeait au plus haut point, mais il n’avait pas le choix, le temps avait passé et il devait maintenant partir pour la chasse s’il voulait pouvoir ramener quelque chose pour le déjeuner.À la mort de Yesugeï, toute la famille avait été bannie de la tribu. Temudjin vivait depuis dans la steppe, aux sources du Kerülen, avec ses cinq frères, sa sœur et sa mère, Hœ’elun. Tous les jours, les trois aînés devaient ramener de quoi nourrir
toute la famille. Lui s’occupait du gibier et Qasar et Qatch’ioun de la pêche. Ces derniers ramenaient généralement quelques truites lenoks, ombres ou autres petits poissons, parfois un petit tamien, mais jamais suffisamment pour remplir huit estomacs. Temulun, la sœur de Temudjin, elle, partait avec deux autres de ses frères cueillir des baies et des herbes, et ramasser des champignons, des racines et des aulx, tandis que Hœ’elun se chargeait de traire les animaux, préparer le yaourt, l’alcool de lait, le beurre et le fromage sec. Seul Temuge, le cadet, restait dans la yourte: de coutume, le plus jeune de la famille était le « prince du feu », le gardien du foyer.Chapitre 2Le soir venu, une fois que tout le monde fut couché, Temudjin se faufila hors de la yourte pour rejoindre la steppe. Il n’aimait pas sortir la nuit. Lorsque l’obscurité s’était installée, au milieu du silence, il était encore plus vulnérable que le jour. Lui n’avait pas l’odorat ou l’ouïe du chien Mongol, ce colosse aux longs poils noirs hirsutes et aux dents acérées ; Temudjin le savait et cela augmentait sa frayeur...
Mais ce soir était étonnamment clair, dénué du moindre brouillard. Temudjin pouvait donc distinguer le paysage de la steppe presque aussi nettement qu’en plein jour. Il pouvait presque compter les fleurs des clématites, de chiendents ou d’absinthes qui parsemaient le sol jusqu’à dix mètres autour de lui. Aucun danger ne pouvait le surprendre ! Temudjin enfourcha un petit cheval gris aux reflets d’argent et c’est donc d’une vive allure qu’il dévala les prairies, longea rivières et lacs et cavala à travers la steppe. Il aperçut au loin la forêt d’Œtuken où il avait trouvé refuge le matin. Il ne mit pas longtemps à rejoindre l’escarpement où il avait suivi le yak, au bas du Mont Bogdkhan. Personne ne semblait être passé par ici depuis son départ. À vrai dire, il n’y avait là rien d’étonnant ! Cet endroit n’était que très rarement, si ce n’est même jamais visité. Non pas qu’il était excessivement dangereux, mais, alternativement balayé par des vents violents, inondé par un soleil torride ou par de tumultueux orages, le paysage était un véritable désert sans intérêt pour aucune des tribus des alentours. Les campements étaient installés dans la steppe à proximité des rivières, des lacs et des prairies ou bien dans les bois et forêts qui habillaient la montagne. Le yak était toujours là. Il descendit de cheval et prit
son poignard. D’un coup net, il découpa la queue de l’animal et, de la main gauche, en apprécia un moment la dense et soyeuse toison. Satisfait, gonflé de fierté, il suspendit son précieux trophée à sa taille à côté de son poignard, resserrant sa ceinture dessus. Le sourire lui traversait tout le visage. Il réenfourcha sans attendre son cheval et reprit le chemin du campement imaginant mille scénarios de campagnes d’invasion !Un nuage, alors, traversa le ciel... Le paysage devint en un instant d’un noir total ! Temudjin ne distinguait plus rien. Il avait la tête qui tournait. La seule pensée qu’un chien Mongol était peut-être là, tout près, quelque part dans ce noir, le hantait. Il se sentait perdre l’équilibre sans rien pouvoir faire. Son corps vint se poser juste contre celui de sa monture. Il menaçait d’en tomber à tout instant mais au contact du petit corps chaud et palpitant, l’animal ralentit... Temudjin fermait les paupières de toutes ses forces... Son cœur battait très fort, jusqu’à lui donner la nausée. Cela dura peut-être une poignée de secondes avant que le nuage ne se dissipe et ne laisse percer la lumière de la lune ! L’air embauma soudainement une étrange odeur. Le vent soufflait un parfum doux et épicé... Temudjin rouvrit alors les paupières. Il fut surpris de voir qu’il était encore si près du Mont