Extrait du livre Le dattier du sultan
Le dattier du Sultan de Florence Jenner-Metz et Morgane David aux éditions Kilowatt
Le dattier du Sultan
Bien sûr, vous n’avez jamais entendu parler du royaume de Koubhara ! Si aujourd’hui il n’en reste plus que quelques grains de poussière et de vieilles histoires oubliées, il y a bien longtemps ce royaume était un diamant étincelant, la perle de l’Orient. Mais un jour, raconte-t-on, un drame terrible aurait transformé l’empire de Koubhara en des ruines fumantes...
Il y avait, sur la place centrale d’un petit village très éloigné de la capitale, un dattier aux fruits délicats. Si délicats, dit-on, que par-delà les collines du royaume, les voyageurs venaient les admirer. Et si la récolte était abondante, chacun pouvait goûter un de ces fruits juteux et sucrés. Car ces dattes n’étaient pas simplement belles à voir et à toucher, elles n’avaient pas seulement l’aspect de bijoux étincelants et la couleur de l’or, elles possédaient aussi l’odeur du miel et le parfum des épices tendres. Ces dattes avaient un goût si raffiné et si enivrant qu’on avait l’impression, en dégustant leur chair tendre, d’embrasser la plus délicieuse des Princesses. A croquer...
A croquer ? De sorte qu’à l’arrivée de l’été, des attroupements se formaient au pied de l’arbre chaque jour plus nombreux, jusqu’à ce que le sultan ordonne la récolte. Car bien sûr, tout se faisait sur ordre du sultan. Lorsque les fruits étaient mûrs à point, il envoyait son vizir assister à la récolte, puis rapporter au palais, avec d’infinies précautions, les fruits délicieux que les favorites engloutissaient avec bonheur.
Le partage était bien simple : le sultan recevait son poids en fruits. Et comme il avait un ventre bien rebondi, il prenait presque toute la récolte de dattes ! Le vizir et les favorites se partageaient la moitié de ce qui restait. Et les dernières petites dattes étaient distribuées entre le maire du village et les villageois. Aussi, pour avoir la chance de déguster un fruit, il fallait se lever tôt et faire la queue sous un soleil accablant !