Ma blanche colombe

Ma blanche colombe

6-8 ans - 24 pages, 2339 mots | 19 minutes de lecture | © Kilowatt, 2019, pour la 1ère édition - tous droits réservés


Ma blanche colombe

6-8 ans - 19 minutes

Ma blanche colombe

Paloma et ses parents ont quitté l’Espagne à cause de la guerre. Pourtant à Paris aussi, on parle du dictateur Franco, surtout depuis qu’il a bombardé la ville de Guernica. Lors de la manifestation du 1er mai, Paloma trouve une colombe blessée. Elle la soigne, la nourrit, et son père lui construit une cage. L’oiseau, blotti au creux de son épaule, l’accompagne partout. Au cours de l'une de ses promenades dans les rues de Paris avec sa colombe, Paloma échange quelques mots avec un homme qui marque son esprit. Elle comprendra plus tard, face au tableau de Guernica, lors de sa visite à l’exposition universelle, qu’il s’agissait de Pablo Picasso.

Cet album a été sélectionné pour le Prix Michel Tournier 2020 et pour le Prix jeunesse Alé du LEC Festival 2020 (Littératures européennes de Cognac).

"Ma blanche colombe" vous est proposé à la lecture version illustrée, ou à écouter en version audio racontée par des conteurs et conteuses. En bonus, grâce à notre module de lecture, nous vous proposons pour cette histoire comme pour l’ensemble des contes et histoires une aide à la lecture ainsi que des outils pour une version adaptée aux enfants dyslexiques.
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Raconté par Mina

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Extrait du livre Ma blanche colombe

Ma blanche colombe De Anne Loyer et Sophie Daxhelet Editions Kilowatt


Ma blanche colombe
Normalement, ce jour-là, j’aurais dû rester au lit. C’était un jour férié et je n’imaginais rien de mieux que de le passer à rêvasser. Mais mes parents en avaient décidé autrement. – Paloma, dépêche-toi ! m’a dit papa en me tirant du sommeil. Ce 1er mai, celui de 1937, ne serait pas comme les autres. – Tu vas participer à ta première grande manifestation, a-t-il ajouté en ouvrant mes volets. – Marcher c’est plus fatigant que dormir ! j’ai rouspété en me frottant les yeux. – Peut-être... mais c’est nettement plus efficace ! Et puis marcher pour la paix, c’est motivant, non ? La paix... c’était justement pour la retrouver que nous avions quitté l’Espagne. Notre pays était en guerre et les bombes tombaient jour et nuit sur nos têtes.
À Madrid, papa travaillait dans l’imprimerie d’un grand journal. Et comme il imprimait la vérité, certains ne le supportaient pas. Il y avait eu des menaces et papa avait fini par abandonner son métier, maman son atelier de couture, et moi toutes mes copines. La vie devenait trop difficile, trop dangereuse, pour rester chez nous. C’est comme ça que nous avions débarqué chez ma tante Lola, à Paris.
J’ai suivi mon père en traînant les pieds jusqu’à la cuisine pour prendre mon petit déjeuner. En attrapant le pot de confiture, je suis tombée sur la première page du journal où une photo noire s’étalait. Je me suis penchée pour mieux la voir. – Mais la France est en paix, non ? j’ai riposté, les yeux rivés sur l’image. – La France oui, mais l’Espagne toujours pas. La voix de papa était trop grave pour que j’insiste.
Maman a surpris mon regard : – C’est la ville de Guernica... le général Franco et les Allemands l’ont tellement bombardée qu’il n’en reste plus rien. Sa phrase s’est cassée dans un sanglot. Franco, mes parents m’en avait déjà parlé. Tout ça, toute cette guerre qui déchirait l’Espagne, c’était sa faute. C’était un dictateur en puissance et il était prêt à raser toutes les villes pour prendre le pouvoir. Comme Guernica...
– Heureusement qu’on est chez Lola maintenant ! j’ai dit pour consoler maman. Au moins, ici, on est en sécurité ! – C’est vrai, ma chérie. Elle m’a souri en essuyant une larme. Mais, très vite, elle a ajouté : – Mais être en sécurité ne veut pas dire oublier ceux qui souffrent. – Et la sécurité ne dure nulle part, si on laisse faire sans réagir, a soufflé papa. – Allez zou, Paloma ! Mets tes chaussures et ton manteau, on va aller protester tous ensemble, s’est exclamée tante Lola.
Je ne comprenais pas grand chose à la politique mais je n’étais pas d’accord pour qu’on massacre des gens sans réagir. Je voulais moi aussi crier ma colère. Alors, tenant maman par une main et papa de l’autre, je les ai suivis et nous avons rejoint le cortège qui défilait. Une foule immense s’était rassemblée entre la place de la République et la place de la Bastille. Un monde incroyable !