Extrait du livre Marion meets Jennifer : l'enfer !
Marion meets Jennifer : l'enfer ! de Fanny Joly et Catel aux éditions Fanny Joly Numérik
CHAPITRE 1 Une allergie à l’anglais – To break. I broke. Broken... To buy. I bought. Bought... To leave. I left. Left... Qui pourra m’expliquer pourquoi to break fait I broke, broken, pendant que to leave fait I left, left. Et pourquoi pas leaven ? Hein ? Quand je dis que les anglais sont tordus, je n’invente rien ! Ils me cassent la tête, les Engliches, avec leurs verbes irréguliers. Surtout que chaque fois que je me tue à essayer de me les enfoncer dans le crâne, mon cher frère, comme par hasard, se met à jouer du saxophone, là, de l’autre côté de la cloison. Je supporte ça régulièrement, sans broncher. De toute façon, que faire d’autre ? Mon frère a deux ans
et trente-huit centimètres de plus que moi. Do - fa - sol - do - fa dièse - mi - fa - si bémol... Ce soir – est-ce l’épuisement de la fin juin ou le fait que, depuis plus d’une heure, Charles s’acharne exclusivement sur les huit premières notes de Round about midnight ? – , soudain, mes nerfs lâchent. Je bondis de mon fauteuil à roulettes comme un pilote de son siège éjectable : – Ho ! Quand t’auras fini de te prendre pour Charlie Parker, je pourrai peut-être bosser mon anglais ! Charles lève sur moi un regard d’azur enfumé, façon jazzman new-yorkais : – Ben quoi... – J’essaie d’apprendre mes verbes irréguliers, figure-toi. Et ça fait deux heures ! – Calmos, la ronchon ! (C’est le gentil surnom qu’il me donne ces temps derniers.) Je les ai appris avant toi, ma biche. Et ça n’a pas fait autant de bruit ! – Ah oui ? Mais y avait peut-être pas autant de bruit ici, non plus, pour t’empêcher de travailler ! Et dans la série bruit « bruit », je claque sa porte de toutes mes forces. La cloison en tremble. Heureusement, elle est habituée. Mon frère m’énerve. Ce n’est pas nouveau, mais ça ne s’arrange pas avec l’âge. Sous ses airs de ne pas y toucher, toujours en train de rigoler, c’est le seul type que je connaisse qui soit premier en maths et en gym. Et aussi, accessoirement, en français. Et en anglais. Et qui, en plus, passe ses soirées à souffler dans un saxophone. Mal. Enfin, c’est mon avis. En fait, il paraît qu’il joue bien. Parce que, en plus, monsieur s’offre le luxe d’être musicien. Alors que je chante comme une casserole. Avouez qu’il y a de quoi être agacée. Presque autant que par les Anglais, leurs idées tordues et leurs verbes irréguliers... Pourtant, l’an dernier, en 6e, j’avais bien démarré en anglais. On avait monsieur Lamare, un gros rondouillard qui suçait des cachous sous notre nez sans jamais nous en proposer. C’était un bon gars, Lamare. On n’arrivait même pas à lui en vouloir. Il me disait toujours : – Not bad, not bad, miss Girardon. Vous faites des progrès. À la fin du premier trimestre, je parvenais à articuler tant bien que mal : – My name is Marion Girardon. I’m twelve years old2. J’ai fait un tabac avec ça au déjeuner de Noël chez ma grand-mère maternelle. C’était le bon temps ! Cette année, quand la Chéberèque s’est pointée, le premier matin de ma rentrée en 5e, j’ai tout de suite senti le vent du boulet. Son chignon et le fin duvet qui ombrait ses lèvres pincées étaient assortis au gris de sa jupe lustrée. Quant à son cartable, noir, ventru, il m’a fait penser à ces
vautours qui attrapent des moutons dans leurs serres pour leurs déchiqueter. Mais là, les moutons, ce serait nous. – Good morning. My name is Miss Chéberèque. I am your new English teacher. Be quuuuiet, wiiiiill you ? Il n’était pas huit heures et quart, et déjà elle poussait son cri de guerre. Ce « quuuuiet, wiiiiill you ? », combien de fois l’avons-nous entendu, au long de l’année ? Mille fois ? Dix mille fois ? Je préfère ne pas y penser. Avant la fin de la première heure, en tout cas, elle nous avait mis au courant de ses tics et de ses tarifs : – Nous ferons une interrogation « légère » au début de chaque cours. Bilan tous les cinq cours. Contrôle en fin de trimestre. Quatre heures de retenue à ceux qui oublient de laisser quatre carreaux dans la marge pour la correction. Idem pour ceux qui ouvrent le dictionnaire, pendant les cours comme pendant les devoirs. Mouillaud, ce gros bêta, a levé le doigt : – C’est quoi, idem, M’dame ? – Misssss ! a rectifié Chéberèque en sifflant comme un serpent. Vous viendrez mercredi après-midi réfléchir à la question, jeune homme. Et vous me copierez la définition d’idem deux cents fois. En anglais. Puis, comme un mouvement de panique agitait les rangées : – Be quuuuiet, wiiiiill you ! Dernier point : il est formellement interdit d’utiliser de l’encre ou un bic rouge. La couleur rouge m’est exclusivement réservée pour corriger, a-t-elle conclu avec un petit sourire de vampire gourmand. – C’est pas vrai ! Elle a rien d’autre à faire le soir que de corriger des devoirs, cette mémé ? On a eu beau essayer de se défouler pendant la récré, notre moral était miné. Et ça n’a pas cessé d’empirer. À la Toussaint, je présentais les premiers symptômes d’une sérieuse allergie à la langue de Shakespeare. À Noël, j’étais carrément « English proof ». C’est simple : dans ma tête, l’anglais refusait d’entrer. Comme l’eau dans les montres water-proof. Ma moyenne, elle ressemblait à l’aiguille du Mont-Blanc. Dans le sens de la descente. Et pas de remonte-pente en vue. Mes parents m’ont lancé un premier avertissement : j’avais intérêt à me reprendre au troisième trimestre, sinon... Sinon quoi ? Ce n’était pas clair. Je ne me suis pas affolée... Il faut dire que c’est à Pâques, avec Camille, qu’on a démarré Chebby chez les Zoulous, et que ça m’intéressait bien plus que mes résultats d’anglais. Camille est ma meilleure amie. Je l’adore, cette fille. On ne se ressemble pas du tout, mais ça ne nous empêche pas de passer notre
temps ensemble. Elle est fille unique. J’ai un frère. Elle croule sous les sous ; à la maison, on court derrière. Son père est producteur de disques, divorcé, avec des chemises à fleur, de gros cigare et des téléphones partout. Mon père est informaticien, solidement marié, détestant le rock, la télé, la vidéo, le téléphone, et « tout ce qui abêtit » (c’est lui qui le dit !). Ma mère, elle, travaille dans un laboratoire pharmaceutique. Elle est « diététique et vie saine » à bloc. Autant dire qu’il est dangereux d’arriver devant elle avec un Coca, un chewing-gum ou un hamburger ! Bref, j’adore aller chez Camille, m’enfoncer dans la moquette, écouter la musique à fond, me bourrer de beurre de cacahuètes ou fouiller dans ses placards qui ressemblent à des magasins de fringues. Mais Camille a encore autre chose que je lui envie par-dessus tout. Elle dessine comme elle respire. Naturellement. Sur n’importe quoi, un coin de buvard, un ticket de métro, c’est toujours juste, chouette, rigolo. Un jour des vacances de Pâques, j’admirais dans son salon des aquarelles que son père venait de faire encadrer. – Moi, si je dessinais comme toi, Camille, je ne ferai que ça toute la journée. – Mais je sais pas quoi dessiner. – Tu ne sais pas quoi dessiner ? Attends, je vais te donner des idées ! C’est comme ça qu’est née Chebby chez les Zoulous. Une BD férocement originale, conçue par Camille et moi à la sueur de nos heures de liberté. Elle au pinceau. Moi au stylo. Chebby, c’est Chéberèque, transformée en chèvre, avec son cartable sur le dos et son bic rouge derrière l’oreille. Dès le premier épisode, Chebby se fait voler son bic sacré par une mouette, qui le revend à un vampire, lequel s’embarque pour le Congo... À la rame sur son cartable, Chebby traverse les océans afin de retrouver son bic chéri. Mais le temps qu’elle débarque sur les côtes d’Afrique, le bic est devenu le talisman d’une tribu atrocement féroce... La mise au point des aventures de Chebby a mobilisé toute mon énergie au troisième trimestre. J’avais souvent l’air absorbé, me grattant le menton, mâchonnant mon crayon... Mes parents me croyaient en train de potasser mon anglais. C’était sur Chebby que je travaillais. Même pendant les cours (surtout pendant les cours !), je cherchais des idées.
Avril, mai, juin : bien sûr, mes notes ont continuer à s’avancer. Mais j’ai une redoutable capacité à oublier ce qui m’ennuie. Plutôt que me focaliser sur le couperet du bulletin de fin juin, je préférais gamberger sur Chebby ou sur le plan de vacances qu’on avait monté, Camille et moi. Elle m’avait invitée pour le mois de juillet dans sa maison avec piscine près de Saint-Tropez. Une somptueuse bastide, aussi belle que les maisons de stars qu’on voit dans les magazines. Mi-juin, j’avais commencé à dévoiler mon plan-vacances, un soir, au dîner : – Tu sais, M’man, je suis invitée chez Camille, cet été. – Camille ? C’est ton amie dont les parents sont divorcés ? – Je t’en prie, c’est pas une tare ! Papa, en renfort : – C’est pas une tare, c’est une question. – Si c’est pour que vous me disiez non, je préfère ne pas répondre ! – Dans ce cas, tu ne verras pas d’inconvénient à ce qu’on ne te réponde pas non plus, a répliqué maman, implacable. – D’ailleurs, a ajouté papa, ça dépendra de ton bulletin. In extremis, au son du saxo, je me suis affolée pendant au moins deux soirées sur les verbes irréguliers. Trop tard, le mal était fait. Trois jours après, mon bulletin est arrivé au courrier du petit déjeuner. L’ensemble n’était pas brillant. Mais Chéberèque avait quand même la palme de l’appréciation qui tue : « Élève nulle. Travail nul. Résultats nuls. » Papa en est resté sonné, comme un boxeur, le papier bleu entre ses doigts pleins de confiture de mûres. – Dis, papa, c’est loin Saint-Tropez ? a cru bon de plaisanter Charles, ce déchet. Pendant que je balançais à mon immonde frère un bon coup de pied sous la table, les premières sentences sont tombées : confiscation de mon baladeur, suppression de tout argent de poche, interdiction de téléphoner. Mais ce n’était pas le plus grave... Le lundi suivant, papa est rentré du bureau avec la mine de hamster blagueur qu’il nous réserve pour annoncer les nouvelles qu’ils jugent brillantes. – Marion, ma belle ! J’ai travaillé pour toi aujourd’hui ! Mon patron anglais, Tippleton, cherche une famille d’accueil pour sa fille. Je l’ai invitée pour juillet.
– Quoi ? Ai-je bondi. – Comment ça ? a laissé échapper maman, toujours à cheval sur l’intendance. – Je me suis précipité sur l’occasion avant Croupion, a précisé papa à maman (Croupion est son ennemi de bureau). Tu imagines, avoir la fille du big boss, lui qui ne pense qu’à son avancement ! – Parce que toi, ce n’est pas à ton avancement que tu penses ? ai-je hasardé. Le regard noir de maman m’a presque fait peur : – Dis donc, Marion, après le bulletin que tu viens de nous rapporter, tu pourrais parler sur un autre ton à papa, qui se décarcasse pour remonter ton lamentable niveau d’anglais ! – Il paraît qu’elle est charmante, a poursuivi papa, qu’elle se passionne pour l’art et la civilisation française et que... Je n’ai pas pu m’empêcher de maugréer entre mes dents : – Ben dis donc, ça promet ! Charles, qui écoutait tout depuis la cuisine, a surgi à cet instant précis : – Quel âge a-t-elle ? – Quatorze ans. – Et comment elle s’appelle ? – Jennifer ! Il a entonné : « Jennifer... nana d’enfer », en se dandinant comme un canard. – Ça suffit ! Soyez polis ! a rugi papa. On aurait dit que la Jennifer en question était déjà au milieu du salon !
CHAPITRE 2 Princesse Jennifer Cette discussion a eu lieu dans les tout premiers jours de juillet. Ces jours bénis où l’année s’envole comme une poignée de ballons sur le ciel d’azur, je les ai passés à ruminer la sombre nouvelle. Ensuite, il a bien fallu l’annoncer à Camille, qui préparait heure par heure notre programme tropézien, depuis la descente d’avion jusqu’au moindre tour en vélo, en passant par les copains, les provisions de CD et de bonbons... La tête ! Elle m’a regardée d’un air mauvais. Comme si je le faisais exprès. – Jamais j’aurais cru que tu me ferais ça ! – Tu crois que ça m’amuse ? Rester clouée à Paris avec une potiche, une nunuche... et Anglaise, en plus ! – Jamais j’aurais cru que tu me ferais ça ! – Mais puisque je te dis que ce n’est pas moi ! Le dialogue n’a pas été plus loin. Le lendemain, Camille n’était plus là. Au fond, c’était peut-être mieux ainsi. Il y a des moments où la discussion risque d’être si compliquée qu’il vaut mieux l’éviter... Chebby chez les Zoulous s’est arrêtée du même coup. La suite, à la rentrée. Notre biquette passerait l’été ligotée et suspendue la tête en bas à un bananier, sous l’œil menaçant des Zoulous touillant le chaudron destiné à la faire bouillir. Pas idéal comme vacances. Mais après l’année qu’elle nous avait fait subir, on n’allait quand même pas l’installer dans un transat au Club Méditerranée ! Dans la semaine qui a suivi, papa m’a rapporté de la banque une lettre bordée de bleu et rouge, ornée d’un timbre à l’effigie de cette vieille toupie de reine Elizabeth. – Des nouvelles de ton amie Jennifer ! Veinarde ! a rigolé Charles en voyant ma mine décomposée. J’ai ouvert l’enveloppe du bout des doigts. D'un papier à lettres tarte à souhait – petites fleurs et petits
cœurs – a glissé la photo d’une blonde galopant sur un cheval blanc, devant un genre de château de la Loire version british. – Purée ! Elle se prend pour Ben Hur ou pour Jeanne d’Arc, cette nana ? a pouffé Charles par-dessus l’épaule de maman. Moi, j’étais muette. Abasourdie tant pas la photo que par le texte que j’étais déjà en train de déchiffrer : Hello. Mon nome c’est Jennifer. Je suis 14 et je suis amoureux du France. J’ai quelque petite problèmes avec le langage du Français. Mais je veut le travaille beaucoup ce lété. Je suis si joyeux beaucoup à venir à votre famille. Merci merci merci. Mon amour sont : visiting monuments. Les animals. Les fleurs. Je lire très beaucoup et aussi je écrit des petites poèmes et chansons. Car aussi je joue du guitare. Et toi Marion, quel est votre hobbies ? Envoyer moi ton photo aussi, et écris si possible. Avec enormous plaisir de vous rencontrant Samedi juillet 9. – Adorable, cette lettre ! a commenté maman en fixant le papier-fleurettes avec un sourire béat. – Voilà une fille travailleuse, décidée à bûcher, à progresser, ça fait plaisir ! a renchéri papa d’un ton plein de sous-entendus. – Remarque, pour ce qui est du français, elle a intérêt à s’y coller ! a observé Charles. Elle a du bread sur la planche ! Papa a semblé presque vexé : – Fais-en autant en anglais, mon gars. – Heureusement pour moi, je fais mieux que ça ! a affirmé Charles de ce petit ton sûr de lui qui, en d’autres circonstances, m’aurait exaspérée. – En attendant, a dit maman, le nez a deux centimètres de la photo, ça a l’air somptueux, chez eux ! Il n’en a pas fallu davantage pour que se lève, sur le n° 25 de la rue des Acacias à Issy-les-Moulineaux, un vent de force sept sur le thème : « Horreur, notre pavillon n’est pas à la hauteur du château Tippleton ». Maman a commencé à ranger fiévreusement tous les placards, armoires et tiroirs de la maison. Papa a posé les interrupteurs et les triangles à rideaux qui traînaient dans leurs emballages d’origine depuis... les origines ! Les médicaments périmés ont valsé, le placard à balais a tremblé sous un cyclone d’Ajax ammoniaqué, mes tiroirs à chaussettes ont enfin eu droit au tri méthodique qu’ils attendaient depuis des mois, le frigo a été récuré du sol au plafond et le balai à cabinets a subi une javellisation sans précédent... sous l’œil narquois de Charles : – Tu crois qu’elle va se coiffer avec ou quoi ? C’était la veille de l’arrivée. Maman avait l’air épuisée :
– Vous ne pourriez pas m’aider un peu, au lieu de persifler ? Je me suis laissée émouvoir : – Moi, je veux bien. Mais à quoi ? – Tu peux commencer à vider ta chambre ! – Vider ma chambre !?! – Enfin, Marion ! Tu penses bien qu’on ne va pas flanquer cette jeune fille habituée à vivre comme une princesse à deux dans ta chambre. Tu vas dormir dans la chambre de ton frère, dans le lit superposé. Elle va s’installer dans la tienne préalablement nettoyée et rangée. Charles a hurlé avant moi : – Quoi ? Dans ma chambre cette greluche avec ses chiffons et ses poupées ? Je cauchemarde ! Réveillez-moi ! Pitié ! Je lui ai foncé dessus comme un bélier enragé : – Moi ? Dans la chambre de ce macaque qui se douche tous les 36 du mois et qui passe sa vie à beugler dans un saxo pourri ? Il a attrapé son sac de gym (plein) qui traînait par terre. Il était en train de le faire tournoyer comme une fronde dirigée contre moi, quand le téléphone a sonné. J’ai décroché. Il m’a poussée. Boum ! Blang ! Paf ! Crac ! Patatrac ! Bling ! Chute d’objets divers. – Allô, ouais... Grésillements. Puis une petite voix, lointaine, un peu inquiète : – Allôôôô? Allôôôô? C’est moi, Jennifer. Jennifer Tippleton... J’ai lâché le combiné aussi vite qu’un toast brûlant : – C’est elle ! Au secours, M’man ! Instantanément, maman a quitté sa mine de femme de ménage pour celle de femme du monde : – Oh Jennifer ! How are you ? En français, oui, bien sûr ! Tout va bien ? Vous vous préparez ? (Un silence.) Ah bon ? Et comment s’appelle-t-il ? Fluffy ? Très mignon ! Mais oui ! Pourquoi pas ? Si ça vous fait plaisir. Deux ans ? C’est charmant ! Alors d’accord, à samedi, Jennifer. Amitiés à