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Marion baby-sitter, l'horreur !

Marion baby-sitter, l'horreur !

9-12 ans - 30 pages, 8882 mots | 1 heure 05 minutes de lecture | © Fanny Joly Numérik, 1999, pour la 1ère édition - tous droits réservés


Marion baby-sitter, l'horreur !

9-12 ans - 1 heure 05 minutes

Marion baby-sitter, l'horreur !

Marion rêve de musique high-tech mais elle n’a pas un sou en poche. Tu devrais faire du baby-sitting, lui souffle son frère Charles, c’est tranquille… De petites annonces en coups de fil, elle décroche son premier job : elle va garder Barnabé, 2 ans. Ou plutôt, essayer. Tranquille, le baby-sitting ? Pas gagné !  

"Marion baby-sitter, l'horreur !" vous est proposé à la lecture version illustrée, ou à écouter en version audio racontée par des conteurs et conteuses. En bonus, grâce à notre module de lecture, nous vous proposons pour cette histoire comme pour l’ensemble des contes et histoires une aide à la lecture ainsi que des outils pour une version adaptée aux enfants dyslexiques.
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Extrait du livre Marion baby-sitter, l'horreur !

CHAPITRE 1 Objectif musique – Alors moi, jamais j’aurai rien pour écouter de la musique dans ma chambre, jamais, c’est ça ? Papa suspend sa fourchette de salade tomates- mozzarelle en plein vol. Mauvais signe : c’est son plat préféré. – Écoute, Marion, on a déjà parlé de ça hier soir. C’est le sujet unique au menu de tous les dîners, maintenant ? Maman me gratifie d’un de ces sourires « diabolangéliques » dont elle a le secret. – Et les étrennes de Mamika, Marion ? Ça sert à ça !


– Tu essaies de me faire rire, là, Maman, ou pleurer ? À coups d’étrennes de Mamika, je l’aurai à la Saint-Glinglin, la musique dans ma chambre... – Il faut apprendre la patience, ma petite Marion... Ça, c’est Charles, mon géant de frère, mon nul de frère, qui a deux ans et quarante centimètres de plus que moi ET la Hi-Fi dans sa chambre... Et qui insiste, la bouche aussi pleine de mozzarelle que de condescendance : – D’ailleurs, pourquoi toujours écouter la musique des autres ? Hein ? Fais comme moi, joue ta propre musique... Je bondis, prête à mordre : – Propre, ta musique ? Infecte, oui ! Ton saxo pourri, qui me casse les oreilles, je... Papa me coupe en frappant son couteau sur le bord de son assiette : – Je ne sais pas si le saxo de ton frère te casse les oreilles, mais moi, vos bagarres me cassent les pieds... Alors, du calme ! Et si tu veux faire grimper ta cagnotte, Marion, rapporte-nous plutôt des bonnes notes. Tiens, je te fais une proposition : à partir d’aujourd’hui, toute note au-dessus de 15 vaudra son prix en euros. Un 16 = 1,60 euros. Un 17 = 1,70 euros... Je me demande souvent à quel moment mon père est le plus redoutable : quand il parle ou quand il se tait. En l’occurrence, il ajoute : – Et si c’est en anglais, je double la mise. Sacré Papa, il appuie toujours là où it hurts. L’anglais en l’occurrence. Malgré mes bonnes résolutions, malgré les super lettres de Jennifer*, ma correspondante de l’été dernier, malgré le départ à la retraite de Miss Chéberèque, my dreadful ex-prof d’anglais, ma moyenne n’a qu’à peine décollé du zéro pour se hisser péniblement entre 4 et 6. De là à viser le 15... Autant tenter l’ascension de Buckingham Palace à mains nues par la face nord un jour de pluie... – Merci, P’pa ! Tu prends pas trop de risques... – It’s up to you, Marion, darling... Après ce décourageant dîner, je monte dans ma chambre, où j’essaie vaguement de réviser mes verbes irréguliers. Encore plus décourageant. To buy, I bought, bought : acheter. Il n’en faut pas plus pour que mes pensées s’évadent aussitôt vers la divine machine de mes rêves : Tuner-Ampli-Stéréo-bluetooth-bla-bla-bla. Au même instant, comme pour me narguer, mon sale frère attaque à tue-tête un solo de saxo de l’autre côté de la cloison. Trop, c’est trop ! J’ouvre la porte de sa chambre d’un coup de pantoufle excédé : – Charles !
– Un problème en anglais, petite ? – Je t’interdis de m’appeler « petite », je te l’ai déjà dit cinq mille trois cent soixante-douze fois ! Sinon... – Mmmh... Sinon quoi ? Sinon quoi ? Vite, je lève le museau vers lui, comme une souris face à un éléphant... Je ne vais quand même pas le menacer de le cogner. Ce serait ridicule... – Sinon... sinon ça m’humilie, voilà ! Je sais que je suis petite pour treize ans. Raison de plus pour me soutenir un peu, non ? Qu’est-ce que ça peut te faire que j’aie la Hi-Fi dans ma chambre ? Ça t’enlèvera pas la tienne ! Si t’étais sympa, tu me la prêterais de temps en temps, d’ailleurs... À ces mots, mon frère fait mine de tomber de sa chaise : – Te la prêter ? Tu veux ma chemise, ma brosse à dents, mon saxo pendant que tu y es ? Ta Hi-Fi, t’as qu’à la mériter, ma peti... Pardon, ma cocotte... T’as qu’à travailler... – Hé ! Ho ! Tu vas pas te mettre à parler comme Papa, toi ! – Non, moi, je veux dire travailler, gagner de l’argent... Dans ma classe, il y a plein de filles qui le font. Ma voisine, elle garde un bébé dans son immeuble : elle se fait plein de fric. En plus, le gamin, il dort sans arrêt. Elle, elle écoute de la musique, elle regarde la télé, elle pioche dans le frigo, elle se sert de l’ordi du salon. – Sans payer ? – Comment ça, sans payer ? C’est elle qui est payée, tu veux dire : dix euros de l’heure, minimum. Elle m’a dit qu’elle se faisait souvent trente ou même quarante euros dans la soirée... Mes yeux roulent comme les cases d’un jackpot. Prix de la divine machine de mes rêves divisé par tarif horaire de baby-sitter, le tout mis bout à bout avec mes économies : j’ai envie de sauter au cou de l’institutrice qui m’a appris jadis à faire les divisions de tête... – Mais où ça se trouve, des boulots comme ça ? – Y’a des annonces, faut chercher... Le lendemain, à peine sortie du collège, je sillonne le quartier à la recherche d’une annonce-jackpot. Les annonces, c’est comme les œufs de Pâques : il suffit de savoir qu’il y en a pour en trouver. Le problème, c’est qu’elles ont le plus souvent quelque chose à vendre ou à louer qu’un job à proposer. Chez le quincaillier, un papier jaunâtre vante une tronçonneuse d’occase. Chez le boulanger, c’est un lit de bébé (moi, c’est pas le lit qui m’intéresse, c’est ce qu’il y a dedans !) Chez le boucher, des... cours d’anglais. Thank
you so much, très peu pour moi (heureusement que Papa ne fait pas souvent les courses : je le vois déjà partir acheter des côtelettes et rentrer avec des heures sup’ d’anglais...) ! Je termine mon périple au supermarché, derrière une colonne et devant un tableau de liège recouvert de petites annonces de toutes les tailles, de toutes les couleurs et de toutes les nationalités. À mesure que je les déchiffre, ma déception s’intensifie : une bonne moitié des annonces sont bien des annonces de baby-sitters. Mais de baby-sitters cherchant du boulot, nuance ! DELPHINE, ÉTUDIANTE EN PUÉRICULTURE... SOPHIE, AÎNÉE DE CINQ ENFANTS...ISABELLE, ADORANT LES BÉBÉS... Comment faire le poids face à tout ça ? J’ai envie de lancer ces annonces au nez de Charles pour lui apprendre à me causer de fausses joies... Au moment où je vais partir, un type en costume de pédégé me bouscule, l’air pressé-stressé. Il sort de sa poche un papier, grimace devant le manque de place... Puis, d’un index impitoyable, il fait sauter une dizaine de punaises, jette autant d’annonces comme de vulgaires boulettes de papier brouillon, pour placer bien au centre du tableau son bristol à lui, où je lis ces mots : HELLO ! JE M’APPELLE BARNABÉ. JE CHERCHE UNE BABY-SITTER SUPER SYMPA POUR ME GARDER. 01 43 36 75 80. URGENT. Le temps que je me retourne, le pédégé s’engouffre dans une voiture noire garée sur le trottoir. Je reste un moment à déguster son annonce comme une friandise. Une baby-sitter super sympa ? Pourquoi pas moi ? Ce soir-là, vers 20 h 30, Papa devant la télé, Charles au WC (avec une BD) et Maman dans son bain, j’ai un créneau inespéré pour téléphoner du fixe (hé oui, mon forfait est à plat). Je fais le numéro : occupé. Toutes les étudiantes en puériculture, les aînées de cinq enfants, les Delphine et les Sophie doivent déjà être en train d’appeler. 01 43 36 75 80. Trois fois, dix fois : occupé. Au douzième essai, Papa débarque : – Tu téléphones à qui, exactement, Marion ? – Rien, euh... Juste à une copine, pour... euh... À propos du devoir d’anglais, euh... la version, les questions, tout ça... Mon brave père se frotte les mains en prenant la mine de hamster réjoui qui chez lui accompagne les bonnes nouvelles (ou supposées telles) : – Ah ah ! Est-ce que, par hasard, ma grande fille aurait décidé de se mettre au travail ? Pauvre Papa, il ne croit pas si bien dire ! Le lendemain, de bon matin et sur la pointe des pieds, je RÉ-essaie le 01 43 36 75 80. Bonheur : au premier coup, ça sonne.
Malheur : c’est un répondeur. Damned : ça parle d’abord en français, puis en anglais. “ Please, leave a message ”. S’il faut laisser mon message en version british, je suis grillée. Allez, Marion, pas de panique. “ After the bip... ” 1, 2, 3, j’y vais ! – Euh... Bonjour... Je m’appelle Marion, j’ai presque... (non, il vaut mieux pas dire mon âge). J’ai vu votre... Schblounnngglong... La porte s’ouvre d’un coup. Je la prends dans le nez avant d’entendre mon frère meugler : – Alors, miss, on passe ses petits coups de fil en douce ? Je raccroche. Honte ! Malédiction, my brother is a... a... Je ne connais pas le mot en anglais. Mais il est forcément en-dessous de la vérité.
CHAPITRE 2 Coup de fil payant À la récré, j’utilise mon joker : je demande à Sado de pouvoir téléphoner - c’est le CPE de mon collège. Son vrai nom, c’est Mazaud. Son surnom lui va mille fois mieux. – C’est urgent, M’sieur, vraiment urgent, c’est vrai... Il gratouille son menton longtemps, comme quand il calcule les heures de colle : – Tiens, tiens, et qu’est-ce qu’il y a donc de si urgent, Mademoiselle Girardon ? Inventer. Toujours inventer. En français, en géo, à la récré. C’est épuisant. – Heu... c’est ma mère. Elle m’a demandé d’éteindre le four et j’ai oublié... et... Sado me toise, plein d’incrédule mépris : – Le four, dites-vous ? Je n’en crois pas un mot. Mais eu égard au risque d’incendie... lâche-t-il comme à regret. Allez-y. Quel tordu, ce Sado ! Il ne me croit pas, mais il a peur de l’incendie. Étonnez-vous après ça que des innocents se retrouvent collés à tout bout de champ... On ne peut pas avoir toutes les malchances : dans la cabine sous l’escalier, le 01 43 36 75 80 sonne libre du premier coup. Ça décroche pour de vrai et une voix de velours me murmure : – Priscilla Plessis-Crusot, j’écoute. – Voilà, je m’appelle Marion Girardon. Je téléphone pour l’annonce de baby-sitter. – Vous habitez le quartier ? Est-ce bon ou mauvais d’habiter le quartier ? Dans le doute, dire la vérité : – J’habite rue des Acacias... – Ah, c’est tout près, ça... Et quel âge avez-vous ?
Là, pas de doute, en rajouter : – Je... je suis dans ma seizième année... – Vous aimez les enfants ? Voilà bien une question qui ne m’a jamais effleurée. Aimer les enfants ? Quelle drôle d’idée ! Pourtant, mon instinct malin me souffle de mentir franchement : – Ah oui, alors là, oui. J’aime beaucoup. Forcément. – Pourquoi, forcément ? Vous avez des petits frères et sœurs ? Attention, mentir d’accord, mais pas trop dangereusement quand même. – C’est-à-dire que, j’ai beaucoup de cousins, de cousines, tout ça. Je... Je m’en occupe... En pensant à mes deux pelés de cousins qui ont leur bac depuis longtemps, j’ai presque envie de rire. – Très bien, Marie-Laure... – Non, je m’appelle Marion. – Oh pardon, Marion. J’ai eu tellement d’appels depuis hier, je m’embrouille... Déception incachable dans ma voix : – Ah, vous avez déjà trouvé quelqu’un, alors... – Oui, non, enfin peut-être. Je ne suis pas toute seule à choisir, vous savez. C’est une décision familiale. Alors, je vais vous demander, comme aux autres, de m’adresser un petit courrier : nom, photo, références, coordonnées... Et on vous rappellera si on a besoin de vous... OK ? Je raccroche. Un « petit courrier » ! Ben voyons ! Et pourquoi pas la photocopie de mon bulletin trimestriel pendant qu’on y est ? « On vous rappellera »... Tu parles ! C’est la formule consacrée pour dire qu’on ne vous rappellera jamais, tout le monde le sait ! Même moi ! Je finis la récré ratatinée sur la plus basse marche de l’escalier. C’est là que Camille me repêche. Camille, c’est ma meilleure amie. La preuve ? Quand je lui raconte mes malheurs, elle me propose illico de venir chez elle après les cours pour écrire à deux ce fameux « petit courrier » : – Qu’est-ce que t’as à perdre, Marion ? On va faire un truc marrant. Ça nous rappellera Chebby chez les Zoulous ! Elle me manque, tu sais, notre BD sauvage, depuis que Chéberèque est partie à la retraite ! Le temps de raconter à Maman qu’on va travailler le contrôle de musique et on s’installe chez Camille avec du Coca, des chips, des glaçons et la musique à fond - mais pas le même genre de musique ! Camille ne risque pas
d’avoir besoin de faire baby-sitter pour s’offrir la musique dans sa chambre, elle ! Dans son appartement, le problème est plutôt de ne pas marcher sur le matériel Hi-Fi. Son père est producteur de musique. Sur elle, ça a produit une réaction allergique : elle en écoute rarement. Sauf quand je suis là. La vie est mal faite. En tout cas, ce jour-là, au son de la géniale guitare d’Éric Clapton et au gré du fabuleux coup de crayon de Camille, mon « petit courrier » se transforme en « gros courrier » puis en « courrier illustré » et finalement en « mini-livre ». Camille me photographie avec le Polaroïd de son père. Puis elle a l’idée de me dessiner un bonnet et des habits de bébé. C’est trop rigolo. Du coup, on fait tout un tas de photos et on les colle sur un cahier avec plein de dessins et de mots. Ça donne, page 1 : COUCOU-BARNABÉ ! Page 2 : C’EST MARION GIRARDON. Page 3 : UNE BABY-SITTER SUPER SYMPA. Page 4 : MARION HABITE 25, RUE DES ACACIAS. Page 5 : ELLE ADORE MANGER DES GLACES. Page 6 : MARION SAIT FAIRE LE POIRIER. Page 7 : ET AUSSI FAIRE LE LAPIN AVEC SON NEZ. Et ainsi de suite jusqu’à 12. En sortant de chez Camille, je me sens tellement excitée que je passe déposer directement notre chef-d’œuvre tout chaud dans la boîte aux lettres des Plessis-Crusot. Ils habitent un superbe immeuble tout en marbre et en plantes vertes, au n°12 rue Carnot. Les jours suivants, peu à peu, mon excitation commence à tourner à l’hésitation : « zut, j’ai oublié de vérifier les fautes d’orthographe. Il y en a sûrement. Il y en a forcément... » Petit à petit, mon hésitation se transforme en consternation. « Sûr, ils ont dû rigoler en recevant mon truc. Ils m’ont prise pour une dingue. J’en suis une. Il aurait fallu écrire une lettre bien propre et bien nette... C’est trop bête... C’est trop tard... » ... C’est un peu tard, mais pas trop, que le téléphone sonne un mardi soir au milieu du dîner, entre les escalopes et les carottes : – Ah ! Y’avait longtemps ! grommelle Maman, dont les relation avec les téléphones se dégradent de dîner en dîner. Charles - qui doit encore attendre le coup de fil du siècle - se précipite. Une déception mêlée de curiosité s’affiche sur son visage quand il me tend le combiné : – Tiens, ma GRANDE, c’est pour toi. Madame Plessis-Croco, ou un truc comme ça... Papa avale presque de travers : – Plessis-Quoi ? Tu entends, Christine ? Maman fronce les sourcils. Après, je ne vois plus rien : ils disparaissent comme derrière un écran de fumée,
chassés par la voix de velours : – Allô, Marianne ? – Non, moi, c’est Marion ! – Ah, excusez-moi, Marion. Priscilla Plessis-Crusot en ligne. Écoutez, nous avons adoré votre petit booklet. Très, très chouette. Dites, vous seriez libre samedi pour venir garder Barnabé ? J’entends ma voix résonner dans le silence de la salle à manger : – Barnabé... Samedi... Je suis très... très... 13 heures 30... OK... Comment ? Yes, pardon oui, non, je veux dire : pas de problème... Pas de problème, c’est peut-être vite dit. Je raccroche. Trois paires d’yeux ahuris me regardent me rasseoir et marmonnent : – C’est quoi ce coup de fil ? Tu peux nous expliquer ? lance Maman, pincée. Dans un silence digne de la charlotte au chocolat de Mamika, j’explique que j’ai décidé d’arrondir mon budget Hi-Fi en faisant du baby-sitting. – Du baby-sitting ? Mais tu n’as jamais vu un bébé de ta vie ! sursaute Maman. – C’est nous qui devrions embaucher une baby-sitter pour te garder, ou à peu de chose près, renchérit aimablement Papa. – Y’en a plein qui le font dans ma classe... – Et alors ? S’il y en a plein qui se jettent dans la Seine, tu t’y jettes aussi ? J’enchaîne sur l’annonce et la suite. Quand je cite le nom de Plessis-Crusot, la pression monte : – Plessis-Crusot, tu dis ? Deux S, I, S, et O, T, en deux mots ? C’est bien ça ? Au fur et à mesure que j’épelle, je sens l’étau se resserrer : – Tu sais qui c’est, ces gens-là, Marion ? Patrick Plessis-Crusot, il a sa tête dans le journal toutes les semaines... Il fait la pluie et le beau temps au conseil municipal. C’est le dauphin de Muratori. Probablement le futur maire d’Issy-les-Moulineaux. Maman tente un apparté en direction de Papa : – Psst, Bernard ! Ce ne serait pas le moyen d’essayer d’obtenir le permis de construire pour la véranda ? – Ma pauvre Christine, tu ne vois pas que c’est surtout